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La lutte de trois équipes de recherche canadiennes contre la pandémie

« Nous avons déjà affronté le SRAS, le SRMO et la grippe H1N1. Nous sommes déjà passés par là. Qu’allons-nous tirer comme leçon cette fois-ci? », se demande un chercheur.

par DIANE PETERS | 02 AVRIL 20

Nous ne savons pas encore comment prévenir la COVID-19, la traiter et composer avec toutes ses conséquences, mais de nombreux chercheurs universitaires s’y affairent. Le milieu universitaire canadien collabore à des dizaines de projets de recherche sur le virus, et d’autres collaborations suivront puisque les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) viennent d’annoncer l’octroi de fonds additionnels.

Nous présentons ici trois projets fascinants qui nous permettront bientôt de mieux comprendre la pandémie actuelle.

Volker Gerdts : un vaccin

Volker Gerdts, président et chef de la direction du laboratoire du Centre international de recherche sur les vaccins et les maladies infectieuses (VIDO-InterVac) à l’Université de la Saskatchewan, a su qu’il voulait créer un vaccin dès qu’il a entendu parler du coronavirus SRAS-CoV-2 (responsable de la maladie COVID-19) au début du mois de janvier. « Nous avons très vite réalisé le risque que cette maladie présentait à l’échelle mondiale, explique-t-il. Nous avons décidé de créer un projet de vaccin sur-le-champ pour ne pas perdre de temps. »

Le Dr Gerdts, qui enseigne aussi la médecine vétérinaire à l’Université de la Saskatchewan, a téléphoné à l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) et obtenu l’autorisation d’étudier le virus dès que son génome serait séquencé. VIDO-InterVac figure parmi les plus grandes installations de confinement avancé (niveau 3) dans le monde. Son équipe de 170 chercheurs a déjà créé huit vaccins contre des maladies humaines et animales – dont certains coronavirus – et s’apprête à commencer deux séries d’essais sur des humains.

Déjà, le Dr Gerdts et son équipe – qui comprend Darryl Falzarano, chercheur scientifique à VIDO-InterVac et professeur auxiliaire de médecine vétérinaire qui agit à titre de chercheur principal pour la subvention de recherche multicentrique d’un million de dollars accordée au laboratoire en février par les IRSC – ont découvert une voie génétique efficace et mis au point un vaccin expérimental. Ce vaccin fait actuellement l’objet d’essais sur des furets.

Dans le monde, une quarantaine d’équipes tentent de mettre au point un vaccin contre la COVID-19, et plusieurs essais sur des humains ont déjà commencé. Selon le Dr Gerdts toutefois, la fabrication d’un vaccin sécuritaire en série prendra encore un an. Pour atteindre cet objectif, son équipe n’a besoin que d’un financement continu et d’éviter la maladie et l’épuisement professionnel. « Je suis très optimiste », dit-il.

Jeanna Parsons Leigh : transfert de l’information et des connaissances

Il y a surabondance de données en ce moment, selon la sociologue Jeanna Parsons Leigh, professeure adjointe à la Faculté de la santé de l’Université Dalhousie. « Prenons Twitter par exemple. Avec le nombre effarant d’histoires, il y a de quoi devenir anxieux. On ne distingue plus le vrai du faux. »

Mme Parsons Leigh, qui mène une étude de deux ans financée grâce à une enveloppe de 400 000 dollars des IRSC, analyse la façon dont les Canadiens obtiennent de l’information et l’incidence des sources d’information sur leurs actions. « Lorsqu’on comprend où ils puisent l’information, que l’on comprend les sources de désinformation, on peut élaborer des interventions ciblées pour remédier à la situation », explique-t-elle.

Mme Parsons Leigh créera bientôt des groupes de discussion en ligne en collaboration avec des chercheurs de l’Université Dalhousie et de l’Université de Calgary, où elle est nommée conjointement, afin de comprendre les sources d’information selon le groupe démographique d’appartenance. « En ce moment, nous avons plus de questions que de réponses, il s’agit donc d’une étude exploratoire », explique-t-elle. Mme Parsons Leigh pourrait aussi mener des entrevues téléphoniques auprès des personnes moins à l’aise avec les technologies numériques, comme les personnes âgées.

L’équipe mènera ensuite un sondage national qui servira à orienter une campagne de transfert des connaissances élaborée avec des partenaires tels que Knowledge Translation Canada.

Mme Parsons Leigh a récemment découvert que les professionnels de la santé recevaient des renseignements contradictoires sur les façons de se protéger du virus. Par conséquent, elle recueillera aussi des données sur les sources d’information des professionnels de la santé. « Nous essayons d’intégrer d’autres projets de moindre envergure. Nous voulons générer une plus grande quantité de données utiles. »

Comme de nombreux travaux sur la COVID-19, l’objectif est de contrôler le virus et de voir plus loin. « Assurons-nous d’être prêts pour la prochaine pandémie. »

Ronald Labonté : un portrait global de la santé

Accords commerciaux, politiques agricoles, systèmes d’aide sociale, règles de soins de santé et politiques migratoires, voilà autant de facteurs qui ont une influence sur la gestion des pandémies à l’échelle nationale et mondiale. « Il faut une coordination entre plusieurs secteurs afin que les politiques et les programmes de santé humaine et animale soient bien synchronisés. Sinon, il y aura un problème », explique Ronald Labonté, professeur à l’École d’épidémiologie et de santé publique de l’Université d’Ottawa.

Voilà ce que prône l’approche « Un monde, une santé », selon laquelle la collaboration intersectorielle améliore les résultats en matière de santé. Pour élargir les perspectives de recherche dans ce domaine au Canada, M. Labonté a contribué à former le réseau Une seule santé (Global 1HN) l’automne dernier.

M. Labonté et les membres du réseau, issus de l’Université de Montréal, de l’Université de Calgary et de l’Université York, ont entamé un vaste projet de quatre ans visant à analyser la gestion de la COVID-19 de quatre points de vue : surveillance, réponse, réglementation gouvernementale et équité. « Nous essayons de déterminer si les systèmes gouvernementaux du monde entier réagissent adéquatement », explique M. Labonté. L’équipe exploitera les données de l’ASPC et de chercheurs du Mexique, du Brésil, de l’Équateur et du Rwanda, avec lesquels les chercheurs canadiens ont déjà des partenariats.

M. Labonté étudiera quant à lui la façon dont les programmes sociaux et gouvernementaux protègent les personnes vulnérables. « De nombreux groupes marginalisés seront touchés. La maladie nous préoccupe beaucoup au Canada, mais imaginez la situation dans les camps de réfugiés à la frontière de la Turquie et de la Syrie. »

Le projet cherche à comprendre ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et à trouver la manière de se préparer à la prochaine pandémie. « Nous avons déjà affronté le SRMO, le SRAS et la grippe H1N1, déclare M. Labonté. Nous sommes déjà passés par là. Qu’allons-nous tirer comme leçon cette fois-ci? »

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