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La montée des étudiants au parcours non traditionnel

Ils forment aujourd’hui la majorité des effectifs étudiants à travers le monde, leurs attentes sont différentes, et les universités doivent s’adapter à leurs besoins pour ne pas être laissées derrière.

par LÉO CHARBONNEAU | 08 JUILLET 13

La plupart des universités concentrent leurs activités sur les étudiants au parcours traditionnel, soit ceux qui arrivent directement de l’école secondaire, étudient à temps plein et résident sur le campus ou à proximité. Pourtant, ceux au parcours non traditionnel – des étudiants plus âgés, inscrits à temps partiel et qui effectuent souvent un retour aux études en milieu de carrière – forment en réalité la majorité des effectifs, et leurs attentes sont souvent bien différentes, explique Joseph Aoun, recteur de l’Université Northeastern de Boston. « Ils nous disent : “Les temps changent, réveillez-vous”. »

Selon M. Aoun, qui s’est adressé aux participants à la conférence « Les universités canadiennes dans le monde » tenue à Ottawa, les étudiants au parcours non traditionnel recherchent plus particulièrement les possibilités d’apprentissage par l’expérience, caractérisées par l’intégration de l’expérience en classe et dans le monde réel. « Ils veulent des programmes d’études qui offrent une bonne proposition de valeur et des résultats très tangibles. Ils se demandent : “Ces programmes mèneront-ils à des emplois?” Ces étudiants cherchent également des programmes souples qui s’adaptent aux changements. Des programmes qu’ils peuvent conjuguer avec leurs vies familiale et professionnelle. »

L’exposé de M. Aoun s’intitulait « The Rise of the Rest » (L’éveil des autres). Lors de la conférence de deux jours, organisée conjointement par l’Association des universités et collèges du Canada et l’Université de l’Alberta, plus de 80 chefs d’établissement d’enseignement supérieur venus entre autres du Brésil, de la Chine, de la France, de l’Allemagne, de l’Inde, de l’Australie, du Royaume-Uni et des États-Unis ont discuté de leurs défis communs en cette période de compressions budgétaires et d’évolution des tendances à l’échelle internationale.

L’accroissement du nombre d’étudiants au parcours non traditionnel n’est pas un phénomène qui se limite à l’Amérique du Nord. « Les suites de ces changements toucheront les collèges et les universités du Canada et du monde entier », poursuit M. Aoun.

Faisant référence aux pays émergents comme l’Inde et la Chine, M. Aoun croit que le principal défi réside dans l’ampleur de la demande. L’Inde, par exemple, souhaite accroître sa capacité d’accueil de 500 millions d’étudiants au cours des 10 prochaines années. La pénurie de professeurs qualifiés et la désuétude du contenu des programmes d’études figurent également au nombre des défis.

Toujours selon M. Aoun, plusieurs innovations récentes en enseignement supérieur méritent qu’on s’y attarde. Il fait entre autres référence aux méthodes d’apprentissage évolutives, à la formation fondée sur les compétences et aux cours en lignes ouverts à tous, les MOOC.

« D’après ce qu’on entend aux États-Unis, les MOOC vont aider le monde entier », explique M. Aoun. Pourtant, fait-il remarquer, beaucoup d’endroits n’ont pas encore l’accès à Internet ou un approvisionnement fiable en électricité. De plus, les MOOC n’offrent pas l’apprentissage par l’expérience qui permet de « préparer les futurs diplômés au marché du travail ».

Alors, quelles sont les prochaines étapes? « S’il y a un vide, il y aura des gens pour le combler, généralement ceux qui en sont le plus près », prédit M. Aoun. Déjà, de nouveaux modèles commencent à émerger des pays en développement. Ils se distinguent par leur faible coût, leur capacité d’évolution, leur souplesse, leur maniabilité et des résultats qui sont « pertinents et adaptés à leur environnement ».

Comme les économies émergentes créent leurs propres méthodes, il y aura sans doute un important courant « d’innovation inversée », dans le cadre duquel les systèmes d’enseignement supérieur nord-américains apprendront à adapter ces méthodes. « Les établissements d’enseignement supérieur [de l’Occident] doivent faire un choix : se restreindre à servir uniquement les apprenants au parcours traditionnel – la minorité – ou prendre les moyens de servir tous les apprenants. »

Jusqu’à maintenant, le choix a clairement été de servir les apprenants au parcours traditionnel, estime M. Aoun. En conséquence, des établissements à but lucratif « qui ont vu l’occasion et en tirent pleinement avantage » sont apparus. De tous les établissements d’enseignement supérieur, ces universités privées à but lucratif sont celles qui connaissent la croissance la plus rapide à l’échelle mondiale.

Alors que la demande en enseignement supérieur est en hausse partout dans le monde, « à nous de voir si nous souhaitons y répondre. L’occasion est là, il faut la saisir », conclut M. Aoun.

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