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Le budget fédéral appuie la recherche

Pour le gouvernement majoritaire de Stephen Harper, le financement de la recherche est essentiel à la prospérité et à la création d’emplois.

par LÉO CHARBONNEAU | 02 AVRIL 12
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Bien qu’il prévoie une réduction des dépenses de nombreux ministères et organismes gouvernementaux, le budget fédéral de 2012 contient de nouveaux investissements d’ampleur considérable au profit de la recherche, qui lui valent d’excellentes notes de la part des recteurs canadiens. « Le gouvernement a opté pour des investissements judicieux et stratégiques au profit de la recherche et de l’innovation. C’est donc un très bon jour pour les universités canadiennes », a déclaré hier le président-directeur général de l’Association des universités et des collèges du Canada (AUCC), Paul Davidson, à la suite du dépôt du budget fédéral par le ministre des Finances, Jim Flaherty.

Digvir Jayas, vice-recteur à la recherche de l’Université du Manitoba, est du même avis. « Il y a lieu de féliciter le gouvernement fédéral pour sa vision à long terme, soit renforcer la productivité et la prospérité du Canada par des investissements au profit de tous les aspects de la recherche, du développement et de la commercialisation, a-t-il déclaré. Et ce, d’autant plus que ces investissements interviennent en période de restrictions budgétaires. »

Alex Usher, président du cabinet-conseil Higher Education Strategy Associates, estime pour sa part que « le budget de 2012, étonnamment, met fortement l’accent sur l’éducation postsecondaire ».

Les trois principaux organismes subventionnaires canadiens seront soumis à des réductions budgétaires, mais ces dernières seront compensées par des augmentations de même ampleur au profit des partenariats de recherche entre l’industrie et le milieu universitaire. Dès 2012-2013, les Instituts de recherche en santé du Canada recevront 15 millions de dollars par année pour leur Stratégie de recherche axée sur le patient; le Conseil de recherches en sciences naturelles et génie recevra aussi 15 millions de dollars par année, pour sa Stratégie en matière de partenariats et d’innovation, tandis que le Conseil de recherches en sciences humaines se verra attribuer 7 millions de dollars pour ses initiatives liées aux partenariats entre l’industrie et le milieu universitaire.

D’autres investissements d’importance ont été consentis au profit du secteur de l’éducation postsecondaire, dont : une enveloppe de 500 millions de dollars sur cinq ans pour la Fondation canadienne pour l’innovation pour le financement d’une infrastructure de recherche de pointe; une somme de 60 millions de dollars, accordée à Génome Canada pour le lancement d’un nouveau concours axé sur la recherche appliquée en santé humaine et pour le financement des Centres d’innovation de science et de technologie jusqu’en 2014-2015; et une enveloppe de 40 millions de dollars sur deux ans destinée à financer l’exploitation du réseau de recherche ultrarapide canadien, CANARIE, correspondant presque au financement annuel souhaité par celui-ci.

Parmi les investissements ciblés en recherche, citons :

  • 6,5 millions de dollars sur trois ans pour un projet de recherche à l’Université McMaster qui évaluera la prestation de soins de santé par des équipes médicales;
  • 17 millions de dollars sur deux ans pour faire progresser les travaux en vue de trouver des solutions de rechange aux technologies actuelles de production d’isotopes;
  • 10 millions de dollars sur deux ans à l’Institut canadien de recherches avancées pour brancher les Canadiens aux réseaux de recherche mondiaux.

Le budget 2012 prévoit également un investissement de 14 millions de dollars sur deux ans pour doubler le financement du Programme de stages en recherche-développement industrielle. Ce programme, dont le financement sera géré par MITACS, permet aux étudiants aux cycles supérieurs d’acquérir une expérience de recherche dans le secteur privé – une mesure réclamée par l’AUCC, a précisé M. Davidson.

Toutefois, tous ne voient pas le budget fédéral de 2012 d’un bon œil. James Turk, directeur général de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université, a émis une note discordante affirmant que le budget met en péril le développement à long terme du Canada en sapant les capacités de recherche du pays.

« Avec ce budget, a déclaré M. Turk, le gouvernement tourne le dos au type de recherche qui mène à des découvertes, privilégiant plutôt une stratégie commerciale étroite et à court terme. En liant la recherche uniquement aux intérêts commerciaux, le gouvernement s’apprête à étouffer la croissance et le progrès scientifique, au lieu de les favoriser. »

M. Usher, du cabinet-conseil Higher Education Strategy Associates, a pour sa part dit craindre que le gouvernement continue de privilégier certains projets de recherche en contournant les organismes subventionnaires de la recherche. « Quand, a demandé M. Usher, allons-nous enfin admettre que le Bureau du premier ministre est devenu le quatrième organisme subventionnaire? Le financement de projets scientifiques indépendamment des trois organismes subventionnaires devient une dangereuse habitude. »

En matière d’éducation, le budget de 2012 prévoit des investissements destinés à améliorer la réussite scolaire des Canadiens autochtones, y compris 275 millions de dollars pour l’éducation des Premières Nations sur les réserves. Ces investissements « vont multiplier les possibilités pour les Autochtones canadiens de participer pleinement et activement à la société canadienne », a affirmé M. Davidson.

Le budget de 2012 alloue en outre 67 millions de dollars au financement du Conseil national de recherches du Canada pour qu’il mette l’accent sur la recherche dirigée par l’entreprise et pertinente pour l’industrie, par l’entremise de consultations avec les intervenants du secteur privé, des universités et des collèges.

Le milieu de l’enseignement supérieur dans son ensemble a par ailleurs poussé un soupir de soulagement en constatant que le budget de 2012 prévoit le renouvellement des accords de financement du Transfert canadien en matière de programmes sociaux jusqu’en 2014-2015 et même au-delà. Rappelons que ce mécanisme assure le transfert de fonds fédéraux aux gouvernements provinciaux pour le financement de l’éducation et des programmes sociaux.

COMMENTAIRES
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  1. Louise Brunette / 3 avril 2012 à 11:13

    Votre article me laisse pantoise. La recherche ne se limite pas aux universités. Pensons au sort des grands organismes comme le CNRC qui sont rigoureusement amputés d’une partie de leurs moyens. La largesse envers les universités vient des goussets de nos collègues en recherche travaillant à l’extérieur des universités. Croire que le gouvernement Harper encourage les chercheurs, c’est, à mon avis, de l’angélisme.

  2. Pierre Trudel / 3 avril 2012 à 11:25

    Il est pour le moins exagéré de titrer cet article en disant que le budget « appuie la recherche ». La réalité, c’est que les fonds pour la recherche fondamentale sont coupés et que l’on privilégie la recherche contrôlée par l’industrie. De la part d’un journal qui est supposé rendre compte des points de vues dans les universités, cette présentation jovialiste de ce budget qui diminue les investissements dans la recherche fondamentale est déplorable. Si les universités n’ont pas le courage de défendre la recherche fondamentale, je ne donne pas cher de la capacité d’innovation du pays.

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