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Le décrochage au féminin

Le sexe n’est qu’un facteur parmi d’autres menant au décrochage, soutient une professeure.

par JEAN-FRANÇOIS VENNE | 10 SEP 12

Au québec, le discours dominant veut que le décrochage scolaire touche les garçons plus que les filles. Et si c’était un cliché?

Claire Lapointe, professeure et directrice du Département des fondements et pratiques en éducation à l’Université Laval, a présenté un portrait nuancé du décrochage scolaire lors du 10e colloque interdisciplinaire de l’Univer-sité féministe d’été qui se déroulait dans cet établissement. Son constat : le décrochage sco-laire n’est pas l’apanage des garçons.

De récentes données du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec présentent un écart de neuf pour cent entre le taux de décrochage des filles et celui des garçons, à l’âge de 19 ans. Mais à 24 ans, l’écart est réduit à quatre pour cent. Les décrocheuses auraient donc moins tendance à retourner à l’école que les décrocheurs.

« Confrontés à l’idée dominante voulant que les garçons soient les principales victimes du décrochage, on a développé des programmes de raccrochage correspondant à leurs besoins, et on a négligé les filles », affirme Mme Lapointe.

Une récente étude de l’Institut de recherches et d’études féministes de l’Université du Québec à Montréal révélait que la violence familiale, l’inceste ou l’obligation de jouer un rôle de soutien pour la famille sont des causes de décrochage plus fréquentes chez les filles.

Malgré tout, Mme Lapointe soutient que les parcours menant au décrochage sont extrêmement divers et que le sexe n’est qu’un facteur parmi d’autres. L’origine ethnique, le milieu sociodémographique, les conditions éco-nomiques et les problèmes personnels sont tout aussi marquants. « On constate, par exemple, que dans les régions où la situation économique est très difficile, le décrochage tend à augmenter », note la professeure.

Mme Lapointe s’intéresse au décrochage scolaire depuis de nombreuses années. Sa perspective féministe l’a amenée à comparer les styles d’apprentissage des garçons et des filles. Or, les différences ne seraient pas si marquées. « Garçons et filles aiment appren-dre en groupe, être actifs, discuter, collaborer », explique-t-elle.

Le décrochage pourrait donc venir d’ailleurs. « Beaucoup de jeunes quittent l’école parce qu’ils ne s’y sentent pas valorisés, dit-elle. C’est plus une question de personnalité que d’apprentissage ». Des méthodes permettant aux jeunes de jouer un rôle actif dans la communauté pourraient, en quelque sorte, décloisonner l’école et motiver les jeunes à y rester.

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