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Le gouvernement canadien s’ouvre aux étudiants étrangers

Selon le ministre de l’Immigration, les diplômés étrangers des universités canadiennes sont les « parfaits candidats » à la citoyenneté.

par MOIRA MACDONALD | 10 MAI 16

Les étudiants étrangers formés au Canada sont exactement le type d’immigrants potentiels que notre pays doit courtiser. Telle est la position exprimée par le gouvernement fédéral libéral à l’heure où il cherche, comme promis lors de la campagne électorale, à rendre la politique d’immigration plus favorable aux diplômés étrangers des établissements postsecondaires canadiens.

Le gouvernement libéral a déposé, à la fin de février un projet de loi destiné à révoquer les changements introduits en 2015 par le controversé projet de loi C-24, adopté pendant la dernière année du mandat des Conservateurs. Bien que ces derniers y aient progressivement apporté des modifications pour rendre la politique d’immigration plus favorable aux étudiants étrangers, le projet de loi C-24 rend plus difficile le respect des critères d’accès à la citoyenneté par les diplômés étrangers des établissements postsecondaires canadiens.

Conformément à ses promesses électorales, le gouvernement fédéral libéral a annoncé son intention de révoquer les articles du projet de loi C-24 qui portent de trois à quatre le nombre d’années de résidence exigées et interdisent la prise en compte, dans la détermination de ces années, de la moitié du temps passé à étudier au Canada (jusqu’à concurrence d’un an).

« Les étudiants étrangers sont les candidats parfaits pour devenir des citoyens canadiens. Tout comme les autres pays, nous souhaitons les attirer chez nous, a déclaré le ministre de l’Immigration, John McCallum, lors d’une conférence de presse précédant le dépôt du nouveau projet de loi libéral C-6. Il est donc absurde que le Canada leur retire leur crédit [de résidence] de 50 pour cent. »

À la mi-mars, M. McCallum a indiqué à la presse que son ministère organiserait des discussions entre le fédéral et les provinces pour examiner comment réformer le système Entrée express. Le recours à ce système, en place depuis juin 2015, constitue souvent la première étape d’accès à la résidence permanente pour les étudiants étrangers qui, arrivés au terme de leurs études postsecondaires au Canada, souhaitent y vivre et y travailler à long terme.

Le système Entrée express a suscité des critiques, car il met les diplômés étrangers en concurrence directe avec d’autres travailleurs étrangers qualifiés. Ces diplômés ne sont plus, comme auparavant, évalués dans le cadre d’une catégorie distincte, et la valeur attachée à leurs études au Canada est moindre que par le passé. Selon M. McCallum, les étudiants étrangers ont été « lésés » par le système Entrée express; il faut d’après lui faire plus pour les attirer au Canada et les inciter à devenir résidents permanents.

L’examen fédéral-provincial du système a été entrepris au début de mai. Les modifications qu’il entend apporter aux critères d’acquisition de la citoyenneté et son plan destiné à modifier le parcours vers la résidence permanente sont des « signaux positifs » selon Amit Chakma, recteur de l’Université Western et président, en 2012, du comité consultatif sur la stratégie du Canada en matière d’éducation internationale. Cette stratégie avait entre autres comme priorité de faire passer de 239 000 au double le nombre d’étudiants étrangers au Canada, pour contribuer à la prospérité du pays. En 2014, le Canada comptait 336 000 étudiants étrangers, dont près de 80 pour cent au niveau postsecondaire.

En ce qui concerne le système Entrée express, M. Chakma est favorable au rétablissement d’une catégorie d’évaluation distincte pour les diplômés étrangers : « Tout dépendra de la décision du gouvernement, mais je me réjouis de son intention de relever certains des défis auxquels nous sommes confrontés. »

Candidate au doctorat originaire d’Allemagne, Steffi Hamann affirme que les annonces du gouvernement la confortent dans sa décision de poursuivre sa carrière universitaire au Canada. Mme Hamann s’est inscrite à l’Université de Guelph en 2012 grâce à une bourse d’études Trillium de l’Ontario, destinée à attirer les meilleurs candidats au doctorat.

Maintenant qu’elle en est à sa dernière année d’études doctorales en sciences politiques et en développement international axé sur la sécurité alimentaire Mme Hamann souhaite pouvoir demander la résidence permanente non pas au moyen du système Entrée express, concurrentiel, mais plutôt du Programme ontarien des candidats à l’immigration, qui comporte un volet réservé aux étudiants au doctorat (la plupart des provinces et territoires peuvent recruter un certain nombre de candidats à la résidence permanente parmi ceux qui répondent le mieux à leurs besoins). Cela lui évitera aussi d’avoir à posséder une « expérience de travail qualifié » à temps plein d’un an au Canada, comme l’exige généralement le système Entrée express.

Même si elle reconnaît que notre pays est plus accueillant que bien d’autres, Mme Hamann affirme avoir ressenti panique et déception l’an dernier en apprenant que les étudiants étrangers ne seraient plus évalués dans le cadre d’une catégorie distincte pour l’obtention de la résidence permanente – d’autant plus que les frais annuels de scolarité qu’ils doivent acquitter dépassent 40 000 $ dans le cas de certains programmes. « Nous avons beaucoup investi et avons clairement montré combien nous sommes heureux d’étudier au Canada, précise Mme Hamann. C’était donc une gifle pour nous. »

La lenteur du traitement des demandes de visas d’études peut également être un problème pour les étudiants étrangers. « Les plaintes à ce sujet sont constantes », affirme Navneet Khinda, présidente de l’Association étudiante de l’Université de l’Alberta, ajoutant qu’il serait utile de clarifier et de simplifier les procédures d’immigration pour les étudiants étrangers. Selon le Bureau canadien de l’éducation internationale (BCEI), les délais de traitement des demandes de permis d’études ont augmenté de 30 pour cent en 2015. Citoyenneté et Immigration Canada affirme toutefois qu’ils seraient passés de 48 jours en 2013 à 38 en 2015, voire moins pour les étudiants originaires des pays les plus représentés (Chine, Inde, etc.).

Comme l’a affirmé sa présidente, Karen McBride, dans un communiqué émis par courriel, le BCEI « espère que le gouvernement facilitera l’obtention rapide de permis d’études et de travail pour les étudiants étrangers et mettra en place des parcours clairs vers la résidence permanence pour ceux qui choisissent de rester au Canada et de contribuer à son avenir ».

Les diplômés étrangers des programmes postsecondaires canadiens disent avoir surtout éprouvé des difficultés avec Entrée express au début, souvent faute de disposer de l’Étude d’impact du marché du travail (EIMT) que les employeurs doivent fournir pour prouver qu’un poste ne peut être pourvu que par un travailleur étranger. Même sans devoir forcément s’accompagner d’une demande de résidence permanente, une EIMT conférait un nombre considérable de points aux candidats dans le cadre d’Entrée express. Le ministère de l’Immigration a d’ailleurs admis par le passé que presque tous les candidats ayant franchi avec succès le premier cycle du système disposaient d’une EIMT, mais les choses ont changé. En 2015, 22 pour cent des candidats invités à demander la résidence permanence dans le cadre d’Entrée express avaient été détenteurs d’un permis d’études au Canada.

Selon le BCEI, même si le système a pu initialement sembler défavorable aux étudiants étrangers, le ministère de l’Immigration semble ouvert à l’idée d’y apporter des modifications. À terme, Entrée express pourrait donc profiter à ces étudiants, du fait de délais de traitement plus courts. Toujours selon le BCEI, il est trop tôt pour évaluer l’effet qu’ont eu l’an dernier les changements de la politique d’immigration sur les choix des étudiants étrangers concernant le Canada.

Avocat torontois spécialiste de l’immigration, Guidy Mamann avait lui aussi des réserves sur le système Entrée express, mais il admet que ce dernier évolue bien et pourrait finalement favoriser les étudiants étrangers. « À condition de soumettre leurs demandes comme il se doit et d’être bien conseillés, ils ont de bonnes chances d’obtenir la résidence permanence », précise M. Mamann, qui a représenté des milliers d’étudiants étrangers au fil des ans.

« Selon M. Chakma, le fait d’adresser un message clair et positif de bienvenue aux étudiants étrangers aura davantage d’influence sur leurs choix qu’un processus susceptible de les favoriser, mais trop lourd pour être aisément compréhensible. Pour les étudiants étrangers, qui disposent d’autres possibilités le moindre obstacle peut avoir des répercussions négatives. Les signaux envoyés ont une réelle importance. »

COMMENTAIRES
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  1. Paul Beaulieu / 12 mai 2016 à 09:37

    Il faut en plus de de faciliter davantage le processus Entrée express pour les étudiants étrangers, faire en sorte que le processus pour l’obtention du permis de travail pour faire un stage soit aussi bonifié ,voire même que pour les stages en éducation (formation à l’enseignement ) soit mis dans la liste des exemptions tout simplement comme c’est le cas pour les stages dans le secteur de la santé. Le stage que l’étudiant étranger doit faire dans le cadre d’un programme d’études, n’est vraiment pas un stage dans une entreprise rémunéré et conventionné. C’est un stage soi dans l’établissement universitaire ou dans une école d’une commission scolaire non rémunéré et supervisé par un professeur. On doit donc considérer le stage dans un programme de formation autrement et le traiter comme le secteur de la santé. C’est une attente pressante du milieu universitaire.

  2. Moha / 16 mai 2016 à 13:52

    Plusieurs étudiants internationaux réussissent à s’inscrire dans les universités et collèges québécois, mais les consulats du Canada à l’étranger refusent souvent leurs demandes de visa et de permis d’études pour plein de prétexte. L’effort doit être fait à ce niveau pour faciliter l’accès au pays d’abord et en suite nous parlerons des conditions d’accès à la résidence permanente et au permis de travail.

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