Il suffit parfois de poser la question. Quand Van E. Christou et sa famille ont visité l’Expo 67 à Montréal, ils n’avaient aucune idée qu’ils allaient ramener à l’Université de Lethbridge un souvenir haut de cinq mètres et pesant 1 800 kilos.
« En visitant l’Expo, les œuvres d’art éparpillées sur le site m’ont vraiment enchanté et j’ai remarqué que toutes les sculptures appartenaient à la Maison Seagram, raconte M. Christou, alors membre du premier conseil d’administration de l’Université de Lethbridge, inaugurée cette année-là. J’ai appelé notre recteur, Sam Smith, pour lui demander s’il pouvait m’organiser une rencontre avec un de leurs représentants. Le lendemain, j’ai passé l’après-midi avec le président-directeur général Charles Bronfman. À la fin de notre entretien, je lui ai demandé ce qu’ils allaient faire de toutes les sculptures après l’Expo et il m’a répondu qu’ils n’avaient encore rien prévu. »
M. Christou lui a alors parlé de l’Université, fondée pour le centenaire du Canada, et expliqué qu’une importante œuvre d’art serait un cadeau magnifique pour souligner l’événement. « Il m’a dit, allez-y, choisissez celle que vous voulez. »
M. Christou, sa femme Helen et leur famille se sont mis au magasinage, pour finalement choisir une œuvre de Sorel Etrog, sculpteur canadien d’origine roumaine (également créateur de la statuette des prix du cinéma canadien, aujourd’hui les prix Génie). À l’origine, la sculpture était exposée près du pavillon des États-Unis à l’Expo 67. « Les gens se regroupaient autour d’elle… elle a une présence incroyable, ajoute M. Christou. C’est une œuvre très puissante. »
Seagram a payé les frais d’expédition de Moïse à Lethbridge. La statue a d’abord été installée sur le campus du Collège préuniversitaire de Lethbridge avant d’être déménagée sur le campus principal en 1972. Pendant plus de quatre ans, Moïse a bravé les éléments et le chinook du mieux qu’il a pu, mais la statue a commencé à se fissurer et a dû être retirée en 1977 pour subir d’importantes réparations. Prêt pour son dernier voyage, en 1981, il a été descendu à travers un toit en construction jusqu’à son emplacement actuel dans le Centre universitaire des arts.