Tentant désespérément de recruter davantage d’étudiants étrangers, les universités québécoises ont dévoilé leur propre stratégie de marketing de l’éducation internationale quelques mois seulement après le lancement de la campagne nationale.
L’initiative québécoise, qui vise à promouvoir la province comme destina-tion de choix pour les étudiants universitaires, a été élaborée par la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) et dévoilée à Paris en février. Son slogan « Des études universitaires au Québec. Une différence qui se vit. » sera repris sur des signets, des brochures et du matériel promotionnel.
La campagne a aussi son site Web à l’intention des étudiants étrangers potentiels, www.universitesquebecoises.ca. Le site affiche une liste des programmes offerts dans les universités québécoises, de l’information sur les visas étudiants et l’aide financière ainsi qu’un blogue sur lequel des étudiants étrangers racontent leur expérience au Québec.
La campagne permettra à l’ensemble des universités québécoises de créer des liens avec les étudiants étrangers de manière plus efficace que si les universités travaillaient individuellement, explique Nicole Lacasse, vice-rectrice adjointe aux études et activités internationales à l’Université Laval et présidente du comité des relations internationales de la CREPUQ.
Le lancement de la campagne de marketing de la CREPUQ survient quelques mois à peine après le dévoilement d’une campagne de marketing semblable à l’échelle nationale, élaborée conjointement par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, y compris le Québec. La campagne nationale, dont l’élaboration a duré un an, a été lancée en septembre par le Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), ou CMEC, et invite les établissements de l’ensemble du Canada à adopter la même image de marque « canadienne » dans leurs activités de recrutement à l’étranger afin de livrer concurrence efficacement sur la scène internationale. Le CMEC devrait publier cette année une liste des établissements autorisés à utiliser l’image de marque.
Une porte-parole du CMEC a refusé de commenter la campagne de marketing de la CREPUQ, invoquant que le Conseil ne se prononce pas sur les initiatives provinciales.
Le gouvernement du Québec élabore aussi actuellement sa propre image de marque pour l’éducation internationale afin de promouvoir tous les niveaux d’éducation dans la province, poursuit Mme Lacasse. Les établissements québécois pourraient donc se retrouver sous peu avec trois campagnes de marketing ciblant les étudiants étrangers.
La concurrence pour attirer les étudiants étrangers s’est intensifiée au cours des dernières années. Certains pays, comme l’Australie, recrutent de manière très énergique, et le Canada a senti qu’il accusait un retard en partie en raison du fait qu’il ne disposait pas de stratégie nationale. Le recrutement se fait généralement au niveau des provinces et des établissements.
Mme Lacasse précise que la campagne québécoise n’entre pas en conflit avec la stratégie nationale. Les activités de marketing du Canada visent à promouvoir, auprès des étudiants étrangers, tous les niveaux d’éducation, y compris le niveau postsecondaire (collèges et autres établissements post-secondaires), alors que la campagne du Québec cible uniquement les universités de la province.
« Je pense qu’il est nécessaire de disposer d’une stratégie fédérale pour l’ensemble du Canada parce que les étudiants choisissent d’abord un pays, et ce n’est que par la suite qu’ils choisissent l’établissement où ils souhaitent étudier. Les deux stratégies peuvent très bien coexister; une pour promouvoir l’éducation au Canada et l’autre, les universités du Québec », conclut-elle.
Le Québec compte 22 200 étudiants étrangers inscrits dans ses universités, dont 7 000 proviennent de la France. La CREPUQ affirme avoir choisi d’inaugurer sa campagne à Paris pour souligner les liens étroits qui unissent les universités du Québec et celles de la France.