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Les évaluations en ligne ont de nombreux avantages

On tente toutefois de remédier au faible taux de participation que ce processus entraîne.

par ROSANNA TAMBURRI | 12 MAR 14

Le dernier jour de cours est normalement réservé aux évaluations, présentées sous forme de questionnaires visant à sonder les étudiants sur leur expérience en classe et avec le professeur. Maintenant que de nombreuses universités se tournent vers les évaluations en ligne, on observe que le taux de réponse des étudiants a chuté.

Samer Saab, président-directeur général de l’entreprise montréalaise eXplorance, qui élabore des logiciels d’évaluation de cours, affirme que bon nombre d’établissements postsecondaires ont recours à un système en ligne en raison des avantages qu’il procure. « Notre chiffre d’affaires double chaque année », dit-il.

Les formulaires en ligne n’entraînent ni coûts d’impression ni frais administratifs pour la saisie de données. En outre, il ne faut que quelques jours, et non quelques mois, pour produire des rapports pour les professeurs et les hauts dirigeants, déclare M. Saab. Le temps est un élément critique. Plus les résultats sont dévoilés rapidement, plus les professeurs et le personnel peuvent réagir rapidement aux commentaires des étudiants, et « lorsqu’ils se sentent écoutés, les étudiants ont tendance à vouloir répéter le processus », poursuit M. Saab.

Les évaluations en lignes présentent toutefois certains points faibles, dont le principal est le taux de participation. La proportion d’étudiants qui répondent au questionnaire papier se situe généralement autour de 70 à 75 pour cent, car il s’agit d’un auditoire captif, explique M. Saab, contrairement aux étudiants qui remplissent le formulaire en ligne qui sont moins nombreux à le faire parce qu’ils doivent le faire en dehors des heures de cours. Les taux de réponse sont importants, car les évaluations sont utilisées dans le cadre de la promotion et de la permanence des professeurs.

Les universités pourraient prendre des mesures pour stimuler la participation, poursuit-il. Elles pourraient demander aux étudiants de remplir le formulaire en classe, comme pour les formulaires papier, mais sur leurs appareils mobiles. Une autre option utilisée efficacement par de grandes écoles aux États-Unis consiste, par exemple, à offrir aux étudiants qui remplissent le formulaire un accès anticipé à leurs notes finales.

M. Saab conseille aux universités d’adopter des mesures qui favoriseront l’augmentation des taux de réponse à long terme, plutôt qu’une hausse soudaine et unique. Les étudiants pourraient, par exemple, avoir accès aux résultats du sondage, et ce qui est peut-être encore plus important, les universités pourraient agir en fonction de leurs commentaires. « Voilà qui motiverait les étudiants à participer », dit-il.

En 2012, lorsque l’Université Dalhousie a opté pour le système d’évaluation en ligne, le taux moyen de participation, qui était de 60 pour cent l’année précédente, a chuté à 48 pour cent au semestre d’hiver et à 41,7 pour cent à l’automne 2013. L’Université a alors lancé une campagne de marketing afin d’informer les étudiants de l’importance de leur participation pour l’évaluation des professeurs et la conception des cours, explique Brad Wuetherick, directeur principal du Centre for Learning and Teaching. L’établissement a aussi intégré l’évaluation à son système de gestion de l’apprentissage (SGA) de sorte que, lorsque les étudiants ouvraient une session sur le SGA, ils étaient invités à répondre au questionnaire. Il est aussi projeté de créer une application mobile pour tablettes et téléphones intelligents. Les administrateurs espèrent ainsi améliorer le taux de participation, mais malgré la diminution des taux, l’université estime que « les données sont valides et fiables », affirme M. Wuetherick.

L’Université de Toronto est passé au mode d’évaluation en ligne en 2011, et le processus a graduellement été intégré dans toutes les facultés et les départements. Le questionnaire en ligne comporte 20 questions dont huit sont communes à l’ensemble de l’établissement. Les autres sont choisies par les facultés, les départements et les professeurs afin de refléter les particularités. Les professeurs peuvent choisir des questions à partir d’une banque qui est maintenue par le Centre for Teaching Support and Innovation, ou encore en formuler de nouvelles en collaboration avec le personnel du Centre. Les étudiants ont accès à toutes les données provenant de la banque de questions communes à l’ensemble de l’établissement, et à la plupart des données provenant des questions choisies par les divisions. Les réponses aux questions rédigées par les professeurs ne sont accessibles que si le professeur l’autorise.

« Ce que nous avons appris de vraiment important au sujet des taux de réponse, c’est qu’on ne peut pas simplement modifier le format et traiter les évaluations de cours en ligne comme si elles étaient des évaluations papier, déclare Carol Rolheiser, directrice du centre de soutien à l’enseignement et professeure au département des programmes, de l’enseignement et de l’apprentissage. Il faut que l’établissement dans son ensemble se penche sur le problème du taux de participation. »

Le taux de participation à l’évaluation en ligne pour l’Université de Toronto oscille entre 40 et 75 pour cent selon les départements et fa-cultés. Bien que la moyenne du taux de réponse ait baissé, la qualité des données est grandement améliorée, selon Cherie Werhun, agente de soutien à l’évaluation des cours. Comme ils disposent de deux semaines pour faire les évaluations, les étudiants ont tendance à fournir des réponses plus complètes et précises aux questions ouvertes. Mme Werhun soutient que les professeurs sont satisfaits des rapports qu’ils reçoivent qui sont de grande qualité et plus précis qu’auparavant (environ 14 pages plutôt qu’une seule).

Le centre de soutien à l’enseignement de l’Université de Toronto s’est penché sur les départements qui avaient de forts taux de participation afin de cerner les facteurs de réussite. L’un des principaux facteurs concerne l’appui des professeurs au processus et la mesure dans laquelle ils tiennent compte des commentaires des étudiants pour améliorer les cours.

À l’Université Wilfrid Laurier, le projet de passer aux questionnaires en ligne en 2015 a été motivé par l’adoption d’un nouveau formulaire plus long et plus précis que le précédent, explique Pat Rogers, vice-rectrice adjointe, enseignement et apprentissage. L’établissement prévoit lancer une campagne de marketing afin d’informer les étudiants de l’importance de leur participation et de la manière dont leurs réponses seront utilisées. « L’enseignement est très important à l’Université Wilfrid Laurier, insiste Mme Rogers. L’évaluation des cours n’est qu’un des moyens utilisés pour mesurer l’efficacité des membres du corps professoral, mais c’est un moyen qui compte, car il donne une voix aux étudiants. » L’Université veut éviter les mesures punitives, poursuit-elle, comme d’empêcher l’accès aux notes finales pour inciter les étudiants à participer.

Les professeurs de certaines universités ont remis en question la validité des données recueillies à partir d’évaluations en ligne en raison des faibles taux de participation. Après avoir opté pour les formulaires en ligne en 2005, l’Université de Calgary est retournée aux formulaires papier en 2008. « Les taux de participation avaient chuté à 31 pour cent en une année, raconte Don Best, directeur du bureau de l’analyse de l’établissement. Depuis le retour des formulaires papier, les chiffres ont grimpé pour atteindre 64 à 68 pour cent. »

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