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Les IRSC proposent la réforme au processus d’attribution des subventions

La réforme créera deux modes de financement, l’un axé sur la personne et l’autre sur le projet.

par ROSANNA TAMBURRI | 20 MAR 12

Les instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) ont annoncé en février dernier une importante réforme de leurs processus de financement et d’évaluation par les pairs, suscitant des réactions partagées dans le milieu scientifique. Les changements proposés devraient contrer bon nombre de tensions et de pressions qui se sont accumulées dans le système au fil des ans, affirme Jane Aubin, vice-présidente à la recherche aux IRSC.

Ils visent principalement à simplifier et à rationaliser le processus de demande de subvention dans le cadre de la recherche entreprise à l’initiative de chercheurs et à accélérer le processus; à accroître le soutien accordé aux chercheurs en début de carrière ainsi qu’aux domaines de recherche nouveaux et émergents. Ils visent également à combler les lacunes du système d’examen par les pairs.

Le plus important volet de la réforme entreprise vise à créer deux modes de financement, l’un axé sur les programmes et l’autre sur les projets, pour remplacer les 12 grands et petits programmes existants.

Le mode de financement axé sur les programmes est conçu pour fournir un financement stable et à long terme à des chercheurs chevronnés possédant des compétences reconnues, afin de leur permettre de poursuivre de la recherche à risque sur une longue période et de minimiser le nombre de demandes à présenter pour financer un seul projet.

Ce mode de financement comporte en outre un volet s’adressant aux chercheurs prometteurs en début de carrière. Les subventions de recherche seront accordées sur sept ans aux chercheurs chevronnés et sur cinq ans aux chercheurs débutants; la valeur moyenne de chaque subvention s’élèvera à 300 000 $ par année. Les demandes soumises selon le mode de financement axé sur les projets seront pour leur part évaluées selon la qualité et l’originalité, et non selon l’expérience du chercheur. Les subventions seront accordées pour une période de trois à cinq ans et s’élèveront en moyenne à 125 000 $ annuellement.

« Il ne s’agit pas de légères modifications, mais bien d’une réforme majeure », explique Donald Weaver, professeur de chimie et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neuroscience clinique à l’Université Dalhousie. Il soutient que de nombreux changements proposés dans le document de travail sont louables, mais pense que la preuve ultime se vérifiera dans le détail et la manière dont la réforme sera mise en oeuvre.

M. Weaver avoue qu’il apprécierait une simplification du processus comportant deux modes principaux de financement et un terme prolongé pour les chercheurs chevronnés. Les changements proposés permettraient aux chercheurs de mener leur recherche beaucoup plus en profondeur. « À mon avis, c’est un aspect tout à fait extraordinaire de la réforme proposée. »

Les IRSC ont financé 3 000 chercheurs principaux par l’entremise des programmes de financement de la recherche entreprise à l’initiative de chercheurs en 2010-2011. L’organisme subventionne aussi des projets ciblés dans des domaines spécifiques qu’il détermine, et sur lesquels les changements proposés n’auront aucune répercussion.

L’organisme souhaite aussi revoir son processus d’évaluation par les pairs afin de le rendre moins exigeant pour les examinateurs et de faciliter ainsi leur recrutement. Les changements proposent d’offrir aux examinateurs potentiels faisant partie d’un « collège d’évaluateurs » un incitatif non financière pour stimuler la participation. Comme les demandes de subventions ont augmenté et se sont complexifiées au fil des ans, de moins en moins d’examinateurs se portent volontaires. En 2010-2011, 2 000 examinateurs ont été recrutés pour évaluer 6 500 demandes de subvention.

L’organisme offrira aussi une formation aux examinateurs afin d’assurer que les évaluations soient justes et cohérentes. Dans un sondage effectué en 2010, 44 pour cent des candidats et des récipiendaires de subventions des IRSC se sont dits insatisfaits de la qualité des décisions prises dans le cadre de l’évaluation par les pairs, et 58 pour cent étaient insatisfaits de la cohérence des examens. Les chercheurs ont aussi mentionné que le système d’évaluation par les pairs ne permettait pas de financer adéquatement la recherche dans toutes les disciplines couvertes par les IRSC ni dans les domaines de recherche émergents.

Ainsi, afin de réduire la charge qui incombe aux examinateurs et aux candidats, les IRSC proposent d’instaurer un processus d’évaluation multiphases qui permettra de réduire le temps consacré à chaque étape et le nombre de candidats qui se rendent jusqu’à l’étape finale. L’organisme songe aussi à réduire le nombre d’examens effectués lors de rencontres en personne et à tenir davantage de vidéoconférences.

M. Weaver se réjouit de la proposition des IRCS d’adopter un processus d’évaluation multiphases qui effectuera un tri parmi les demandes infructueuses tôt dans le processus, permettant ainsi aux chercheurs de gagner du temps. Il avoue toutefois avoir trouvé le document de travail vague et parfois inquiétant, comportant une section qui demande aux chercheurs de mener des activités de recherche concertée et de recherche produisant des « résultats pertinents pour les utilisateurs de la recherche et susceptibles de leur servir ».

Mme Aubin, des IRSC, nie toute intention de la part de l’organisme de forcer les chercheurs à effectuer des types spécifiques de recherche. « Il s’agit d’un programme pour la recherche entreprise à l’initiative de chercheurs, explique-t-elle, il est possible que ce passage ait été mal interprété en affirmant que c’est tout ce que nous voulons appuyer. »

Certains instituts de recherche et établissements, poursuit-elle, sont préoccupés par un critère proposé qui demande aux candidats recevant du financement selon le mode axé sur les programmes d’obtenir une garantie de soutien de la part de leur établissement. Mais, dit-elle, le soutien de l’établissement pourrait se traduire par exemple par une libération des tâches d’enseignement, un salaire ou l’accès aux infrastructures.

Janice Graham, anthropologue médicale à l’Université Dalhousie et ancienne présidente de la Société canadienne d’anthropologie, reçoit du financement des IRSC. Elle fait l’éloge du rapport qui reconnaît les lacunes du système actuel, mais se dit toutefois déçue du fait que la réforme proposée tienne peu compte des préoccupations des chercheurs en sciences humaines de la santé qui reçoivent généralement une petite portion du financement des IRSC. Bon nombre de ces chercheurs, qui n’ont plus droit au financement du Conseil de recherches en sciences humaines, espéraient que les IRSC profitent de la réforme pour se pencher sur leurs intérêts et leurs besoins.

Les IRSC poursuivent les consultations sur la réforme proposée jusqu’à la fin d’avril ou au début de mai, et tiendront compte des réponses obtenues pour y apporter des améliorations. L’organisme souhaite être en mesure d’établir les principales caractéristiques de la réforme d’ici le mois de juin, de présenter un document détaillé à l’automne et de mettre graduellement en oeuvre les changements. Le lancement du premier concours selon les nouveaux modes de financement aura lieu au printemps 2013, ce qui donnera un an aux chercheurs pour se préparer, et les noms des premiers lauréats seront annoncés en 2014.

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