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Les postdoctorants du Québec rêvent d’un meilleur statut

Des consultations auprès d’étudiants au postdoctorat démontrent qu’ils font face, entre autres, à une précarité financière et professionnelle.

par JEAN-FRANÇOIS VENNE | 10 DÉC 19

Les postdoctorants du Québec souhaitent être mieux reconnus comme chercheurs et développer des habiletés complémentaires à celles qu’ils ont cultivées lors de leur doctorat.

C’est le constat que dresse le Comité intersectoriel étudiant (CIE), dont le mandat est de conseiller le scientifique en chef du Québec et les trois Fonds de recherche du Québec (FRQ). Le CIE a mené une série de consultations auprès de postdoctorants, en plus d’utiliser les résultats d’un sondage réalisé par l’Association canadienne des stagiaires postdoctoraux (ACSP) auprès de 386 postdoctorants, dont la moyenne d’âge était de 33 ans.

Étudiants à École Polytechnique de Montréal.

La précarité et la nécessaire mobilité associées au postdoctorat posent de réels dilemmes à ceux et celles qui ont des enfants en bas âge ou qui songent à fonder une famille, note le CIE. Plusieurs retardent ce projet familial, par crainte qu’il ne nuise à leur début de carrière en recherche ou parce qu’ils jugent leurs ressources financières trop limitées et précaires. Le CIE propose donc de bonifier les montants offerts pour le congé parental par les organismes subventionnaires et d’améliorer l’accès à des services de garde. Un tiers des répondants au sondage avaient au moins un enfant, mais seulement huit pour cent avaient accès à une garderie sur leur lieu d’activités.

Statut précaire

Les consultations ont aussi montré que le mot stage irrite les postdoctorants. « Ce terme n’est d’ailleurs pas utilisé ailleurs, où l’on parle plutôt de chercheur junior, de scholar ou de fellow », souligne Julie Morin-Rivat, membre du CIE et postdoctorante à l’Université du Québec à Rimouski.

Être un stagiaire boursier procure prestige et avantages fiscaux, mais s’accompagne d’une précarité financière. Le montant de la bourse est généralement moins élevé qu’un salaire et ne permet pas d’avoir une assurance en cas d’absence liée à la maladie, de cotiser à l’assurance-emploi ou d’obtenir le même niveau de congé parental que les employés. Parmi les répondants au sondage, seulement 13 pour cent avaient un statut d’employé, 26 pour cent détenaient une assurance en cas d’absence maladie et 28 pour cent, une assurance parentale. Environ 30 pour cent étaient boursiers. En ce qui concerne les revenus, 32 pour cent touchaient moins de 40 000 dollars.

L’inconfort dépasse toutefois les questions financières. Le terme de « stagiaire » est considéré comme réducteur par rapport au travail des postdoctorants, lesquels réalisent souvent les mêmes tâches et produisent autant de connaissances que les employés qu’ils côtoient. Cet inconfort est d’autant plus grand lorsque le postdoctorat se prolonge. Pas moins de quatre répondants sur dix au sondage pensaient voir leur postdoctorat durer trois ans ou plus, dont huit pour cent qui le voyaient se prolonger au-delà de cinq ans. Par ailleurs, 30 pour cent d’entre eux avaient cumulé plus d’un postdoctorat. « Les étudiants ont été nombreux à se dire en perfectionnement et non en formation, considérant que leur passage au postdoctorat n’était pas un stage », explique Dorothée Charest-Belzile, présidente du CIE.

Le CIE propose de troquer le terme « stagiaire » pour « postdoctorant ». Il ajoute qu’il serait opportun d’instaurer des ententes de collaboration entre les postdoctorants, leurs superviseurs et l’établissement d’accueil, afin de bien circonscrire l’étendue des tâches, l’allocation des fonds et le financement de l’équipement, entre autres.

Ne pas refaire le doctorat

Une certaine frustration à l’égard des compétences développées lors du postdoctorat émerge aussi du rapport. Le nombre de doctorants augmente plus vite que celui des postes de chercheurs de carrière. Certains accumulent donc les postdoctorats en attendant un poste ou réorientent leur carrière à l’extérieur de l’université. « Les postdoctorants souhaitent perfectionner des habiletés complémentaires comme la gestion de projet ou de ressources humaines, la planification budgétaire ou le réseautage », explique Mme Charest-Belzile.

Le sondage révélait que 89 pour cent des répondants se sentaient modérément ou pas du tout préparés à une entrée dans des professions non universitaires. Ils souhaitent être davantage informés quant à ce type de carrière. Ils aimeraient aussi que le milieu universitaire se montre plus proactif pour mousser leur potentiel auprès des entreprises et des organismes. Le CIE propose de multiplier les partenariats industriels et communautaires pour rapprocher ces deux solitudes et de mener des campagnes de sensibilisation auprès des employeurs hors campus.

Vaut-il toujours la peine de faire un postdoctorat ? Y trouve-t-on une réelle valeur ajoutée ? « La plupart des postdoctorants nous ont dit que l’expérience en valait le coup, mais à condition de permettre l’acquisition d’habiletés différentes de celles développées au doctorat », conclut la présidente du CEI.

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  1. Julie Morin-Rivat / 11 décembre 2019 à 15:44

    Bonjour,
    Voici le lien vers le rapport du CIE sur la situation des postdocs et sa synthèse : http://www.scientifique-en-chef.gouv.qc.ca/le-scientifique-en-chef/comite-intersectoriel-etudiant/dossiers/
    et celui vers le webinaire de présentation du rapport : https://www.youtube.com/watch?v=lTMnFEAz0WA&t=1977s
    Bonne journée !

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