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Les universités canadiennes sont incitées à investir

Administrateurs, étudiants et experts de l’industrie se rencontrent pour discuter des facteurs à prendre en considération pour la gestion des fonds des universités.

par ERIN MILLAR | 17 AOÛT 11

Les universités canadiennes font figure de leaders lorsqu’il s’agit d’intégrer des considérations environnementales et sociales à leurs politiques d’achat, à la planification de leurs campus et à leurs programmes de recherche. Elles accusent cependant un retard par rapport aux établissements européens et américains dans la mise en application de ces valeurs à leurs investissements, selon la Coalition universitaire pour des investissements responsables (CUIR).

Selon Omar Dominguez, cofondateur de la CUIR, l’adoption de pratiques d’investissement responsable n’est pas favorable uniquement sur le plan éthique; il peut également s’agir, à long terme, d’une brillante stratégie financière. « Les universités mettent en danger non seulement leur réputation, mais aussi leurs fonds de dotation
et leurs régimes de retraite », prévient M. Dominguez.

Voilà le message qu’a lancé la CUIR aux administrateurs des universités, le 21 juin dernier à Victoria, lors de son premier symposium qui a rassemblé près de 80 administrateurs universitaires, professeurs, experts financiers et étudiants, dont une trentaine à distance, pour discuter des possibilités et des obstacles liés à
l’adoption de politiques d’investissement responsable dans les universités.

Selon la CUIR, pour investir de façon socialement responsable, il faut gérer les investissements en tenant compte des facteurs sociaux, environnementaux et liés à la gouvernance. Au lieu de boycotter les entreprises qu’elle juge peu soucieuses de l’éthique, la Coalition mise sur l’activisme actionnarial pour les inciter à modifier leur comportement.

La valeur totale des fonds de dotation et des caisses de retraite des universités canadiennes s’élève à 41 milliards de dollars. Investis de façon stratégique, ils pourraient exercer une influence importante, affirme la CUIR. De nombreuses universités américaines et européennes se sont dotées de comités d’investissement responsable
afin d’évaluer les décisions en matière d’investissement et de déployer l’activisme actionnarial.

Cependant, peu d’universités canadiennes ont emboîté le pas. Au Canada, l’Université de Montréal et le réseau de l’Université du Québec sont les seules dont les régimes de retraite sont signataires des Principes pour l’investissement responsable de l’ONU.

Les participants au symposium ont semblé s’entendre sur le fait que les universités devraient étudier les répercussions éthiques de leurs stratégies d’investissement, mais n’en sont pas arrivés  à un consensus sur la marche à suivre.

De récents travaux de recherche réalisés par la société d’experts-conseils Mercer indiquent que l’adoption de stratégies d’investissement responsable contribuerait à la protection des portefeuilles. Dans son rapport intitulé Climate Change Scenarios – Implications for Strategic Asset Allocation, Mercer estime que l’incertitude planant
sur les politiques relatives aux changements climatiques pourrait représenter jusqu’à 10 pour cent des risques sur les portefeuilles au cours des 20 prochaines années et qu’il faudrait en tenir compte lorsqu’on prend des décisions liées aux investissements.

Certains des administrateurs universitaires participant au symposium demeurent toutefois sceptiques. « Les partisans de l’investissement responsable soutiennent que l’adoption de telles politiques ne diminuera pas le rendement du capital investi, explique Michael Shakespeare, aide-trésorier principal de l’Université de la Colombie-Britannique, et leurs opposants disent le contraire. Rien ne nous permet encore de confirmer quoi que ce soit. »

La CUIR a été fondée l’an dernier par quatre étudiants aux cycles supérieurs en finances de l’Université de la Colombie-Britannique, de l’Université Queen’s, de l’Université Carleton et de l’Université de Toronto. « Nous nous demandions pourquoi nos universités ne reproduisaient pas les initiatives européennes et américaines »,
précise Heather Hachigian, présidente de la CUIR.

Ces enjeux ont récemment préoccupé les administrateurs des universités, alors que des manifestations étudiantes ont fait la une partout au pays. En mars dernier, des centaines d’étudiants ont entraîné l’annulation d’une réunion du conseil d’administration de l’Université Carleton en prenant d’assaut la salle où elle devait avoir lieu. Ils réagissaient au refus du conseil d’étudier une motion demandant à l’établissement de retirer ses intérêts des entreprises produisant du matériel militaire pour Israël.

La CUIR juge les campagnes de désinvestissement peu judicieuses. « En demandant cela aux universités, on s’empêche d’intervenir auprès des conseils d’administration des entreprises pour faire part de nos inquiétudes et faire changer les choses, » avertit M. Dominguez.

Duncan Wlodarczak, directeur général de Sustainable SFU, une association à but non lucratif financée par les étudiants de l’Université Simon Fraser, doute que les étudiants acceptent l’adoption de politiques d’investissement responsable au détriment du désinvestissement. À ses yeux, l’investissement responsable n’est qu’une
solution partielle. « Investissons dans les éoliennes plutôt que dans les mines si nous sommes sérieux, affirme M. Wlodarczak. »

À partir des points de vue exprimés au symposium, la CUIR produira un rapport qui présentera l’état actuel de l’investissement responsable dans les universités canadiennes, de même que les recommandations des participants et les domaines prometteurs.

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