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Une initiative pancanadienne pour remédier au problème de la consommation d’alcool

Le recteur de l’Université Acadia, Ray Ivany, à la tête d’un regroupement canadien semblable au National College Health Improvement Program des É-U.

par NATALIE SAMSON | 25 JUIN 14

Le problème de la consommation excessive d’alcool touche tous les établissements postsecondaires canadiens. Les universités et les collèges canadiens doivent s’unir pour y remédier.

Tel est le message qu’a tenu à transmettre le recteur de l’Université Acadia, Ray Ivany, dans son discours lors de l’édition 2014 du congrès de l’Association des services aux étudiants des universités et collèges du Canada, qui s’est déroulé plus tôt ce mois-ci à Halifax.

C’est la mort d’un étudiant de première année survenue en 2011 dans cet établissement qui a convaincu M. Ivany de la nécessité de tout faire pour mettre un terme à la consommation excessive d’alcool par les étudiants. Alors âgé de 19 ans, Jonathan Andrews était décédé au terme d’une nuit de beuverie avec des amis dans les résidences de l’établissement. « Ce drame a transformé notre campus à jamais », affirme M. Ivany.

À l’automne 2013, l’Université Acadia a renforcé sa participation à l’initiative Learning Collaborative on High-Risk Drinking. Menée de 2011 à 2013 dans le cadre du programme américain National College Health Improvement Program (NCHIP), cette initiative a permis à un groupe de 32 établissements, constitué aussi bien de petits collèges communautaires que de grandes universités, de tenter de cerner le problème de la consommation d’alcool à risque. Le groupe, au sein duquel l’Université Acadia faisait figure d’unique établissement canadien, s’était donné pour but de réduire les conséquences néfastes de la consommation d’alcool à risque, véritable problème de santé publique, en ayant recours à divers outils d’évaluation de la santé publique dans le but d’élaborer des pratiques exemplaires. M. Ivany appelle aujourd’hui les universités et les collèges canadiens à mettre en place un modèle similaire au Canada. Plus de 30 établissements se sont joints au mouvement jusqu’à présent.

« La société compte sur les universités pour lutter contre les maladies, pour être la source de progrès technologiques, pour résoudre les problèmes sociaux et pour favoriser l’expression artistique. Pourquoi les universités ne pourraient-elles pas également contribuer à la lutte contre la consommation excessive d’alcool? », s’interroge M. Ivany.

Après l’allocution de M. Ivany, l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC) a organisé un important atelier qui a permis à 40 administrateurs de haut rang, représentant 33 établissements, de discuter de la possible mise sur pied d’une initiative pancanadienne. Nombre des participants à cet atelier ont fait part d’incidents semblables survenus sur leurs campus, précisant que ces incidents avaient conduit leurs dirigeants à admettre l’existence d’un sérieux problème. À l’Université St. Thomas, par exemple, le problème de la consommation excessive d’alcool qui a causé le décès tragique d’un étudiant de 21 ans à la suite d’une séance de beuverie et d’initiation au sein de l’équipe masculine de volley-ball de l’établissement, a secoué la rectrice Dawn Russell.

« Nous avons pris les mesures qui s’imposaient, mais sans assurer de suivi auprès des étudiants touchés, a déclaré Mme Russell dans le cadre de l’atelier de Halifax, tenu à huis clos. Des services de consultation et de mieux-être ont été offerts aux amis et aux équipiers dans les semaines suivant la tragédie, mais il n’y avait pas de mesures en place pour ceux qui ont souffert de traumatismes à long terme. Ça m’a poussée à examiner à fond le problème, à me demander ce qui se faisait vraiment à mon établissement pour y remédier. »

Selon M. Ivany, les universités ont beau respecter les pratiques en place, le taux de consommation d’alcool à risque et ses conséquences (vandalisme, violences physiques et sexuelles, accidents de la circulation, infections sexuellement transmissibles, blessures et décès liés à l’alcool) ne régressent pas. Le problème est donc systémique, et tout changement systémique exige la collecte de données fiables « permettant de bien cerner le problème ».

L’un des grands avantages de l’initiative menée par le NCHIP est sans doute d’avoir permis de recueillir rapidement des ensembles de données. Dans le cadre de cette initiative basée sur un modèle cyclique, les participants ont d’abord mis en place des programmes ou des stratégies visant à lutter contre la consommation problématique d’alcool, en ont évalué les effets, puis ont fait part de leurs conclusions au groupe. Se fondant sur des constats issus de la mise en commun des données, les participants ont ensuite peaufiné leurs stratégies et programmes respectifs, et le cycle s’est poursuivi. Cette démarche diffère de la démarche traditionnelle en ce qu’elle impose aux établissements « d’agir à leur manière pour cerner le problème » plutôt que de « réfléchir à leur manière aux mesures à prendre », précise l’administratrice déléguée du NCHIP, Lisa Johnson.

Même si les participants à l’atelier de Halifax se sont en grande partie montrés réceptifs au modèle cyclique, certains ont mis en doute sa compatibilité avec les impératifs liés à la réalité, comme le problème des ressources limitées pour agir. Ils se sont également interrogés sur la possibilité de faire participer au processus à la fois les étudiants, les parents, les dirigeants municipaux, le personnel universitaire et le corps professoral, ainsi que sur la capacité d’élaborer et de mettre en œuvre sur les campus des stratégies axées sur la santé mentale et le mieux-être.

Encouragé par le groupe tourné vers l’action, M. Ivany communiquera bientôt avec les hauts dirigeants des universités et des collèges responsables des services aux étudiants pour les inviter officiellement à la première rencontre de l’initiative pancanadienne. Aucune date n’a été fixée pour le moment, mais la rencontre devrait se dérouler d’ici la fin d’octobre.

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