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L’héritage de la dernière année en matière de mode de prestation des cours

Alors que les universités préparent un retour des activités en personne sur les campus, beaucoup espèrent conserver les avantages de l’enseignement à distance.

par IAN MUNROE | 01 JUIN 21

À la mi-mai, plus de 1 600 membres du personnel et du corps professoral de l’Université de Waterloo se sont réunis virtuellement. Ils venaient écouter certains hauts fonctionnaires, dont le recteur Feridun Hamdullahpur et la vice-provost aux ressources humaines Marilyn Thompson, expliquer comment l’établissement allait gérer la pandémie dans les mois à venir, plus particulièrement dans la perspective d’un retour aux cours en présentiel à l’automne.

Les participants avaient beaucoup de questions : « Proposerez-vous des aménagements pour les personnes réticentes à retourner sur le campus cet automne? »; « Tous les cours pourront-ils être donnés à la fois en ligne et en personne? »; « Comment l’Université aidera-t-elle les étudiants étrangers coincés dans leur pays d’origine, alors que les cours en personne reprendront peu à peu? ».

Évidemment, ces interrogations n’ont pas trouvé de réponses simples. Mais la séance a été le reflet des discussions complexes qui agitent les universités du pays, plus particulièrement sur la façon de décider du mode de prestation des cours et l’incidence de l’année écoulée dans cette équation délicate.

David Robinson, directeur général de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université, estime que la pandémie a provoqué une rupture dans « les us et coutumes » des universités du pays. Selon lui, elle aurait obligé les administrateurs à procéder à des changements de grande envergure sans réelle concertation, compte tenu de l’urgence à instaurer l’apprentissage en ligne.

« En mars 2020, il était évident que les décisions devaient se prendre rapidement, explique M. Robinson. Mais quand nous avons discuté de nos plans pour le semestre d’automne, de nombreux professeurs ont eu le sentiment de ne pas avoir été suffisamment consultés. »

Des avantages à conserver

Il s’agit maintenant de voir comment cette dynamique va évoluer dans le cadre de l’année universitaire 2021-2022. M. Robinson affirme que les 70 000 membres de son association demeurent pour l’heure très partagés. Nombreux sont ceux qui souhaitent le retour au présentiel, en expliquant qu’il leur permet entre autres de veiller plus aisément à la bonne compréhension de la matière.

Loren Falkenberg, ancienne doyenne associée de la Faculté d’administration de l’Université de Calgary, estime que, même si le passage au virtuel a constitué un véritable défi pour les établissements, ils ne doivent pas pour autant faire une croix sur ses avantages. Par exemple, l’apprentissage en mode virtuel aurait, selon elle, le mérite de réduire le temps de transition entre les cours et de conférer davantage de souplesse. De plus, les cours en différé permettraient aux professeurs de libérer du temps pour effectuer du mentorat auprès de leurs étudiants.

D’après Mme Falkenberg, l’année écoulée a en outre démontré aux établissements postsecondaires qu’ils devaient adopter une vision stratégique pour relever les défis financiers et démographiques qui les assaillent depuis des années.

« Avec la COVID, les plans quinquennaux s’avèrent plus pertinents que jamais pour les universités, qui ont souvent du mal à changer de cap rapidement, souligne-t-elle. Les dirigeants universitaires qui prennent les devants, préparent leurs professeurs à maximiser l’expérience d’apprentissage, et n’hésitent pas à mettre des moyens sur la table placeront leur établissement dans une position favorable d’ici cinq ans. En revanche, les dirigeants qui s’obstinent à prôner le retour intégral au présentiel pour protéger leur fonds de commerce risquent d’essuyer un coup dur. »

Une affaire d’équilibre et de coopération

Mme Falkenberg cite entre autres l’exemple de l’Université Royal Roads de Victoria, qui marie habilement apprentissage en ligne et courtes périodes de présence sur le campus à l’intention des professionnels.

George Veletsianos, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’apprentissage novateur et la technologie à l’Université Royal Roads, indique que la pandémie a fait comprendre à beaucoup la pertinence de l’apprentissage en ligne et de l’apprentissage mixte pour les étudiants qui continuent à travailler ou s’occupent de leur famille, tout en suivant des cours.

Il met cependant en garde contre le totalitarisme pédagogique – qui consisterait à ne jurer que par le tout-en-présentiel ou le tout-en-ligne – et invite plutôt à réfléchir à la combinaison d’outils d’enseignement la mieux adaptée aux étudiants d’un établissement donné.

« Il serait malvenu de prendre les décisions de façon exclusivement verticale, tout comme de les laisser au bon vouloir de chaque professeur selon ses cours. Il faut donc trouver un juste équilibre et instaurer un processus décisionnel coopératif, avance M. Veletsianos. Mais il est vraiment difficile de dire quelle forme ce processus pourrait prendre dans chaque établissement. »

Selon Marie Dolcetti-Koros, trésorière nationale de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, il faut également entendre la voix des nombreux étudiants qui disent s’être sentis isolés pendant la pandémie. C’est en partie pour cette raison qu’elle croit que les étudiants devraient être représentés au sein des organes administratifs statuant sur le mode de prestation des cours. Elle plaide aussi en faveur de différentes mesures d’adaptation, et préconise entre autres d’assouplir les échéances et de faire preuve de compassion dans l’évaluation des étudiants, au moins jusqu’à ce que la menace du virus s’estompe.

« À l’heure actuelle, notre modèle est essentiellement vertical. Les décisions sont prises par les administrateurs de l’Université, puis communiquées au corps professoral et aux étudiants, déplore-t-elle. Mais à l’approche d’une nouvelle année universitaire, qui sera sans doute aussi marquée par le coronavirus, nous devons revoir notre démarche et privilégier un échange permanent des idées. Je crois donc que les administrateurs devraient consulter le corps professoral, le personnel et les étudiants, et les faire participer à la prise de décisions. »

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