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L’importance d’évaluer les retombées des subventions d’urgence liées à la COVID-19

La préparation aux futures pandémies pourrait passer par les travaux de recherche entrepris depuis février 2020.

par BRIAN OWENS | 16 AOÛT 21

Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et leurs organismes partenaires ont jusqu’ici versé plus de 550 subventions d’un montant dépassant les 250 millions de dollars afin de soutenir des projets de recherche liés à la COVID-19. Alors que certains permettront sans doute de réaliser des percées scientifiques qui contribueront à lutter contre cette pandémie et celles à venir, d’autres, inévitablement, n’atteindront pas leurs objectifs et ne mèneront nulle part. Des chercheurs canadiens commencent à se questionner quant à la forme que prendront les modalités d’évaluation de ces projets de recherche afin d’assurer que les sommes octroyées aient été utilisées à bon escient.

« Des suivis seront-ils effectués? » s’interroge Paola Marignani, biologiste moléculaire à l’Université Dalhousie. Les organismes subventionnaires évaluent le progrès et la productivité d’un chercheur lorsqu’il demande le renouvellement d’une subvention, poursuit Mme Marignani. Toutefois, il est fort probable que la plupart des subventions liées à la COVID-19 ne soient que ponctuelles, et que les chercheurs retournent à leurs activités de recherche habituelles lorsque le financement attribué en raison de la pandémie cessera. « Nous savons que le travail s’effectue, mais saurons-nous s’il générera quoi que ce soit? »

Abraham Fuks, immunologiste à l’Université McGill, affirme qu’il est important et nécessaire d’évaluer la façon dont l’argent a été dépensé afin de cibler ce qui a bien fonctionné et ce qui pourrait être amélioré. « Nous savons tous que les personnes qui ont pris les décisions étaient hautement qualifiées et qu’elles ont agi de bonne foi dans un contexte de crise », indique-t-il.

M. Fuks précise que deux types d’évaluation sont nécessaires dans ce processus. D’abord, il faut procéder à une évaluation approfondie des retombées des projets subventionnés, similaire à celle menée lors du renouvellement de projets, soit une sorte d’évaluation rétrospective par les pairs. « Je crains que certaines évaluations par les pairs réalisées à la hâte l’année dernière n’aient pas été aussi utiles qu’elles auraient pu l’être », admet-il.


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Ensuite, il faut procéder à une évaluation globale du déploiement des programmes subventionnaires d’urgence, notamment de la cohérence entre leurs objectifs et leur gouvernance, ainsi que de la coordination entre les innombrables organismes subventionnaires et leurs partenaires.  « Y avait-il des façons de simplifier le processus? », demande M. Fuks. Cet exercice contribuera à rendre encore plus efficace la réponse à la prochaine pandémie, ajoute-t-il.

Adrian Mota, vice-président associé, Programmes de recherches – Opérations aux IRSC, indique que tous les bénéficiaires des subventions d’urgence liées à la COVID-19 devront soumettre une évaluation de leur projet lorsque celui-ci aura pris fin, et qu’elle devra être plus détaillée que ce qui est attendu habituellement pour une demande de renouvellement de subvention. « Il est important de comprendre ce que nous avons retiré de ces investissements, ce qu’ils ont généré et qui y a participé, indique M. Mota. Les retombées concrètes de la recherche peuvent parfois être subtiles, mais peut-être seront-elles plus évidentes cette fois-ci en raison des courts délais. »

Les IRSC ont déjà entrepris d’évaluer certains aspects de l’octroi du financement supplémentaire et ont apporté des améliorations en cours de route, selon M. Mota. Au terme de la première ronde de subventions, en février 2020, les IRSC ont constaté qu’il y avait moins de demandes que prévu présentées par des chercheuses. Conscients que les délais extrêmement courts avaient possiblement davantage touché les femmes, qui ont absorbé la plus grande partie des répercussions de la pandémie sur leur vie familiale, les IRSC ont prolongé les délais des futures rondes et ont ainsi pu constater une plus grande représentativité féminine aux concours subséquents.

Les IRSC porteront une attention particulière aux manières de tirer profit des activités de recherche et des réseaux mis sur pied pour faire face à la pandémie afin de mieux nous préparer à celles à venir. « Les investissements consentis pour le SRAS et le SRMO ont été abandonnés, déclare M. Mota. Si les activités de recherche avaient été maintenues, nous aurions pu être mieux préparés. » Le nouveau Centre pour la recherche sur la préparation en cas de pandémie et d’urgence sanitaire des IRSC a été créé afin d’éviter qu’une telle situation se reproduise, souligne-t-il.

Nathalie Grandvaux, virologue à l’Université de Montréal, affirme que, bien que la plupart des subventions de recherche liées à la COVID-19 servent à financer des projets ponctuels de courte durée visant des retombées relativement rapides, la vraie réussite serait de voir un de ces projets se transformer en un programme de recherche de longue haleine. « Si les subventions ne permettent pas de mettre sur pied des projets de recherche de longue durée, alors c’est peine perdue, dit-elle. Si aucun projet ne peut être financé à long terme, il aurait mieux valu investir cet argent dans la recherche fondamentale. »

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