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Malgré le déclin démographique, la population étudiante continuera de croître

Un nouveau rapport de l’AUCC prévoit une hausse de 125 000 étudiants, soit 14 pour cent des effectifs, d’ici 2020.

par LÉO CHARBONNEAU | 26 MAI 11

C’est un fait, le nombre de Canadiens de 18 à 21 ans a plafonné cette année et diminuera d’environ 10 pour cent au cours de la prochaine décennie. Ces données sont importantes pour les universités puisque les étudiants de ce groupe d’âge représentent un peu plus de la moitié de leurs effectifs à temps plein.

Cependant, la démographie ne fait pas foi de tout, indique Herb O’Heron, directeur de la recherche et de l’analyse des politiques à l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC). « De nombreux facteurs autres que la démographie influent sur le nombre d’inscriptions et stimulent le taux de fréquentation universitaire. »

On ne dit pas que le déclin démographique n’a pas d’importance, précise M. O’Heron. Cette diminution a effectivement tendance à réduire la demande. Certaines universités des provinces de l’Atlantique s’en ressentent déjà et, par conséquent, intensifient leurs efforts de recrutement au pays et à l’étranger. D’autres régions comme le Nord de l’Ontario et la Saskatchewan pourraient également être touchées dans les prochaines années. Malgré tout, selon lui, la population étudiante continuera d’augmenter globalement au Canada au cours de la prochaine décennie et par la suite.

Un nouveau chapitre (PDF) de la série Tendances dans le milieu universitaire de l’AUCC, consacré aux effectifs et aux nombreux facteurs influant sur ceux-ci, a été publié le 26 mai. M. O’Heron affirme que « de plus en plus, ce sont les exigences du marché du travail qui motivent les attentes et les besoins des étudiants. »

Le rapport Tendances mentionne que le nombre d’emplois occupés par des diplômés universitaires a plus que doublé entre 1990 et 2009, passant de 1,9 à 4,2 millions. De plus, pendant cette période, ces diplômés ont vu leur avantage salarial augmenter par rapport à ceux qui possèdent un diplôme d’études collégiales ou moins.

En tenant compte des tendances passées du marché de l’emploi et des changements démographiques anticipés, le rapport prévoit qu’il y aura près de 1,3 million d’emplois de plus pour les diplômés universitaires en 2020 qu’en 2010. De plus, de 700 000 à 900 000 emplois destinés aux diplômés universitaires se libéreront en raison des départs à la retraite au cours de la prochaine décennie.

Pour répondre à cette demande, le nombre de nouveaux diplômés devra augmenter d’environ 1,3 pour cent par année pendant cette décennie, affirme M. O’Heron. Cela signifie que, d’ici 2020, 125 000 étudiants à temps plein devront s’ajouter aux 900 000 déjà inscrits en 2010. Pour obtenir une telle croissance, les taux de fréquentation universitaire chez les 18 à 21 ans devront passer de 25 à 28 pour cent.

Selon M. O’Heron, cet objectif peut certainement être atteint. « Nos estimations sont prudentes. Nous avons formulé des prévisions de ce type dans de précédents rapports Tendances et, chaque fois, nos objectifs les plus optimistes ont été dépassés. »

La croissance des effectifs prévue au cours de la prochaine décennie équivaut à une augmentation d’environ 14 pour cent. En comparaison, les effectifs ont crû de plus de quatre pour cent chaque année au cours des deux dernières années et d’un impressionnant 44 pour cent au cours de la dernière décennie. Par contre, « en examinant les tendances à long terme qui remontent aux années 1990, on constate qu’une augmentation de 14 pour cent cadre parfaitement avec les changements à long terme des taux de fréquentation », explique M. O’Heron.

Le rapport mentionne un autre facteur qui stimule la hausse des effectifs : le niveau de scolarité de parents. « La corrélation entre le niveau de scolarité des parents et celui de leurs enfants joue un rôle plus important que le revenu familial», indique M. O’Heron. La proportion de parents titulaires d’un diplôme universitaire a presque quadruplé au cours des 20 dernières années, et elle devrait croître encore. « L’influence parentale à ce chapitre se poursuivra », observe-t-il.

L’urbanisation est également un facteur : les taux de fréquentation universitaire étant plus élevés en région urbaine qu’en région rurale. Qui plus est, « la moitié des adultes s’établissant au Canada sont titulaires d’un diplôme universitaire, et ils s’installent généralement dans les régions urbaines. Tous ces facteurs sont reliés. »

Par ailleurs, le nombre d’étudiants étrangers qui fréquentent un établissement canadien a triplé au cours des 15 dernières années pour atteindre environ 90 000. On prévoit que la demande internationale en matière de formation universitaire montera en flèche; le Canada, en se contentant de maintenir sa part de marché actuelle, accueillerait donc 45 000 nouveaux étudiants étrangers d’ici 2020.

Ces scénarios de croissance présentent toutefois une lacune. Les effectifs ne constituent pas une véritable mesure de la demande des étudiants, fait remarquer M. O’Heron. Les effectifs sont plutôt la mesure de la part de la demande à laquelle la capacité d’accueil des universités permet de répondre. Si les gouvernements fédéral et provinciaux restreignent leurs investissements en enseignement supérieur en raison de contraintes budgétaires et que les frais de scolarité n’augmentent pas de façon importante, la capacité des universités à accueillir les étudiants et à leur offrir un milieu d’apprentissage de qualité en souffrira.

COMMENTAIRES
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  1. Michel Dubois / 5 juin 2011 à 03:38

    Les frais de scolarité ont doublé en Ontario pendant la dernière décennie. Résultat: les plus riches continuent toujours d’y aller peu importe les droits de scolarité. Les plus pauvres peuvent être protégés par des mesures tels que l’augmentation des bourses. C’est la classe moyenne qui s’est vue privée de l’accès à des études universitaires.

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