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Maya Turner marque l’histoire canadienne du football universitaire

L’ex-joueuse de soccer fait tomber les barrières.

par KAITLIN VITT | 09 SEP 24

L’assurance et la capacité à faire preuve de sang-froid malgré la pression : ce sont pour Maya Turner les deux qualités qui caractérisent tout bon botteur, autant d’attributs qui lui ont permis de marquer l’histoire canadienne du football.

« Quand on affiche de l’assurance… les autres aussi se mettent à croire en nous », déclare l’athlète de 21 ans.

En septembre dernier, cette ancienne joueuse de soccer en division 1 de la NCAA est devenue la première femme à disputer un match de saison régulière en football universitaire ainsi qu’à marquer des points. La botteuse a marqué deux bottés de placement pour les Bisons de l’Université du Manitoba, le second signant la victoire en deuxième prolongation face aux Rams de l’Université de Regina pour un score de 27-24.

Lorsque Maya Turner a réussi un placement de 25 verges avec les Bisons de l’Université du Manitoba en août 2022, elle est devenue la première femme à marquer des points dans un match de football universitaire canadien. Toues les photos sont de Dave Mahussier.

Consciente qu’elle serait l’objet de tous les regards, Mme Turner envisageait ce premier match avec nervosité. Dès l’échauffement, de nombreuses caméras se sont braquées sur elle, ce qu’elle n’avait pas anticipé, du moins pas à cette ampleur ni aussi rapidement. Mais sa faim de jouer a tôt fait de calmer sa fébrilité.

« En fin de compte, quand le moment est venu de botter, je savais que j’étais capable de faire ce qu’il fallait, raconte-t-elle. C’était incroyable d’arriver à marquer les premiers points, et de faire le botté décisif en prolongation. »

Originaire de Minneapolis, Mme Turner évoluait en division 1 de la NCAA comme joueuse de soccer de l’Université Loyola à Chicago quand elle a décidé d’opérer un changement.

« J’étais vraiment épuisée, et je n’éprouvais pas de plaisir. Le soccer ne m’apportait que du négatif. À ce stade, il faut savoir lâcher prise pour trouver la paix. »

C’est alors qu’elle a décidé de se mettre au football, un sport qu’elle avait toujours affectionné. Puisque sa force de frappe constituait son meilleur atout en soccer, le mariage serait sans doute réussi. Elle a donc rejoint l’équipe de Loyola, pour constater qu’avec un peu plus de travail, elle pourrait peut-être intégrer une équipe universitaire.

Avec de l’aide spécialisée en botté, elle a tourné une vidéo de sélection qu’elle a envoyée à divers entraîneurs universitaires d’Amérique du Nord.

Brian Dobie de l’Université du Manitoba, qui était du nombre, lui a offert une place dans son équipe immédiatement après avoir vu son botté de ses propres yeux.

« Même si Maya est une athlète exceptionnelle, c’est sa personne qui m’impressionne le plus. Elle est motivée et ambitieuse. C’est une professionnelle jusqu’au bout des ongles. Elle a un caractère incroyable, et c’est ce qui me fait croire qu’elle fera tout en son possible comme athlète pour être à son meilleur. Qui ne voudrait pas d’une telle personne dans son équipe? »

Tout au long de la saison, Mme Turner a pu compter sur le soutien de ses coéquipiers et entraîneurs, qui l’ont traitée comme n’importe quelle autre personne de l’équipe, raconte-elle.

« Je pense qu’ils ont vu que j’étais là pour travailler dur et mériter ma place, que j’avais du cœur à l’ouvrage. Ils ont vu que j’aimais le football, que je voulais jouer et que j’y mettais de l’ardeur. C’est sans doute comme ça que j’ai gagné leur respect. »

Pour M. Dobie, la présence de Mme Turner chez les Bisons a rapproché l’équipe.

« Ils [les coéquipiers de Maya] savent que son parcours a été beaucoup plus ardu que le leur, et qu’elle a fait face à des obstacles injustes, déclare-t-il. Sa ténacité dans l’adversité a eu un effet rassembleur incroyable dans notre équipe de football. »

Avant Mme Turner, d’autres femmes ont fait leur place dans un sport traditionnellement masculin, notamment les botteuses de la NCAA Sarah Fuller, à l’Université Vanderbilt, et Kristie Elliott, à l’Université Simon Fraser.

« Je me suis dit : si elles peuvent le faire, alors moi aussi », affirme-t-elle.

Aujourd’hui, c’est au tour de Mme Turner d’avoir la chance d’inspirer autrui.

« Maya voulait simplement pratiquer un sport à un haut niveau qui n’était pas offert aux femmes. Elle voulait compétitionner, faire partie d’une équipe, et vivre l’expérience qui vient avec, explique M. Dobie. Sa motivation et son parcours sont purs et authentiques. Voilà ce qu’elle apporte; c’est tout simplement une coéquipière qui fait son travail jour après jour comme tous les autres. »

Mme Turner jouera encore trois ans avec les Bisons pendant qu’elle poursuit ses études en beaux-arts à l’Université du Manitoba. Incertaine de ce que l’avenir lui réserve par la suite, elle aimerait continuer de pratiquer le football au plus haut niveau possible, que ce soit dans une équipe masculine ou féminine.

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