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Moins d’argent par étudiant

Selon un rapport de l’AUCC, la qualité de l’enseignement et de la recherche pourrait tôt ou tard en souffrir.

par LÉO CHARBONNEAU | 05 AOÛT 08

Sans vouloir nécessairement réclamer plus d’argent, l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC) plaide pour une augmentation des revenus des universités canadiennes dans le troisième et dernier volume de son rapport intitulé Tendances dans le milieu universitaire.

Consacré aux finances des universités canadiennes, ce troisième volume précise que celles-ci reçoivent environ 8 000 $ de moins par étudiant que les universités publiques américaines pour financer l’enseignement et la recherche. La situation était tout autre il y a 25 ans. Les établissements canadiens recevaient alors, en effet, 2 000 $ de plus par étudiant que leurs homologues américains.

Rappelons que les deux premiers volumes de Tendances, consacrés aux effectifs et au corps professoral, ont été respectivement publiés en mai et en novembre 2007.

Herb O’Heron, conseiller principal, Affaires nationales, à l’AUCC, se dit avant tout préoccupé par les conséquences potentielles de l’insuffisance du financement des universités sur la qualité de l’enseignement offert aux étudiants canadiens et, en définitive, sur la prospérité du pays.

Selon M. O’Heron, au cours des dernières décennies, une bonne part de la croissance économique du Canada était due à l’augmentation constante de la main-d’œuvre disponible. Or, le vieillissement de la population risque fort de priver le pays de ce moteur. Pour assurer sa prospérité, le Canada a donc besoin d’un plus grand nombre de diplômés hautement qualifiés, novateurs et productifs, qui soient en mesure de livrer concurrence au sein d’une économie de plus en plus axée sur le savoir. Cela exigera un solide financement de l’enseignement et de la recherche universitaires. Or, les mécanismes de financement actuels risquent, à long terme, de mettre l’un et l’autre en péril et de « saper la qualité de l’expérience éducative », explique M. O’Heron.

Selon Tendances, les universités recevaient en moyenne environ 21 000 $ par étudiant en 2006-2007, comparativement à 29 000 $ dans le cas des universités américaines. C’est moins que ce qu’elles recevaient dans les années 1980 où, en dollars constants, leurs revenus s’élevaient à 25 000 $ par étudiant.

Le Canada détient de meilleurs résultats si on le compare au Royaume-Uni et à l’Australie. M. O’Heron souligne toutefois que le Royaume-Uni a récemment modifié les mécanismes de financement de ses universités pour renforcer la qualité, ce qui risque de propulser celles-ci devant les universités canadiennes sur le plan du financement.

Depuis quelques années, le financement gouvernemental accordé à la recherche et au fonctionnement des universités s’est accru au Canada. Cela n’a toutefois pas réussi à modi- fier le niveau de financement par étudiant, en raison surtout de la croissance rapide des effectifs. Les universités canadiennes comptaient en effet 815 000 étudiants à temps plein en 2006, soit 31 pour cent de plus qu’en 2000.

Les universités canadiennes ont dû faire preuve d’efficacité et se débrouiller avec des moyens réduits, mais cette stratégie a ses limites, explique M. O’Heron. Il mentionne par exemple que, selon l’Enquête nationale américaine sur la partici pation des étudiants (NSSE), les établissements canadiens ne se comparent pas favorablement à leurs homologues américains sur les plans de l’interaction entre étudiants et professeurs et de l’apprentissage actif et collaboratif.

« Il existe une forte corrélation entre les facteurs examinés dans le cadre de la NSSE et les compétences dont les diplômés auront besoin sur le marché du travail », précise-t-il. Mais améliorer la situation nécessite de nombreuses ressources parce qu’il faudra accroître l’interaction entre étudiants et professeurs, en classe comme hors de la classe. Et comme le nombre de professeurs au sein des universités canadiennes n’a pas augmenté au même rythme que les effectifs étudiants, il y a plus d’étudiants par professeur que par le passé.

M. O’Heron estime en outre que si la technologie peut contribuer à maximiser l’efficacité des établissements, cela aussi coûte cher et n’entraîne pas nécessairement des économies. Il souligne entre autres que la diffusion d’enregistrements de cours et d’autres outils didactiques sur Internet à l’intention des étudiants ne saurait remplacer l’enseignement traditionnel en classe. Au contraire, ces pratiques s’ajoutent à ce qui se passe en classe et entraînent une augmentation des coûts de l’enseignement et de la charge de travail des professeurs.

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