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Morts inexpliquées de bélugas du Saint-Laurent

Des chercheurs de l’Université de Montréal mènent l’enquête.

par JEAN-FRANÇOIS VENNE | 24 OCT 12

L’été 2012 a été marqué par un nombre record de morts de bébés bélugas dans l’estuaire du Saint-Laurent. Événement ponctuel ou tendance inquiétante?

Les chercheurs de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal surveillent la population de ces petites baleines blanches depuis 30 ans. Normalement, le nombre de veaux de bélugas échoués sur les berges du Saint-Laurent ne dépasse pas trois par été. En 2008, il y en a eu huit. On a alors expliqué ce phénomène par la « marée rouge », une très forte floraison de l’algue toxique Alexandrium tamarense. En 2010, on en dénombrait neuf, puis 16 en 2012.

« Les autopsies n’ont pas permis de déceler des maladies ou des blessures sur ces veaux, ce qui laisse croire qu’ils sont morts d’avoir été séparés trop tôt de leur mère, explique Stéphane Lair, spécialiste de la santé de la faune et professeur au département de sciences cliniques de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal. Il faudrait donc savoir pourquoi ces séparations se produisent plus souvent, ajoute-t-il. »

L’algue toxique est encore une fois sur la liste des suspects. « L’Alexandrium tamarense est un neurotoxique, souligne M. Lair. L’animal affecté se retrouve partiellement paralysé. Il se pourrait qu’une accumulation plus grande de ce neurotoxique dans les femelles bélugas réduise leur capacité à s’occuper de leurs veaux. » Les résultats des analyses des carcasses, attendus en décembre 2012, aideront à éclaircir ce triste mystère.

La mort des veaux pourrait aussi être reliée à un autre phénomène inquiétant, soit la mort de femelles bélugas pendant la mise bas. C’est ce qui s’est produit pour huit des quinze femelles retrouvées mortes entre 2010 et 2012. La cause n’est pas encore connue, mais le chercheur a des pistes. « De nouveaux contaminants sont de plus en plus présents dans l’habitat des bélugas, dont les ignifuges polybromés, avance M. Lair. Or, ces produits sont reconnus pour perturber l’activité de la glande thyroïde, cruciale pour les mammifères lors de l’accouchement. »

Une population fragile

La population de bélugas du Saint-Laurent demeure très fragile. Il est difficile d’évaluer avec précision leur nombre, mais les derniers relevés, datant de 2003, l’estimait à environ 1 100. Le Plan de rétablissement pour les bélugas du Saint-Laurent, de Pêches et Océans Canada, prévoyait publier des relevés aux trois ans, mais cette idée semble avoir du plomb dans l’aile. aucun relevé n’a été effectué en 2006 et en 2012, , alors qu’en 2009 un relevé avait été effectué, mais les données n’ont jamais été publiées.

Entre 8 000 et 10 000 bélugas peuplaient le Saint-Laurent avant d’être décimés par une chasse intensive aujourd’hui interdite. On estime que pour assurer la survie du troupeau, il faudrait que sa population remonte à au moins 6 000 individus. « Une trop petite population ne permettrait pas au troupeau de survivre si un événement malheureux se produisait », conclut M. Lair.

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