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Les doyens des facultés de l’éducation et les groupes autochtones donnent leur appui à un nouvel accord en matière d’éducation

« C’est la bonne chose à faire. »

par NICK TAYLOR-VAISEY | 08 JUIN 10

Les doyens des facultés de l’éducation du Canada envoient un puissant message à leurs facultés. Ils se sont réunis pour appuyer une vision de l’éducation autochtone qui, ils l’espèrent, provoquera un profond changement sur les campus canadiens.

« La vision de l’Accord est que les identités, cultures, langues, valeurs, modes de savoir et systèmes de connaissances autochtones prospéreront dans tous les environnements d’apprentissage canadiens », indique le nouvel Accord sur l’éducation autochtone. D’une grande portée, l’Accord a été rédigé par un groupe de travail de l’Association canadienne des doyens et doyennes d’éducation (ACDE) et signé le 1er juin par d’importants leaders autochtones et doyens des facultés de l’éducation à l’occasion du Congrès 2010 des sciences humaines à Montréal.

L’Accord présente les objectifs que tous les signataires s’engagent à poursuivre dans leurs programmes d’enseignement et leurs projets de recherche. L’entente sera utilisée « comme guide lors de l’analyse et la transformation des programmes » dans les facultés de l’éducation du Canada. Si l’essence de l’Accord est respectée à grande échelle, les valeurs des Autochtones et leurs approches en matière d’éducation joueront un rôle beaucoup plus important dans la formation de la prochaine génération d’enseignants canadiens que celui qu’elles jouent actuellement.

Ce sont les enseignants actuels qui devront surmonter les plus grands obstacles à la mise en œuvre de l’Accord, explique Marie Battiste, directrice de l’enseignement à l’Aboriginal Education Research Centre de l’Université de la Saskatchewan. « Jusqu’ici, le système d’enseignement n’a pas tenu compte de l’éducation aux Autochtones, de leurs connaissances et protocoles, etc. Alors, maintenant tous doivent apprendre », déclare t elle.

L’Accord indique que les effets persistants de la colonisation « ont banni ou supprimé les systèmes de connaissances autochtones, en particulier la culture et la langue, et ont contribué de manière significative aux faibles niveaux de performances scolaires ».

Il établit, dans neuf catégories, des objectifs qui, l’espèrent ses rédacteurs, changeront de manière durable les systèmes d’enseignement canadiens et leurs résultats. Le premier objectif consiste à « [c]réer et soutenir des environnements d’apprentissage accueillants et respectueux qui instillent un sentiment d’appartenance pour tous les apprenants, autochtones et non autochtones, dans tous les programmes postsecondaires auxquels participent les facultés, collèges, écoles et départements d’éducation ».

Les autres objectifs visent l’inclusion de contenu autochtone dans les programmes offerts à tous les étudiants en éducation, la création de partenariats avec les collectivités autochtones, l’augmentation du nombre d’étudiants et de professeurs autochtones et la réalisation de travaux de recherche culturellement sensibles.

Ces objectifs ne seront pas faciles à atteindre, mais John Wiens, ancien président de l’ACDE, a remarqué que de nombreuses universités ne partent pas de zéro. Par exemple, la faculté d’éducation de l’Université du Manitoba, dont il est le doyen, compte quatre professeurs autochtones et offre un cours obligatoire sur les perspectives autochtones (grâce à une directive provinciale). L’Accord encouragera d’autres établissements d’enseignement à emprunter une voie semblable. D’où tirer la motivation nécessaire? John Wiens explique que c’est simplement « la bonne chose à faire ».

Bien que l’Accord n’impose aucune date butoir pour la mise en œuvre de ces changements, il exerce une « pression morale », ajoute M. Wiens. Jo Ann Archibald, vice doyenne du département d’éducation autochtone et directrice intérimaire du Programme de formation des enseignants indiens de l’Université de Colombie Britannique, convient que l’établissement d’échéances n’a jamais été souhaité.

« [L’Accord] devient un moyen de pousser plus loin la coopération et de donner la priorité à certains éléments qui ont plus ou moins été oubliés », explique Mme Archibald, qui figure parmi les quatre coprésidents du groupe qui a rédigé le rapport. « Nous savons qu’il faudra beaucoup de temps pour atteindre certains de ces objectifs. »

Inuit Tapiriit Kanatami, un groupe de défense des droits des Inuits du Canada établi à Ottawa, fait partie des groupes autochtones signataires qui collaboreront avec des facultés de l’éducation. Selon Mary Simon, présidente du groupe, l’Accord mettra les gens du gouvernement, du milieu universitaire, des conseils scolaires et des groupes autochtones au défi de trouver ensemble des moyens de répondre aux besoins des communautés et des enfants autochtones. « En réalité, l’objectif est de permettre à nos enfants de terminer leur formation scolaire afin qu’ils puissent se montrer concurrentiels sur le marché du travail », affirme t elle.

John Wiens explique que, pour les éducateurs, la prochaine étape consistera à agir sur le plan politique afin de s’assurer que l’éducation autochtone constitue une priorité pour les gouvernements provinciaux. Le Conseil des ministres de l’Éducation (Canada) a fait de l’éducation aux Autochtones une priorité en 2004 et a organisé un deuxième sommet sur le sujet en 2009.

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