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Profession : bâtir des ponts

Un partenariat établi par l’École d’architecture de l’Université Laurentienne favorise la collaboration entre les étudiant.e.s, la collectivité et les groupes professionnels.

par SUSAN GOLDBERG | 12 JUILLET 23

À l’instar d’un bon nombre de Canadien.ne.s, Brook-Lynn Roy se rendra dans un parc provincial pour camper cet été.

Toutefois, le séjour d’une semaine de Mme Roy s’annonce plus intense que la traditionnelle expérience consistant à faire grille des guimauves sur le feu. La diplômée de 23 ans, qui a obtenu cette année une maîtrise de l’École d’architecture McEwen de l’Université Laurentienne, se joindra à une douzaine d’étudiant.e.s en architecture et de personnes récemment diplômées pour construire une passerelle piétonnière au parc provincial La Cloche, situé au sud de Massey, en Ontario, et à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Sudbury.

La passerelle constitue la porte d’entrée du sentier Heaven’s Gate (Kitchitwaa Shkwaandem), une piste de randonnée cahoteuse de 40 kilomètres en plein cœur de la nature sauvage du Nord-Est de l’Ontario. Le projet, né d’un partenariat entre l’École, Parcs Ontario et la Première Nation Sagamok Anishnawbek, située sur la rive nord du lac Huron, s’est amorcé en 2019, mais a pris du retard en raison de la pandémie. Ces nombreuses interruptions ont toutefois permis à plusieurs cohortes de l’Université Laurentienne de participer à la construction de la passerelle, dont la longueur est passée de huit à 16 mètres au cours de la phase de conception. Le partenariat prévoit d’inaugurer la structure avant la fin de l’été, coïncidant ainsi avec le 10e anniversaire de l’École d’architecture.

Professeur fondateur de l’École, Randall Kober, qui y est désormais chargé d’enseignement explique que le projet de la passerelle Heaven’s Gate est fondé sur plusieurs des principes qui sont chers à l’École, y compris l’importance du bois comme matériau de construction, l’intégration des philosophies et des typologies autochtones au sein des programmes d’études, le développement durable et l’engagement communautaire.

Selon Ross Assinewe, directeur de la planification et des infrastructures à la Nation Sagamok Anishnawbek, les étudiant.e.s ont démontré leur intérêt pour l’histoire de la région et ont le souci d’intégrer les valeurs et les savoirs traditionnels à la conception de la passerelle. Les rondins de la structure, qui proviennent de cèdres abattus par des membres de la Première Nation sur leur territoire, en sont d’ailleurs un bon exemple.

Apprentissage pratique

L’École d’architecture de l’Université met l’accent sur l’apprentissage pratique et les projets de conception-construction qui permettent aux étudiant.e.s dès leur première année de créer des structures – comme les stations en bois qui ornent la piste de patinage du lac Ramsey à Sudbury. L’objectif consiste à mettre les cohortes en relation avec les communautés et les groupes professionnels qu’elles seront amenées à côtoyer au cours de leur carrière, précise M. Kober.

Mme Roy indique que c’est cette visée pratique qui lui a permis d’arrêter son choix sur l’Université Laurentienne. Elle a même demandé à repousser la date d’entrée en poste de son nouveau travail à un cabinet d’architectes pour participer au camp de conception-construction. « Ce projet permet de passer de la théorie à la pratique en architecture », précise-t-elle.

À titre de membre de l’équipe de la passerelle du parc La Cloche, Mme Roy a par exemple collaboré avec une firme d’ingénierie de Toronto pour peaufiner le modèle de la structure et a mené des consultations auprès de la Nation Sagamok Anishnawbek sur l’histoire et les savoirs traditionnels de la région. Les étudiant.e.s ont conçu des modèles détaillés en trois dimensions de chaque rondin de cèdre de la passerelle à l’aide de la photogrammétrie. M. Kober ajoute que le projet combine ce genre de technologies numériques hautement sophistiquées aux principes fondamentaux de l’artisanat et de la construction. Il s’agit du premier projet d’une telle envergure pour l’École et le professeur espère que d’autres suivront. « Plusieurs groupes nous ont témoigné leur intérêt à collaborer. »

S’il n’en tient qu’à la Nation Sagamok Anishnawbek, la passerelle ne sera que la première d’une série de collaborations avec l’Université pour aménager et améliorer le sentier Heaven’s Gate en vue de stimuler le tourisme local, indique M. Assinewe. La Première Nation cherche d’ailleurs à conclure une entente relative à des revendications territoriales pour Fort La Cloche avec le gouvernement de l’Ontario. Ce partenariat se veut aussi une occasion d’établir des liens entre les écoles de la communauté et l’Université. « La collaboration avec les corps professoral et étudiant de l’Université Laurentienne est toujours un grand succès. »

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