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Quand un balado met en lumière les liens universitaires

En 12 épisodes, Le Campus des liens initie des discussions entre des experts de trois universités montréalaises en misant sur la rencontre interdisciplinaire et la démocratisation des savoirs.

par MAUD CUCCHI | 16 MAR 22

Avec la série de balados Le Campus des liens, la discussion sort du cénacle universitaire. Des professeurs et des experts prennent le micro pour s’entretenir d’un thème pendant une demi-heure sous la forme d’un échange informel guidé par l’inspiration du moment. Le thème de départ, « les liens », se déploie en autant de perspectives qu’il y a d’intervenants sélectionnés.

Une postdoctorante en neurosciences s’entretient avec une experte en muséologie, une chercheuse en sciences biologiques rencontre une professeure de management, un historien dialogue avec un littéraire. En tout, une vingtaine d’experts rattachés à trois universités montréalaises se donnent la réplique. Le grand écart des disciplines produit des échanges surprenants où la pensée glisse en roue libre pour le plus grand plaisir de l’auditeur.

Il y est question d’amitié, de la conjonction entre les disciplines universitaires, mais aussi inexorablement des impacts de la pandémie sur le travail des uns et des autres. Les épisodes ont été diffusés depuis le 31 janvier au rythme d’une conversation par jour sur les ondes de la radio CHOQ.ca. Le format en ligne disponible sur le site de cette radio étudiante de l’Université du Québec à Montréal devrait permettre de toucher un plus large public.

Accessibilité

L’instigatrice du projet, Véronique Cnockaert, raconte avoir été inspirée par l’événement Le Parlement des liens du Centre Pompidou, à Paris : des conversations pour éclairer la manière dont tous les savoirs se refondent aujourd’hui à la lumière des liens et des interdépendances. Le concept invitait les spectateurs, casques aux oreilles, à déambuler entre les tables où s’étaient installés des duos d’intervenants et à saisir leur conversation au vol.

« Un projet très enthousiasmant! », se souvient la professeure au Département d’études littéraires de l’UQAM. Séduite par l’idée d’organiser des rencontres entre collègues de disciplines différentes, Mme Cnockaert était aussi ravie de pouvoir casser le moule conventionnel du colloque. Son objectif? Susciter des réflexions, des idées, voire des collaborations futures en faisant dialoguer des experts de différents départements, et même d’universités différentes, explique-t-elle. « Ce balado apporte une liberté que l’on n’a pas nécessairement dans le milieu universitaire, souligne la professeure-réalisatrice, en plus d’initier des rencontres. »

Alors que la pandémie a accéléré le virage numérique, les colloques, congrès et autres rassemblements se sont transposés en ligne. Face à cette tendance, la crise a aussi renforcé le besoin d’échanger autrement que virtuellement. « Ce qu’on a compris ces deux dernières années, c’est l’importance de créer des liens dans un sens quasiment politique, ajoute Mme Cnockaert. Il faut pouvoir se rencontrer, on ne peut plus vivre repliés sur nous-mêmes. Il faut apprendre à habiter les idées et le monde différemment. »

Décloisonner

Le milieu universitaire n’échappe pas à la tendance du « vase clos », laquelle ne date pas d’hier, renchérit Frédéric Charbonneau, invité du balado et professeur à l’Université McGill en littérature française du XVIIIe siècle. « Depuis la Seconde Guerre mondiale, on est devenus de plus en plus érudits dans notre domaine de spécialité, observe M. Charbonneau. Par exemple, il n’y a pas beaucoup de possibilités de franchir les barrières départementales, notamment pour enseigner dans un autre département. » L’université a fini par former des « hyperspécialistes », constate aussi Véronique Cnockaert. « On parle beaucoup de transdisciplinarité à l’université mais le dialogue ne se fait pas si facilement », selon elle.

Comment remédier à cet hermétisme? À l’ère de l’information canalisée par des algorithmes « où l’on finit par fréquenter des gens qui pensent comme nous, à se retrouver face à sa propre image », le décloisonnement proposé par ces 12 rencontres radiophoniques relève d’un véritable vent de fraîcheur « fécond sur le plan intellectuel », s’enthousiasme M. Charbonneau.

L’instigatrice et réalisatrice du projet espère désormais faire des émules au sein d’autres universités. Au printemps, elle prévoit organiser une exposition temporaire accompagnée de codes QR à scanner pour chacune des conversations enregistrées. « Une exposition parlée », en somme, qui fera certainement parler d’elle.

Écoutez la discussion qui a réuni Pascal Bastien (Département d’histoire de l’UQAM) et Frédéric Charbonneau (Département de langue française, de traduction et de création de l’Université McGill) :

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