Tous les étudiants aux cycles supérieurs vous le diront : il faut être un parangon de discipline pour rédiger un mémoire ou une thèse. Dans le brouhaha du quotidien, il est ardu de s’astreindre à écrire tous les jours, seul devant son écran, en faisant fi du ménage et de Facebook.
La solution? Une retraite de rédaction, un concept popularisé aux États-Unis sous le nom « Shut Up and Write! », mais qui peine encore à faire sa place au Canada. Pourtant, ce n’est pas l’intérêt qui manque si l’on se fie à une expérience menée par deux doctorantes québécoises, Émilie Tremblay-Wragg et Sara Mathieu-Chartier. En l’espace de quelques mois, elles ont organisé deux retraites, la première en juin et la seconde en décembre, dont les 40 places ont trouvé preneur en quelques jours, attirant même un étudiant d’une université parisienne. Elles ont baptisé leur initiative Thèsez-vous?
« Chaque fois, il y a eu tant de demandes que nous avons dû créer une liste d’attente », dit Mme Tremblay-Wragg, doctorante en éducation à l’UQAM, qui semble encore étonnée de la popularité de l’initiative.
« Il y a un buzz : le mot se passe en classe et sur les réseaux sociaux, confirme Marie-France Goyer, doctorante en sexologie à l’UQAM, qui a participé aux deux éditions. J’avais tellement hâte à la seconde retraite, poursuit-elle. Il n’était pas question que je rate l’inscription. Quand j’ai réservé ma place, j’étais aussi excitée que si j’achetais des billets pour un spectacle des Backstreet Boys! »
Comment explique-t-on un tel succès? D’abord, il y a la formule : les étudiants se retirent pendant trois jours dans un endroit isolé – en décembre, ce fut le Couvent Val-Morin – et se soumettent à un horaire strict alternant les périodes d’écriture, les séances d’activité physique ou de repos et des ateliers de ressourcement, par exemple la lutte à la procrastination. En tout, les participants rédigent pendant 17 heures. « Dans un silence monastique », précise Mme Mathieu-Chartier, doctorante en psychoéduation à l’Université de Montréal.
« À la première édition, je craignais que tout cela ne vire au camp de vacances, mais au contraire, je n’ai jamais été aussi efficace, raconte Marie-Eve Gadbois, doctorante en éducation à l’UQAM. C’est vraiment plaisant d’évoluer dans un environnement aussi structuré où la seule chose à laquelle on doit réfléchir, c’est notre objet de recherche. À la seconde retraite, j’ai écrit pendant quatre heures d’affilée, avec une toute petite pause de cinq minutes. Jamais je n’aurais fait ça chez moi. »
L’horaire a tellement plu à Lyanna Desprès, doctorante en sexologie à l’UQAM, qu’elle l’a reproduit tout l’été à la suite de la première édition, en compagnie de Mme Goyer. « On a rédigé notre mémoire au complet de cette façon », dit celle qui était alors à la maîtrise.
Selon Mme Desprès, le pouvoir de la retraite réside aussi dans la communion d’esprit des participants. « On se sent très seul pendant la rédaction, confie-t-elle. Avec Thèsez-vous, on se retrouve avec nos semblables et on se comprend. Ça crée un environnement de travail très stimulant. »
« Une solidarité incroyable émerge entre les participants », confirme Mme Mathieu-Chartier. Si bien que par un phénomène d’émulation, personne n’ose parler ou même ouvrir Facebook. « On se nourrit de la motivation des autres », poursuit Mme Goyer.
Pour mieux composer avec la soudaine popularité de Thèsez-vous, les organisatrices ont fondé un organisme à but non lucratif, Blitz Paradisio, pour lequel elles ont embauché deux conseillers. La petite entreprise a plusieurs projets dans ses cartons. « Des professeurs intrigués par le concept ont demandé à avoir leur propre retraite et nous projetons l’organiser en février 2016. Nous aimerions aussi mettre sur pied des mini retraites urbaines à Montréal », annonce Mme Tremblay-Wragg.
La troisième retraite de rédaction est déjà sur les rails : elle se tiendra encore au Couvent Val-Morin du 15 au 17 mars, au coût de 200 $, une somme pouvant être remboursée par des associations étudiantes ou des centres de recherche. Pour les moins fortunés, une bourse est offerte par le consortium Érudit. Les organisatrices sont à la recherche d’autres partenaires pour financer des bourses, mais aussi pour fournir un service de traiteur – elles qui ont cuisiné pour tous les participants à chaque édition! Avis aux intéressés.
Bonjour, Je serai intéressée à participer en premier lieu afin d’organiser/offrir Thésez-vous en Estrie Canton de l’Est. Je suis consultante,organisatrice, cuisinière, étudiante et je devrai me mettre à la rédaction de mon essai final sous peu. Je pourrais commencer par cuisiner pour un atelier de Montréal (cuisine santé et végé)!
Marie Toupin
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