« La philosophie pratique est une spécialisation de la philosophie, explique Benoît Castelnérac, responsable du programme et professeur au Département de philosophie et d’éthique appliquée. C’est une réflexion qui porte entre autres sur les conditions de l’action politique, de l’action morale, des mécanismes de l’économie et sur le rapport à la nature. On se penche sur des questions orientées vers le “ici et maintenant” », résume-t-il.
Pour bien ancrer la réflexion philosophique au cœur d’enjeux contemporains, chaque étudiant est suivi par le directeur du Département de philosophie et un directeur provenant du domaine d’études concerné. « La codirection respecte la démarche pluridisciplinaire des étudiants dont les travaux portent sur la philosophie pratique. L’étudiant doit donc satisfaire aux attentes scientifiques d’un philosophe et d’un spécialiste extradisciplinaire », précise M. Castelnérac.
Emmanuelle Marceau, étudiante actuellement inscrite à ce doctorat, est juriste de formation et s’intéresse particulièrement aux questions touchant la médiation.
« Je veux comprendre comment l’éthique et la médiation permettent de résoudre plus facilement, ou en complémentarité avec le droit, une situation conflictuelle. Comment peut-on reconstruire des liens qui se sont brisés entre les personnes », explique Mme Marceau, qui enseigne l’éthique et la philosophie au niveau collégial et à l’Université de Sherbrooke.
À titre d’exemple, Mme Marceau évoque le recours à la médiation lors des causes de divorce. « Par l’éthique et la médiation, on essaie de trouver des solutions qui émergent des personnes et qui correspondent à leur vécu, à leurs valeurs, à leurs projets de vie. De cette manière, on vise l’autonomie des personnes […] pour trouver des solutions réalistes et applicables qui leur conviennent et leur permettront d’aller de l’avant », précise-t-elle.
La philosophie est donc utile aux professionnels car elle leur permet de développer les capacités d’argumentation et d’analyse qui les soutiendront dans la résolution de problèmes souvent causés par l’évolution rapide de la société. Voilà une façon de faire novatrice qui devrait interpeller les entreprises et les organisations publiques.
« Les questions éthiques sont de plus en plus importantes dans le milieu de travail. Il faut des gens polyvalents, capables de prendre des problèmes complexes et de trouver des solutions assez rapidement et qui seront compréhensibles pour tous », conclut M. Castelnérac.