Offert pour la deuxième fois à l’été 2017, le cours Termino à vélo permet à 12 étudiants inscrits au baccalauréat en traduction de l’Université d’Ottawa d’obtenir trois crédits en enfourchant leur bicyclette pour parcourir environ 500 kilomètres et rencontrer une douzaine de terminologues qui travaillent au Québec.
La volonté de rapprocher les milieux universitaire et professionnel est à l’origine de cette excursion éducative qui est prévue du 21 août au 1er septembre. « Termino à vélo, c’est l’occasion d’amener les étudiants chez le langagier professionnel afin de rencontrer des terminologues et des traducteurs et de voir où ils travaillent, ce qu’ils font et quels sont les outils qu’ils utilisent », explique Jean Quirion, directeur de l’École de traduction et d’interprétation et responsable du cours.
Accompagnés d’un professeur et d’un guide de Vélo Québec, les participants visitent les trois grands types d’employeurs chez les traducteurs, soit des entreprises qui embauchent leurs propres traducteurs, des agences de traduction et des traducteurs indépendants. « Les étudiants sont tous chargés d’un certain nombre d’objectifs d’apprentissage pour la classe et chaque endroit qu’on visite répond à un certain nombre de questions qu’ils ont eux-mêmes formulées à l’avance », précise M. Quirion.
En plus de la préparation physique et mécanique, les étudiants devaient s’acquitter des lectures pendant l’été avant de prendre le départ. « Après de nombreuses lectures théoriques sur la terminologie, nous avons rencontré, tout au long du voyage, des gens passionnés, heureux de partager leur expérience professionnelle. Les rencontres en milieu de travail nous ont permis de voir “les vraies choses” et de mieux comprendre les différents milieux de travail », mentionne Nancy Fullerton, participante de Termino à vélo en 2016.
Avant tout une occasion pour les étudiants de s’initier aux termes techniques et spécialisés qui imprègnent le quotidien des traducteurs, ce cours peut aussi être perçu comme un défi sportif et humain. Pour certains, comme Joanie Brault qui a pris part au cours en 2016, le vélo a vraiment changé la donne. « C’est le vélo qui a permis de tisser des liens entre les étudiants du cours (et le professeur). C’est à l’université que l’on se forme notre premier réseau, et c’est grâce à Termino à vélo que j’ai commencé à m’en former un », affirme celle qui s’est dite particulièrement fière d’avoir réussi à parcourir cette distance malgré les doutes qu’elle avait au départ.
M. Quirion, qui se voit davantage comme un accompagnateur qu’un professeur pendant la durée du voyage, cède volontairement la parole à ses pairs pour l’enseignement. « Mon rôle, c’est plus de structurer les étudiants dans l’apprentissage. Après chaque visite, on met en relation ce qui vient d’être dit avec ce qu’on a vu la veille et ce qu’ils ont lu. »
Bien qu’adaptée aux particularités du monde de la terminologie, la formule est en fait inspirée d’un cours d’histoire des affaires intitulé Tour du Québec : histoire et développement offert à HEC Montréal depuis 2015.
Si l’axe de la traduction au pays est connu comme reliant Montréal à Toronto en passant par Ottawa, M. Quirion a plutôt choisi un itinéraire entièrement québécois. Lui-même membre de l’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec, il mise sur son réseau professionnel, et estime qu’il « est plus facile de m’inviter avec une douzaine de termino-cyclistes dans les organisations où j’ai déjà des contacts ou des collègues ». À son avis, Montréal s’imposait et Québec était une destination inévitable à cause de la présence de l’Office québécois de la langue française qui est un des grands organismes de terminologie. Il suffisait ensuite de trouver les différentes étapes pour rejoindre les deux villes.
En théorie destiné aux francophones, l’audience du cours a été élargie pour inclure tous les étudiants inscrits au baccalauréat en traduction à l’Université d’Ottawa. « L’expérience est trop riche pour qu’on soit à l’aise de l’offrir seulement aux francophones, donc exceptionnellement, le cours de terminologie est un cours bilingue », souligne le directeur tout en précisant que la langue d’enseignement demeure le français.
Malgré les défis de recrutement que pourrait représenter le fait que les étudiants doivent renoncer à deux semaines de travail estival et qu’ils doivent débourser environ 1 550 $ pour l’hébergement, les déjeuners, le transport et le guide, et ce, en plus des droits de scolarité, les deux éditions de Termino à vélo ont atteint le nombre maximal d’étudiants pouvant s’inscrire. D’ailleurs, pour alléger le fardeau financier des participants, M. Quirion sollicite des dons auprès de commanditaires, ce qui permet de réduire les frais individuels du tiers.