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Supergrappes d’innovation canadiennes : dévoilement des groupes choisis

Le gouvernement fédéral accorde un total de 950 millions de dollars aux cinq projets retenus.

par NATALIE SAMSON | 21 FEV 18

Le gouvernement fédéral a dévoilé l’identité des bénéficiaires d’un programme de financement visant à créer des « supergrappes », soit des partenariats d’affaires entre des établissements d’enseignement postsecondaire et le secteur privé ayant pour objectif de stimuler l’innovation dans des secteurs de recherche et de développement technologiques à forte croissance. Les consortiums choisis se partageront une enveloppe de 950 millions de dollars.

La ministre des Sciences, Kirsty Duncan, et la ministre de la Petite Entreprise et du Tourisme, Bardish Chagger, ont assisté jeudi dernier à l’annonce du ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains, au Musée des sciences et de la technologie du Canada à Ottawa. Le programme, présenté dans le budget il y a deux ans et bonifié en 2017 avec la publication du Plan pour l’innovation et les compétences des Libéraux, a été qualifié de « legs » par Mme Duncan.

Les supergrappes ont été choisies à partir d’une liste restreinte de neuf candidats, sélectionnés parmi 50 demandes.

Voici les propositions retenues :

  • Supergrappe de l’économie océanique (Canada atlantique) : Le projet, dirigé par Petroleum Research Newfoundland & Labrador, regroupe plus de 110 partenaires qui œuvreront au développement durable et à la croissance de l’économie océanique canadienne. Les associés collaboreront dans un éventail de domaines, dont l’aquaculture, le transport et la sécurité maritimes, les pêches, l’énergie propre et les hydrocarbures extracôtiers. L’Université Dalhousie et l’Université Memorial figurent parmi les partenaires.
  • Supergrappe SCALE.AI (Québec) : Ce groupe mettra à profit l’intelligence artificielle et la robotique pour adapter les chaînes d’approvisionnement et l’exportation mondiales dans les secteurs du commerce de détail, de la fabrication, de la construction et du génie. La demande a été présentée par Optel, une multinationale québécoise de systèmes de traçabilité internationale. Le groupe compte 110 partenaires, dont l’Université de Waterloo et l’Institut de valorisation des données (IVADO) de Montréal.
  • Supergrappe de la fabrication de pointe (Ontario) : La demande a été présentée par Communitech et par le District de la découverte MaRS, des incubateurs de Waterloo et de Toronto, respectivement. Ce consortium s’appliquera à développer les capacités de fabrication de l’« usine du futur ». Il s’intéressera entre autres à la robotique de pointe, à l’impression 3D et aux systèmes de vision 3D employés notamment dans les industries automobile et alimentaire. Plus de 130 partenaires, dont l’Université de Waterloo, participent à ce projet.
  • Supergrappe des technologies numériques (Colombie-Britannique) : Cette équipe, qui réunit TELUS, le Research Universities’ Council of BC, le University Health Network, Microsoft et plus de 270 autres partenaires, veillera à améliorer le développement des technologies numériques ainsi que la collecte, l’analyse et la visualisation des mégadonnées au Canada. Elle s’investira particulièrement dans les secteurs des soins de santé, de la foresterie et de la fabrication.
  • Supergrappe des industries des protéines (Prairies) : Le consortium des Prairies s’appuiera sur le succès du Canada comme important exportateur de canola et de légumineuses pour en faire l’un des principaux fournisseurs de protéines, d’aliments et d’autres produits de source végétale. Ag-West Bio Inc., l’Université de la Saskatchewan, Dow DuPont Agriculture, les Aliments Maple Leaf Inc. et plus de 100 autres partenaires collaboreront à mettre au point de nouvelles technologies en sciences végétales dans le but de créer des semences, des cultures et des méthodes de traitement de qualité supérieure.

Le ministre Bains a comparé les supergrappes à une Silicon Valley canadienne qui créera
50 000 emplois. Selon lui, cet investissement « injectera des milliards de dollars dans notre PIB et situera le Canada en tête de la course mondiale à l’innovation ».

Un représentant de chaque supergrappe a participé à la discussion d’experts qui a suivi l’annonce. Plusieurs conférenciers ont souligné les répercussions qu’auront ces supergrappes dans le secteur postsecondaire. Selon eux, outre le financement accru pour la recherche ciblée, le projet donnera la chance aux chercheurs de valoriser leur travail et aux étudiants d’obtenir de l’expérience pratique dans le secteur privé. Linda Hasenfratz, directrice générale de Linamar Corporation et porte-parole de la supergrappe de la fabrication de pointe, a parlé des possibilités d’éducation expérientielle, faisant remarquer que « tous les étudiants » devraient s’en prévaloir. « Voilà qui devrait nous rapprocher [le milieu universitaire et le monde des affaires]. »

Le directeur général de Petroleum Research Newfoundland & Labrador, Alan Clarke, a souligné que les programmes d’études et les cours qui découleront des supergrappes feront partie des avantages à long terme.

Le ministre Bains a fait remarquer qu’en plus du programme d’innovation, l’initiative des supergrappes contribue au plan d’action en matière de diversité et d’inclusion du gouvernement. Pendant le processus de candidature, les candidats devaient préciser comment ils comptaient inclure les femmes et les groupes sous-représentés dans leur bassin de talent. « Non seulement c’est la voie à suivre, mais c’est bon pour les affaires, soutient le ministre Bains. Si nous voulons que l’innovation porte ses fruits, [elle] doit profiter au plus grand nombre. »

Bill Tam, vice-président de la supergrappe des technologies numériques et ancien président de BC Tech, a affirmé qu’un mandat d’inclusion avait été enchâssé dans les principes directeurs, les chartes, la structure de gouvernance et les stratégies de recrutement de son consortium. Le groupe évaluera son succès en fonction de ce mandat, y compris de la représentation des communautés urbaines, rurales et autochtones, au moyen de « cartes de pointage ». Tristan Mallet, directeur général de la supergrappe SCALE.AI, a ajouté que son groupe s’était formé avec une équipe fondatrice diversifiée dès le départ.

Les conférenciers ont toutefois précisé que les supergrappes n’en étaient qu’à leurs débuts et que leurs équipes et leurs activités n’étaient pas définitives. Selon M. Clarke, la technologie requise uniquement pour la supergrappe de l’économie océanique nécessitera l’appui de nouveaux partenaires. « Nous irons chercher l’aide technologique dont nous avons besoin », a-t-il déclaré.

Dans un communiqué de l’Université de Waterloo, partenaire dans deux supergrappes, Pearl Sullivan, doyenne de la faculté de génie, a noté que les deux entités partageaient de nombreux domaines de spécialité : intelligence artificielle, robotique, systèmes autonomes, analyse des mégadonnées, technologies mobiles et Internet des objets. « Notre réputation comme plaque tournante pour la recherche, le perfectionnement des compétences, la création d’équipes, la collaboration avec l’industrie et le démarrage d’entreprises dans tous ces secteurs n’est plus à faire. Nous avons hâte de façonner l’économie connectée du Canada. »

Quelques universités et facultés participent déjà aux supergrappes, mais le président-directeur général d’Universités Canada, Paul Davidson, a précisé que de nombreuses autres étaient prêtes à s’engager. « Les universités contribuent de manière essentielle à bâtir la capacité d’innovation du Canada, et nos membres de partout au pays se réjouissent à l’idée de devenir des partenaires clés de ces supergrappes afin de contribuer à stimuler l’innovation et la croissance au sein de notre économie mondiale en pleine évolution. Ces nouvelles supergrappes offrent une manière collaborative de créer de nouveaux partenariats ambitieux entre le secteur privé et nos établissements en tirant le maximum de l’expertise, des compétences et des découvertes des chercheurs et des étudiants universitaires dans l’intérêt de la population canadienne. »

Selon David A. Wolfe, codirecteur du laboratoire d’innovation politique à la Munk School of Global Affairs de l’Université de Toronto, le programme « apporte un équilibre indispensable au rendement des différents éléments du système d’innovation canadien. Il s’appuie sur les forces en recherche du secteur de l’enseignement supérieur et des établissements de recherche publics, mais compte sur le secteur privé pour mettre au point la prochaine génération de technologies novatrices essentielles à la création d’emplois au Canada. »

Le financement fédéral du programme de supergrappes d’innovation est garanti pour les cinq prochaines années. Chaque consortium doit verser un montant égal à l’investissement du gouvernement.

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