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L’Université d’Ottawa, précurseur en matière de libre accès

L’établissement finance son nouveau dépôt électronique.

par JOHN LORINC | 08 MAR 10

L’Université d’Ottawa est le premier établissement d’enseignement postsecondaire au Canada à mettre en place une initiative de libre accès à l’échelle de son campus. Après plusieurs années de travail, l’Université d’Ottawa se retrouve à l’avant-scène en matière d’accès en ligne gratuit à la recherche financée par les fonds publics.

Selon Leslie Weir, bibliothécaire en chef de l’Université d’Ottawa, l’initiative comprend plusieurs éléments dont un nouveau dépôt à libre accès pour les articles évalués par les pairs et autres objets d’apprentissage; un fonds pour aider les chercheurs de l’Université à couvrir les frais de libre accès exigés par les éditeurs de revues; un budget annuel de 50 000 $ par année afin de numériser les documents de cours et de les rendre disponibles par l’entremise du dépôt; un fonds pour appuyer les revues à libre accès des Presses de l’Université d’Ottawa.

Dans la présentation de l’initiative à ses chercheurs, l’Université a reconnu que le libres accès sur son campus améliore la diffusion des travaux universitaires, fait grimper le taux de citations d’au moins 300 pour cent et donne des adresses Web « permanentes » aux articles de revues électroniques, remédiant ainsi au problème des liens qui se perdent ou disparaissent.

L’Université a cependant cessé d’exiger que les professeurs affichent leurs travaux dans le dépôt. « Nous sommes tous d’avis qu’il est préférable de mettre en place des mesures incitatives et des encouragements », convient Mme Weir, qui a collaboré à l’initiative avec un groupe interne de partisans dont Michael Geist, professeur de droit de la propriété intellectuelle, et Claire Kendall, professeure à la Faculté de médecine, qui prend part aux publications médicales à libre accès. Le groupe de direction a fait la promotion du libre accès à l’interne, et Mme Weir ajoute que l’objectif consiste à l’incorporer à la planification des programmes.

Les experts canadiens du libre accès applaudissent à l’initiative de l’Université d’Ottawa. « C’est un bon exemple que les autres universités devraient imiter », soutient Leslie Chan, superviseur de programme en nouveaux médias au campus de Scarborough de l’Université de Toronto, et l’un des signataires canadiens de ce qu’on a appelé la Déclaration de Budapest, qui a vu le jour en 2002 à la suite d’un sommet réunissant des pionniers du libre accès.

M. Chan indique que la réussite consistera à faire participer les chercheurs de l’Université d’Ottawa qui, ultimement, sont ceux qui choisissent de formater et de télécharger ou non leurs travaux dans le dépôt. « Posséder l’initiative est une chose, poursuit-il, mais obtenir l’appui des professeurs constitue la preuve réelle de son succès. J’aimerais savoir comment ils s’y prendront pour faire participer les professeurs. »

D’autres croient que l’Université ne devrait pas laisser de telles décisions au hasard. Stevan Harnad, professeur de sciences cognitives à l’Université du Québec à Montréal et à l’Université de Southampton, est un grand défenseur du libre accès. Il soutient que pour garantir l’efficacité de la nouvelle l’initiative, les professeurs devraient être tenus d’afficher leurs travaux dans les dépôts. « À une époque où le financement est limité, l’Université d’Ottawa obtiendrait un bien meilleur rendement si elle adoptait la publication en mode libre accès “vert”, explique-t-il, plutôt que de verser de l’argent à une revue pour la publication en mode libre accès “or”. »

Dans ce domaine, libre accès « vert » fait référence à l’auto-archivage d’articles scientifiques dans les dépôts, dans leur avant-dernière version, c’est-à-dire celle qui précède immédiatement la version qui paraîtra dans une revue évaluée par les pairs; alors que libre accès « or » signifie qu’une compensation est versée à l’éditeur d’une revue afin que l’article soit librement accessible.

M. Harnad souligne que, au Canada, les bailleurs de fonds de la recherche exigent souvent le libre accès aux résultats de recherche comme condition du financement, mais qu’aucune université n’a encore franchi ce pas. Dans le monde entier, 83 établissements de recherche se sont dotés de politiques de libre accès « vert », dont l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT) et le Collège universitaire de Londres. Le MIT s’est aussi doté d’un service de libre accès pour le matériel didactique, le MIT Courseware, qui comprend même le libre accès au contenu des cours et des conférences.

Entre-temps, M. Chan signale un autre obstacle: de nombreux chercheurs ne comprennent pas entièrement leurs droits de propriété intellectuelle ni comment ces droits se sont transformés depuis l’acceptation croissante du libre accès, même parmi les éditeurs. En fait, le programme de l’Université d’Ottawa a pour objectif de permettre aux chercheurs de comprendre comment maintenir certains droits sur des travaux publiés dans les revues évaluées par les pairs, en format papier comme en ligne.

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