Les organisateurs du 79e congrès de l’Association francophone pour le savoir (Acfas) s’étaient lancé un défi de taille : tenir un congrès répondant aux sévères normes d’écoresponsabilité du Bureau de normalisation du Québec (BNQ). Aucun événement de cette envergure ne l’avait fait auparavant. Le projet a nécessité plusieurs innovations, en plus de constituer un réel casse-tête logistique.
L’Université de Sherbrooke a été accréditée, en mars, par le BNQ, selon la norme 9700-253. Elle peut maintenant attribuer une certification « écoresponsable » aux activités se déroulant sur ses campus. De là à choisir d’appliquer cette norme à l’organisation d’un congrès qui a réuni 5 000 chercheurs pendant une semaine sur son campus et celui de l’Université Bishop’s, il y a une marge que les organisateurs n’ont pas hésité à franchir. « Il nous semblait essentiel d’appliquer cette certification à nos événements les plus importants, et le congrès de l’Acfas était un incontournable », confie Alain Webster, vice-recteur au développement durable et aux relations gouvernementales à l’Université de Sherbrooke.
La norme du BNQ établit des critères d’écoresponsabilité pour cinq aspects d’un événement, soit le choix des fournisseurs, la gestion du matériel, des sources d’énergie et de l’eau, la gestion des matières résiduelles, la sélection de l’alimentation et celle des moyens de transport.
Une partie des actions se posent en amont, comme le choix des fournisseurs, ou l’élaboration de l’immense base de données nécessaire au calcul des gaz à effet de serres (GES) engendrés par les congressistes. « Il fallait additionner tous les déplacements des participants, dont plusieurs venaient de l’étranger, en fonction de leur mode de transport, raconte Patrice Cordeau, conseiller en environnement et développement durable à l’Université de Sherbrooke. C’est à partir de ces données qu’on a pu calculer les émissions de GES liées au congrès. »
L’Université compensera ces émissions en participant à des projets de séquestration de carbone, comme la plantation d’arbres par l’organisme Action Saint-François. D’autres aspects ont demandé un effort logistique constant pendant le congrès. C’est le cas de la gestion des matières résiduelles, compliquée par la décentralisation des activités. Une trentaine de bénévoles étaient constamment sur le terrain, par exemple pour récupérer les restes de nourriture et les faire transiter vers des organismes communautaires. Près de 200 kilos de nourriture ont été donnés à Moisson Estrie.
Pour réduire la consommation de papier, les organisateurs ont eu recours aux supports électroniques. Pour le reste, ils se sont tournés vers Cascades, un partenaire important de cet événement, pour obtenir le papier 100 pour cent recyclé sur lequel le programme et les affiches de signalisation intérieures ont été imprimés.
Cascades, une entreprise avec laquelle l’Université de Sherbrooke a une entente de collaboration sur les questions de développement durable depuis 2008, a également fourni plusieurs innovations. « Nous avons élaboré un porte-document expérimental fait de carton 100 pour cent recyclé, de même que des affiches extérieures faites sur un nouveau support écologique en carton hydrofuge, composé entièrement de fibres recyclées et recyclables », explique Carl Blanchet, directeur corporatif au développement des affaires de l’entreprise.
« Si on arrive à rendre écoresponsable un congrès aussi vaste et décentralisé, c’est probablement signe qu’on peut faire de même avec l’ensemble des événements qui se tiennent au pays », soutient M. Webster. Les organisateurs croient que les établissements ont tout intérêt à rendre leurs processus écoresponsables à longueur d’année. Quand les processus internes sont déjà « verts », il est beaucoup plus simple de rendre écoresponsables les événements que l’on organise, peu importe leur taille.