Une entente récemment conclue entre l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) et la Société des établissements de plein-air du Québec (SÉPAQ) fait maintenant d’une partie du parc national de la Gaspésie, un milieu permettant à la science d’évoluer plus librement, et à la vitesse de 2021. Ce riche environnement, pratiquement inexploité jusqu’à aujourd’hui, pourra enfin offrir aux chercheurs des installations de qualité. En d’autres mots, à l’intérieur de quelques kilomètres, les données récoltées dans différents milieux pourront être colligées efficacement et partagées rapidement. Une petite révolution, quoi!
Concrètement, les chercheurs du monde entier pourront dorénavant profiter d’une structure habituellement difficile à recréer en forêt. « Nous offrons un pied-à-terre pour que la communication et l’exploitation des bases de données soient facilitées », résume Luc Sirois, professeur au Département de biologie, chimie et géographie de l’UQAR, et directeur de BORÉAS, un groupe de recherche sur les environnements nordiques. Il cite notamment en exemple qu’il sera possible d’accéder à l’Internet. « Il s’agit donc d’un laboratoire intermédiaire, qui permet de faire le pont entre le terrain et le laboratoire régulier. La science d’aujourd’hui commande que l’on puisse envoyer et recevoir de l’information rapidement et efficacement. »
Les chercheurs de notre époque ne sont pas les premiers à fouler le sol gaspésien afin de profiter de cet environnement aussi versatile qu’accommodant. Jamais par le passé, toutefois, les choses s’étaient ainsi organisées.
« Depuis le XIXe siècle, des scientifiques du monde entier ont exploité et reconnu le territoire », rappelle d’abord M. Sirois. « Nous sommes en quelque sorte les Îles Galápagos du Nord-Est de l’Amérique », ajoute-t-il, faisant référence à la diversité climatique et l’abondance de sujets à étudier, tout ça sur un petit territoire. « Des chercheurs de l’Université Harvard sont venus ici pendant une vingtaine d’années au début du XXe siècle afin d’élucider la très forte concentration de certaines espèces, et à l’inverse, les trous au sein d’autres populations. Des régions riches comme la nôtre, il n’y en a pas dans le Nord-Est américain. Il faut se rendre en Floride et en Californie pour atteindre une telle variété », explique le professeur Sirois.
La biodiversité au cœur de cette entente
Le territoire canadien étant ce qu’il est, les scientifiques avaient déjà accès à une biodiversité marquée, aux quatre coins du pays. Désormais, la force des Chic-Chocs est de proposer cette diversité de milieux à quelques pas les uns des autres. « Et le territoire est très accessible, souligne M. Sirois. Les études comparatives sont énormément facilitées dans ce territoire qui touche plusieurs écosystèmes. On risque de continuer à en apprendre beaucoup sur la répartition des organismes, leur développement et l’endémicité, notamment. »