Pour son vingtième anniversaire, le Consortium d’animation sur la persévérance et la réussite en enseignement supérieur (CAPRES) a reçu… une nouvelle identité. Depuis l’automne, il est devenu l’Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur (ORES).
Le changement n’est pas que cosmétique. L’ORES hérite d’un mandat plus large que celui du CAPRES et disposera de plus de moyens pour le remplir. En février 2022, le ministère de l’Enseignement supérieur annonçait un investissement de 2,85 millions de dollars pour déployer cet organisme. L’équipe devrait compter neuf personnes à l’hiver 2023, soit deux fois plus que l’année précédente.
« La nécessité de créer un lieu commun pour réunir et partager les connaissances au sujet de la réussite au cégep et à l’université représentait un consensus fort des consultations sur la réussite à l’enseignement supérieur de 2021 », affirme la directrice de l’ORES, Julie Gagné. Cela a mené à la fondation de l’Observatoire annoncée dans le Plan d’action pour la réussite en enseignement supérieur 2021-2026.
La réussite éducative se retrouvait également au cœur des préoccupations exprimées dans le rapport sur l’Université québécoise du futur, publié en février 2021 après un autre exercice de consultations.
De lents progrès
L’ORES se vouera à la réussite, et ce, dans son sens large, ainsi l’accessibilité, la persévérance, l’obtention des diplômes et l’insertion socioprofessionnelle à la fin des études feront partie de son champ d’activités.
Les consultations de 2021 sur la réussite en enseignement supérieur avaient notamment montré qu’au cégep et à l’université, le taux d’accès a augmenté significativement au Québec entre 2009 et 2019, mais que le niveau d’obtention des diplômes n’a pas suivi.
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Le taux d’accès au cégep des 18-24 ans a progressé de neuf points de pourcentage pendant cette période (de 56,3 % à 65,3 %), mais le taux d’obtention d’un diplôme d’études collégiales ou d’une attestation d’études collégiales est resté autour de 64 %. À l’université, le taux d’accès au baccalauréat parmi les 18-25 ans est passé de 36,6 % à 42,5 %, mais le taux d’obtention du baccalauréat a lui aussi stagné à environ 80 %. Dans les deux paliers d’enseignement, la hausse du taux d’accès a été beaucoup plus marquée chez les femmes que les hommes.
Au Québec, 29 % des adultes de 25-64 ans détenaient un diplôme universitaire en 2019, comparativement à 32 % dans l’ensemble du Canada et à 35 % en Ontario.
Approfondir des enjeux
Le Québec doit donc s’améliorer, en particulier dans un contexte où la proportion des emplois hautement qualifiés ne cesse d’augmenter, alors que celle des postes peu qualifiés décline. L’ORES poursuivra la mission du CAPRES d’effectuer une veille pour colliger les résultats de recherche et les publications qui portent sur la réussite en enseignement supérieur et pour recenser les nouveaux outils et les meilleures pratiques.
L’Observatoire publiera en outre deux dossiers thématiques par année pour approfondir certains enjeux particuliers, en se basant sur la littérature scientifique et les données probantes. Le premier paraîtra à l’hiver 2023 et se penchera sur l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI). Ces dernières années, le CAPRES avait déjà publié des dossiers sur ce thème, mais toujours en lien avec un groupe précis, comme les Premiers Peuples ou les personnes en situation de handicap.
« Nous voulons cette fois nous intéresser de manière plus globale sur le lien entre l’EDI et la réussite, en touchant les enjeux du milieu d’apprentissage, du milieu de vie et du rôle et des responsabilités partagées de toutes les parties prenantes », précise Mme Gagné.
Le dossier prendra la forme de fiches, soit une pour chaque enjeu, une pour les notions clés de l’EDI et d’autres pour étayer les meilleures pratiques dans ce domaine au Québec et ailleurs. « Cela incarne bien notre volonté de toujours traduire les connaissances en pistes d’actions concrètes pour favoriser la réussite », ajoute la directrice.
Avoir un impact
Le mandat de l’Observatoire ne se limite donc pas à réunir des connaissances. Le transfert et la vulgarisation de ces savoirs sont tout aussi importants. L’ORES publiera d’ailleurs sa propre revue, nommée Relais, dans lequel des chercheurs et chercheuses publieront des articles au sujet de certaines de leurs recherches ou de leurs pratiques. Elle sera diffusée sur le nouveau site Web — qui devrait être en ligne en mars 2023 — ce qui la rendra accessible aux communautés de recherche et de pratique des cégeps et universités, mais également au grand public.
« Dans toutes nos actions et avec tous nos outils, nous souhaitons bien sûr informer et rassembler, mais nous voulons aussi faciliter l’engagement envers des mesures concrètes et favoriser l’instauration de nouvelles stratégies et pratiques afin d’avoir un réel impact sur la réussite au cégep et à l’université », insiste Mme Gagné.
L’équipe de l’ORES travaille d’ailleurs à trouver les meilleurs moyens pour se tailler une place de choix auprès d’une communauté de spécialistes de l’enseignement supérieur toujours très sollicitée.
« Nous ne partons pas de zéro, puisque nous pouvons nous appuyer sur les deux décennies d’expérience du CAPRES et sur une équipe aguerrie dont les membres proviennent de divers domaines, souligne Mme Gagné. Nous souhaitons devenir une courroie de transmission importante des connaissances et des pratiques qui favorisent la réussite de l’ensemble des populations étudiantes. »