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Une boîte à outils des principes de la recherche en contexte autochtone plus pertinente que jamais

« Le regard sur les peuples autochtones peut parfois être erroné, voire déformé par l’interprétation des auteurs (chercheurs).»

par VÉRONIQUE MORIN | 27 AVRIL 17
Karine Gentelet. Photo de UQO.

Lorsque la sociologue française Karine Gentelet débarque au Québec en 1990, en pleine crise d’Oka, elle est consternée de constater à quel point les préjugés teintent les relations entre les Blancs et les Autochtones du Canada.

Alors qu’elle poursuit ses études en anthropologie à l’Université Laval; elle se rend compte que le milieu de la recherche est tout aussi ignorant et insensible aux principes d’éthique qui devraient régir les recherches en milieu autochtone.

Quelques années plus tard, elle décide de sonder le milieu de la recherche. Elle lance un appel à tous à l’intérieur des réseaux universitaires du Québec visant à mettre sur pied une boîte à outils pour les chercheurs. Elle s’associe alors à deux chercheuses d’origine autochtone, l’anthropologue de formation Suzy Basile, membre de la nation Atikamekw de Wemotaci, et aujourd’hui professeure à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue et Nancy Gros-Louis Mchugh, membre de la communauté de Wendake et gestionnaire du secteur de la recherche à la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador. « Le regard sur les peuples autochtones peut parfois être erroné, voire déformé par l’interprétation des auteurs (chercheurs) », explique Mme Basile.

« Ce premier appel confirme le besoin et l’intérêt des chercheurs, et du milieu autochtone, pour un tel outil », affirme Mme Gentelet, aujourd’hui professeure à l’Université du Québec en Outaouais. Cette « boîte » rassemble sur un même site Internet les ouvrages de recherches déjà existants les plus pertinents, une section vidéo et des articles soumis par des chercheurs de façon volontaire. Le tout fait état des projets de recherche qui ont développé des protocoles spécifiques au milieu autochtone. « Il n’existait rien du genre auparavant », soutient la sociologue.

Certains textes reçus permettent de constater les écueils et problèmes d’approche en recherche, le manque de compréhension et de sensibilité des chercheurs, alors que d’autres font état d’un éveil de leur part.

« Il y a quelques années à peine, on a eu des exemples catastrophiques où les gens nous ont appelé pour nous demander de l’aide et des conseils. C’était catastrophique dans la mesure où les gens (autochtones) ne se reconnaissaient pas du tout dans les résultats de recherche parce que, entre autres, ils n’avaient pas été consultés », explique Suzy Basile.

Parmi les textes « phares » inclus dans la boîte, on retrouve le protocole de recherche développé par les Premières nations du Québec et du Labrador. Ce protocole souligne les principes de la recherche en contexte autochtone, soit l’éthique, le respect, l’équité, la réciprocité, la collaboration et la culture.

La boîte qui est disponible en ligne gratuitement a suscité un tel intérêt selon les trois chercheuses qu’elles lancent un nouvel appel à textes, vidéos et articles pour en faire une 2e édition qui sera disponible dès l’été prochain.

«Les pratiques de recherche ont déjà beaucoup changé depuis le début de notre projet, constate Mme Basile. On sent un plus grand respect de la part des chercheurs et de façon générale qu’ils sont davantage conscientisés à la nécessité de travailler avec les peuples autochtones dans le respect et l’esprit de partage. »

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