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Une enquête tente de cerner qui sont les chercheurs postdoctoraux canadiens

En raison du manque de données, il est difficile de concevoir des politiques pouvant répondre aux besoins des postdoctorants.

par DAVID KENT | 10 AVRIL 13

En 2009, la nouvelle Association canadienne des stagiaires post-doctoraux (ACSP) a effectué sa première enquête sur les chercheurs postdoctoraux (CPD). Les résultats ont révélé que les chercheurs du Canada ont en moyenne entre 30 et 35 ans, gagnent moins de 40 000 $ par année et ne bénéficient pas tous d’un régime d’assurance-maladie ou d’avantages sociaux.

Cet aperçu des conditions de travail des CPD a été effectué en période trouble. En effet, le gouvernement fédéral venait tout juste d’apporter une modification à sa politique fiscale prévoyant l’exonération d’impôts des bourses d’études. Cette modification ne faisait cependant pas mention des bourses de recherche postdoctorale. De fait, nombreux sont les titulaires de doctorat ayant poursuivi leurs recherches en tant que CPD et qui disposent actuellement de revenus moindres que ceux dont ils disposaient lorsqu’ils étudiaient aux cycles supérieurs.

Afin de vérifier si la situation a évolué, l’ACSP a lancé une nouvelle enquête sur les CPD et invite tous les chercheurs postdoctoraux du Canada à y participer. Jeremy Mitchell, ancien président de l’ACSP et responsable de l’enquête, a indiqué qu’il est absolument nécessaire de recueillir des données à jour et complètes. « Au cours de mon mandat de président, j’ai passé beaucoup de temps à réfléchir à la diversité des conditions de vie et des priorités des CPD, affirme-t-il. Comment une université doit-elle concevoir ses politiques afin de répondre à tous ces besoins différents? Comment le Canada s’y prend-il? Nous devons commencer par disposer de données précises sur les postdoctorants canadiens. »

L’enquête est effectuée grâce à l’aide de Mitacs, organisme à but non lucratif, et d’Academica, cabinet-conseil axé sur l’enseignement supérieur.

Avant l’enquête de 2009, il y avait peu de données sur la situation déplorable des CPD canadiens. L’enquête, à laquelle près de 1 200 CPD ont participé, a donné du poids aux arguments des chercheurs qui faisaient valoir qu’ils n’étaient pas adéquatement soutenus. Par la suite, plusieurs rapports négatifs, comme celui dans la revue Nature sur le manque de soutien du Canada envers les CPD ont été publiés et des groupes comme l’ACSP et l’Association canadienne des administrateurs postdoctoraux (ACAP) ont été mis sur pied.

Manque de données au Canada

Voici un exemple du manque de compréhension de la situation des CPD au Canada : l’enquête de 2009 avait estimé que 6 000 CPD travaillaient au Canada. Cependant, comme il en a été fait mention lors de la réunion inaugurale de l’ACAP de l’année dernière, les administrateurs des universités croient qu’il s’agit plutôt de 9 000 CPD, ce qui est encore sous-estimé, car de nombreux CPD sont financés par des organismes internationaux ou travaillent comme chercheurs postdoctoraux dans le secteur industriel.

Rob Annan, vice-président, Recherche et politiques à Mitacs, félicite l’ACSP de procéder à une nouvelle enquête. « Il existe un manque flagrant d’information sur les conditions de vie des CPD canadiens, et cela signifie que nous connaissons peu le secteur de la recherche et de l’enseignement supérieur », indique-t-il.

L’actuel président de l’ACSP, Chris Corkery, affirme que le principal objectif de son mandat est « d’améliorer la qualité et la portée de notre représentation des chercheurs postdoctoraux. Nous avons augmenté nos interactions avec les trois organismes subventionnaires de recherche, l’ACAP, certains établissements et les associations postdoctorales internationales. » De plus, l’ACSP organise des téléconférences régulières ainsi qu’une réunion annuelle pour relier entre elles les associations de CPD de chaque université.

Le besoin de données va au-delà des politiques, car de nombreux CPD ne disposent pas de l’information adéquate pour faire des choix de carrière. « Le marché de l’emploi dans le milieu universitaire se resserre et le nombre de détenteurs de doctorats augmente, les services d’orientation et de préparation à l’emploi devront donc s’adapter, indique M. Annan. Mais pour prendre des décisions éclairées quant à la façon de s’adapter, tant au niveau individuel qu’à l’échelle politique, il faut des données. »

Le caractère transitoire et ciblé des postes de niveau postdoctoral représente une difficulté dans le cadre de la collecte de données, indique Julie Peters d’Academica. « Il n’existe aucune liste exhaustive des CPD au Canada, cela représente notre plus grand défi à relever [pour cette enquête], explique-t-elle. En l’absence d’une telle liste, il existe toujours un danger de ne pas tenir compte d’un important segment de la population. C’est pourquoi il est essentiel de faire connaître l’enquête à l’aide de multiples moyens de communication afin de joindre les CPD occupant un éventail de postes au sein d’une multitude d’organismes. »

COMMENTAIRES
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  1. unpostdoc / 29 juillet 2013 à 14:24

    La question qu’on devrait également ou surtout se poser est celle touchant les stagiaires postdoctoraux qui se ramassent après tant d’années d’études au CHÖMAGE. Inconcevable et inpensable sinon injuste dans une société aussi développé que la notre ! une réalité sur laquelle une attention particulière devrait être posé. À quoi bon ça sert tant d’années d’étude si on doit se ramasser en bas de l’échelle ? Pour ma part si une personne atteint un tel niveau d’étude, c’est qu’elle n’a aucunement besoin de prouver ses compétences et si une personne atteint un tel niveau, elle doit automatiquement être embauché au poste convoité. Pourquoi des techniciens s’embauchent rapidement comme techniciens, des infirmiers comme infirmiers, des coiffeurs comme coiffeurs, ….mais un postdoc doit baver encore pour décrocher un poste !! le monde à l’envers et ça n’encourage aucunement nos jeunes à faire des études plus poussés que le secondaire.

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