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Une Inde confiante séduit les universités canadiennes

Pourront-elles profiter pleinement des occasions qu’offrent les échanges et les partenariats en puissance?

par DANIEL DROLET | 11 JAN 10

Il y a quatre ans, Sheila Embleton, qui était alors vice-rectrice à l’enseignement à l’Université York, s’est rendue en Inde pour la première fois. Mme Embleton, qui a aidé à créer la première Stratégie pour l’Inde à York, est maintenant présidente de l’Institut indo-canadien Shastri et, en décembre dernier, elle effectuait son troisième voyage vers le sous-continent indien en six semaines. En très peu de temps, elle, qui ne connaissait pratiquement rien à l’Inde, est devenue une experte.

Son parcours est très représentatif des relations universitaires entre l’Inde et le Canada, parallèlement aux établissements postsecondaires canadiens qui, dans un mouvement de masse, tentent de créer des liens avec les universités et les entreprises indiennes. Mais, malgré le fait que les dirigeants politiques et les chefs d’entreprise canadiens, y compris le premier ministre du Canada et plusieurs premiers ministres provinciaux, se soient rendus en Inde pour faire des affaires, de nombreux établissements canadiens ne savent pas trop comment tirer profit du potentiel qu’offre ce pays.

Les relations universitaires entre le Canada et l’Inde sont sur le point de se développer dans deux principaux domaines : les échanges et les partenariats. Les deux sont influencés par l’essor que connaît l’économie indienne, ce qui stimule la demande pour des services d’éducation, explique Ryan Touhey, professeur d’histoire à l’Université St. Jerome’s du campus de l’Université de Waterloo.

M. Touhey indique que la classe moyenne du pays compte maintenant près de 200 millions de personnes, ce qui signifie que des millions de familles sont maintenant en mesure d’offrir à leurs enfants un enseignement supérieur. La population de l’Inde dépasse largement le milliard et cette population est jeune. Même si le pays a récemment décidé de majorer de 40 pour cent son budget consacré à l’enseignement supérieur et de créer des milliers (littéralement) de nouveaux établissements, le secteur ne par-vient pas à satisfaire à la demande.

Cette situation permet aux universités canadiennes qui le souhaitent d’accroître leurs effectifs étudiants. Pari Johnston, directrice de la Division des relations internationales à l’Association des universités et collèges du Canada, affirme que cet intérêt est motivé en grande partie par la reconnaissance de points communs; l’Inde est une démocratie où l’anglais est très répandu. En outre, la diaspora indienne au Canada est actuellement mobilisée pour éta-blir des relations universitaires.

Toutefois, Mme Johnston souligne que le Canada n’attire pas autant d’étudiants indiens qu’il le pourrait et, comme plusieurs, elle attribue cette situation d’une part au manque de coordination des efforts du Canada et d’autre part l’intensité du recrutement qu’effectuent certains pays. Dans un document préparé pour le Conseil international du Canada en 2009, M. Touhey constate que pour 2007-2008, le Haut-commissariat du Canada en Inde ne disposait que de 50 000 $ pour promouvoir les possibilités d’éducation au Canada; une somme pitoyable. L’an dernier, lors d’une rencontre commanditée par l’Institut Shastri, il a été proposé que le Canada triple le nombre d’étu-diants au premier cycle qu’il accueille annuellement, pour le porter à 15 000.

Bien que la qualité des établissements indiens soit inégale, il y existe des établissements de renommé mondiale et l’Inde ne demande pas la charité; elle veut établir des partenariats. De nombreux établissements postsecondaires canadiens ont récemment conclu avec l’Inde des marchés qui semblent ouvrir la voie vers de futures ententes.

L’Université de Waterloo et la Canada India Foundation (fondation Canada-Inde), ont par exemple annoncé un fonds conjoint de 10 millions de dollars pour la création de chaires destinées aux professeurs de Waterloo et aux professeurs indiens invités. La Schulich School of Business de l’Université York vient de lancer le MBA Schulich en Inde, le premier programme de maîtrise en administration des affaires offert dans ce pays par une école de gestion étrangère.

Indira Samarasekera, rectrice, Université de l’Alberta, affirme pour sa part que les universités qui souhaitent établir des partenariats ave l’Inde doivent cerner les domaines dans lesquels ils disposent d’un avantage concurrentiel. L’établisse-ment qu’elle dirige a ciblé l’énergie et la santé, ce qui a donné lieu à des occasions d’affaires avec les instituts de technologie indiens de Bombay, les services-conseils de Tata et la société Pétrotech de New Delhi.

L’Université Laval a aussi commencé à mettre en place des partenariats avec l’Inde entre autres dans les domaines de l’enseignement du français, de la traduction et de certains aspects de la santé. « Nous fonctionnons par projet, quand on a une idée ou un contact, explique Richard Poulin, directeur des relations internationales de Laval. Nous n’avons pas un grand nombre de partenaires, mais notre expérience nous a démontré que ça pouvait nous amener d’excellents étudiants. »

Mario Pinto, vice-recteur à la recherche à l’Université Simon Fraser, croit que pour pénétrer le marché indien, il faudra reconnaître leur façon de faire et s’y adapter. En Chine, pour-suit-il, « on fait affaire avec l’autorité gouvernementale, il existe un système hiérarchique et les choses se mettent en place ». En Inde, les relations sont souvent très personnelles et fondées sur la confiance. M. Pinto affirme aussi que si des partenariats doivent se créer, il devra y avoir de l’argent en jeu.

Mme Samarasekera estime que le temps est venu. Les pays qui se tournent actuellement vers l’Inde sont si nombreux que, « seuls ceux qui feront une proposition mettant en jeu d’importantes sommes d’argent y arriveront ».

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