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Une langue morte qui ne veut pas mourir

Professeur Jean-François Cottier est l’auteur d’un ouvrage sur le métier de latiniste

par YVES LUSIGNAN | 09 FEV 09

Les amateurs de football américain le savent depuis longtemps : chaque édition du Super Bowl est annoncée en chiffres romains, ce qui convient très bien à ces gladiateurs des temps modernes! Cette année, nous en étions à la finale XLIII, autrement dit à la 43e.

Et c’est sans parler de toutes ces locutions latines qu’on glisse encore dans le vocabulaire courant sans trop s’en rendre compte : a priori, ad hoc, alter ego, de facto, curriculum vitæ, manu militari, post mortem, post scriptum, statu quo, vox populi, condition sine qua non et cætera, sans oublier le très canadien A mari usque ad mare.

Eh bien, figurez-vous que cette langue qu’on dit morte s’enseigne toujours en 2009.

Jean-François Cottier, professeur agrégé au Département des littératures de langue française à l’Université de Montréal, est l’auteur d’un ouvrage sur le métier de latiniste. Profession latiniste, publié aux Presses de l’Université de Montréal, fait partie d’une collection sur les professions universitaires lancée en 2006.

M. Cottier enseigne à ceux dont le latin est la spécialité et à tous ceux qui ont besoin du latin pour accéder aux sources originales. « On a utilisé le latin en Occident pendant une vingtaine de siècles comme langue de culture, d’éducation, du droit et de la politique, ainsi que comme langue sacrée. Jusqu’au XVIIIe siècle, tout texte important était écrit en latin », rappelle M. Cottier.

Le latin a la vie dure. « Il n’y a pas si longtemps, 25 pour cent des députés européens avaient imaginé faire du latin la langue de l’Europe pour les documents officiels », souligne-t-il.

La Finlande diffuse même chaque semaine des bulletins de nouvelles… en latin!

Et que dire de l’auteure de Harry Potter, J. K. Rowling, qui a fait traduire ses romans dans cette langue. « Les anglo-saxons n’ont jamais renoncé au grec et au latin », fait remarquer M. Cottier. En France, dans certaines zones d’éducation prioritaire, on utilise le latin comme outil d’intégration; cette langue met tous les élèves au même niveau et leur permet de mieux appréhender ensuite le français.

M. Cottier plaide pour un retour de l’enseignement du latin dans les écoles au Québec. C’est même son cheval de bataille. « Il me semble que le retour du latin dans l’enseignement au secondaire serait très positif à une époque où on pleure un peu sur le niveau du français écrit. »

La collection Profession, qui est « unique au monde », a pour but de mettre en lumière le travail des universitaires, dixit son directeur Benoît Melançon. Elle s’adresse aux finissants du Cégep et aux étudiants universitaires de première année qui n’ont pas arrêté définitivement leur choix de carrière. Vous songez à être criminologue, astronome, géographe, musicologue, sinologue, traducteur, urbaniste, philosophe, éthicien, historien, lexicographe, la collection Profession est là pour répondre à vos questions.

Les livres sont parfois très autobiographiques mais dans tous les cas, les auteurs doivent expliquer leur cheminement. « On ne parle pas de la profession de manière désincarnée, mais à partir de son propre parcours », explique M. Melançon, qui vise un large public.

La collection commence déjà à piquer la curiosité outre-mer. Le livre Profession sinologue, par exemple, sera bientôt traduit en chinois et vendu par les Presses de l’Université de Pékin. « Si les Chinois se donnent la peine de traduire un livre qui explique ce que c’est que d’être un sinologue, je ne peux que m’en réjouir. »

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