Passer au contenu principal
Actualités

Une nouvelle étude soutient que les politiques en faveur du travail des femmes universitaires ne sont pas très fructueuses

Les chercheurs observent que les politiques visant à favoriser l’avancement des femmes en science ne remportent pas le succès espéré.

par MARIE LAMBERT-CHAN | 11 DÉC 13

Une nouvelle étude publiée dans Nature constate que les femmes produisent moins d’articles scientifiques que les hommes dans la plupart des disciplines et des pays, à l’exception de la Lituanie, de l’Ukraine, de la Macédoine et du Turkménistan. Elles sont aussi moins présentes dans les projets de recherche internationaux et leurs articles sont généralement moins cités, même si elles en sont les premières auteures.

« Ces résultats démontrent qu’il existe des inégalités de genre systémiques en science », estime Vincent Larivière, professeur à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal et premier auteur de l’étude. Son rapport est publié dans le magazine Nature cette semaine.

Pour en arriver à ces conclusions, les noms de 27 millions d’auteurs de 5,4 millions d’articles publiés entre 2008 et 2012 ont été analysés. « Depuis 2008, la banque de données Web of Science, qui indexe tous les articles scientifiques depuis 1900, inscrit les prénoms en entier des auteurs au lieu des initiales. Cela nous a permis d’identifier le sexe de la majorité des chercheurs et ainsi, de mesurer la place des femmes dans chaque discipline et chaque pays », explique M. Larivière, qui a pu compter sur la collaboration de chercheurs de l’Observatoire des sciences et des technologies de l’Université du Québec à Montréal et de la School of Informatics and Computing de l’Université de l’Indiana.

M. Larivière et son équipe ont constaté sans surprise que, partout dans le monde, les femmes scientifiques étaient moins nombreuses que leurs collègues masculins, sauf dans quelques pays de l’ancienne Union soviétique. « Peut-être est-ce attribuable à leur passé communiste, un système où les rapports hommes-femmes étaient davantage égalitaires », remarque-t-il.

Au total, moins de 10 pour cent des pays seraient en voie d’atteindre l’égalité des genres. En Amérique du Nord, certaines provinces ou États tendent vers la parité. C’est le cas du Québec, de l’Oregon et de l’État de Washington. On remarque une tendance similaire au Brésil, en Argentine et en France. À l’inverse, l’Arabie saoudite, l’Iran et les pays du Maghreb demeurent des lieux peu favorables à l’épanouissement des carrières scientifiques féminines.

Du côté des disciplines, les chercheuses se distinguent dans les domaines liés aux soins, comme les sciences infirmières, la gériatrie, la nutrition, le travail social, l’éducation, l’étude des troubles alimentaires et l’orthophonie. Les hommes dominent dans toutes les autres disciplines, des mathématiques au génie en passant par la philosophie et le théâtre. Si les femmes présentent un réseau de collaborations nationales plus étendu que celui des hommes, elles ne soutiennent pas la comparaison sur la scène mondiale.

Selon M. Larivière, les résultats les plus désolants sont ceux portant sur l’impact scientifique des femmes. « Qu’elle soit première auteure ou dernière auteure, qu’elle soit seule à signer l’article, qu’elle fasse partie d’une collaboration nationale ou internationale, la femme reçoit constamment moins de citations que l’homme, et ce, dans tous les pays ou presque », observe-t-il.

M. Larivière et ses collègues ont souhaité faire état de la situation des chercheuses à travers le monde sans pour autant s’avancer sur les causes de ces disparités. « Tout cela est très complexe et nécessiterait une analyse qualitative approfondie, affirme M. Larivière. Pour le moment, nous pouvons simplement constater que les politiques visant à favoriser l’avancement des femmes en science ne connaissent pas le succès espéré. Une véritable transformation s’opèrera quand nous prendrons en considération les différentes forces sociales, économiques et politiques à l’œuvre dans les pays où travaillent ces chercheuses. »

Bibliometrics: Global gender disparities in science,” par Vincent Larivière, Chaoqun Ni, Yves Gingras, Blaise Cronin & Cassidy R. Sugimoto. Nature, 11 December 2013., vol. 504, issue 7479.

COMMENTAIRES
Laisser un commentaire
University Affairs moderates all comments according to the following guidelines. If approved, comments generally appear within one business day. We may republish particularly insightful remarks in our print edition or elsewhere.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. Moons / 12 décembre 2013 à 08:54

    Donnez nous des chiffres pour illustrer vos propos s’il vous plait !

Click to fill out a quick survey