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Université de Saint-Boniface: 200 ans de résilience

Cinq faits saillants donnent un aperçu de l’histoire de l’établissement manitobain bicentenaire.

par ANABEL COSSETTE CIVITELLA | 14 FEV 18
L’abbé Provencher.

Une maisonnette, quelques cours de grammaire et de catéchisme, des étudiants dont l’assiduité fluctue au gré de la chasse aux bisons. En 1818, l’abbé Provencher ne se doute probablement pas que la modeste école de colonie qu’il démarre sur les rives de la rivière Rouge, au centre du Manitoba, allait devenir l’université francophone la plus importante dans l’Ouest canadien.

L’Université de Saint-Boniface (USB) – que certains anciens appellent encore « le
Collège » – fête ses 200 ans cette année. Un bicentenaire de résilience, estime l’archiviste Carole Pelchat, qui connaît par cœur l’établissement où elle a elle-même étudié.

Imaginez un peu. Il y a deux cents ans, un religieux de 31 ans nommé Provencher accepte un mandat, et non le moindre : établir l’éducation dans l’Ouest canadien. « Au début, trouver des enseignants, ce n’était pas évident, explique Mme Pelchat. Les prêtres arrivaient, travaillaient quelques mois, puis repartaient établir une mission ailleurs. » Néanmoins, l’école modeste grossit peu à peu et Mgr Alexandre Taché la prend sous sa gouverne. En 1855, le Collège de Saint-Boniface est officiellement fondé.

En 1877, l’établissement fête ses 22 ans d’existence, lorsque, toujours sous la direction de Mgr Taché, il contribue à la fondation de l’Université du Manitoba. « Les gens oublient l’importance de cet événement, mais Mgr Taché en était très fier. » Cette collaboration a officialisé les diplômes universitaires et a permis d’instaurer plus de programmes. Le Collège – catholique et bilingue – avait enfin une portée universitaire.

Monseigneur Alexandre Taché.

Moins de 10 ans plus tard, Mgr Taché donne le mandat aux Jésuites de « prendre soin de « son » collège », raconte l’archiviste qui considère l’apport des religieux comme crucial dans l’histoire de l’établissement. De 1885 à 1967, ils construisent un laboratoire de chimie à la fine pointe de la technologie, une bibliothèque de 20 000 volumes et un musée. Ils possèdent même un sismographe!

Puis, arrive l’incendie du 25 novembre 1922. Dans le cadre des célébrations du 200e anniversaire, Mme Pelchat a sorti des cartons le rapport d’incendie de l’événement le plus marquant de l’histoire de l’USB. Ce jour-là, raconte-t-elle, 10 personnes sont mortes et tout a brûlé. « Sauf trois registres, dont celui qui attestait de l’incorporation [le collège est l’une des premières institutions officielles du Manitoba]. Le procureur de l’époque les a jetés par la fenêtre du premier étage, avant de se sauver des flammes. » Perte matérielle autant que symbolique; le Collège accueillait anglophones et francophones, mais la relocalisation dans un plus petit bâtiment après l’incendie a accéléré la séparation des langues.  « C’est à cette époque-là que les anglophones ont décidé de construire leur école de l’autre côté de la
rivière », dit-elle.

Une photo de l’incendie du 25 novembre 1922.

Malgré les écueils – comme la loi Thornton (1916) qui interdisait l’enseignement en français dans la province – le Collège de Saint-Boniface devenu Université en 2011 a toujours été une enclave de résistance francophone. Depuis trente ans, les anglophones viennent même de plus en plus s’éduquer en français à l’USB. « Le phénomène d’immersion [des anglophones] a beaucoup aidé. Aujourd’hui, les écoles d’immersion débordent! Une bonne nouvelle pour l’USB », conclut Mme Pelchat.

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