L’Université Laval a dévoilé un ambitieux nouveau programme qui vise à créer 50 chaires universitaires afin de stimuler le leadership en enseignement. « Les universités n’existent qu’à la seule fin d’enseigner, déclare Éric Bauce, vice-recteur exécutif et au développement. La création de chaires qui offrent aux enseignants l’occasion d’élaborer de nouveaux outils et de nouvelles méthodes en harmonie avec la génération actuelle vient appuyer notre mission et nos valeurs. »
Annoncé en mai, le nouveau Programme de chaires de leadership en enseignement prend la forme d’une action concertée de l’Université Laval, des entreprises et du gouvernement. Le programme, que l’Université considère comme la plus importante initiative de cette nature jamais entreprise par une université canadienne, vise à créer 10 nouvelles chaires par année pendant cinq ans grâce à un financement de 20 millions de dollars provenant de partenaires du secteur privé et de 15 millions de dollars de l’Université.
Selon M. Bauce, principal artisan du programme, chaque chaire générera environ 400 000 $ de financement provenant de commanditaires pendant cette période de cinq ans. La majeure partie de cette somme, environ 60 000 $ par année par chaire, servira à payer la moitié du salaire du titulaire de chaire. Les commanditaires verseront au moins 15 000 $ supplémentaires par année pour financer les méthodes et les pratiques pédagogiques novatrices que les titulaires de chaire auront pour mandat d’élaborer.
« Nous voulons que les titulaires de chaire marient la technologie à l’enseignement classique, explique M. Bauce. Par exemple, qu’ils intègrent l’utilisation d’appareils de communication actuels à un cours de façon à renforcer les capacités et la compétitivité des étudiants. »
Qui seront les titulaires de chaire? Probablement des professeurs permanents, des professeurs invités et des étudiants postdoctoraux séduits par l’idée d’enseigner à des étudiants au premier cycle. Leur rendement sera évalué selon plusieurs indicateurs, notamment les rapports d’activité annuels, les taux de maintien aux études, les évaluations des étudiants et la rétroaction des employeurs ayant embauché leurs étudiants diplômés.
Au sujet des commandites du secteur privé, M. Bauce ajoute : « il importe de souligner que nous avons mis en place un système qui protège l’autonomie de l’Université. C’est nous qui établissons le programme d’enseignement de chaque chaire; les commanditaires n’interviennent pas dans le processus. Ils investissent dans le programme; ils ne le dirigent pas ».
La notion d’indépendance a représenté le principe directeur des discussions qui ont débuté il y a un an entre le corps professoral, les anciens étudiants et les étudiants pour trouver une nouvelle façon d’augmenter la participation financière des partenaires privés et publics à l’enseignement et à la formation des étudiants au premier cycle, ajoute-t-il. « Nous avons examiné plusieurs démarches, affirme M. Bauce, et le programme de chaire en enseignement financé conjointement a recueilli un large consensus puisque nos partenaires en profitent directement. »
La réponse des entreprises a été encourageante. À ce jour, six chaires ont été créées dans divers secteurs – les mines, les sciences sociales, la religion, l’administration et l’agriculture – et plusieurs autres sont en voie de l’être.
Bien qu’il n’ait pas entendu parler du nouveau programme de l’Université Laval au moment où Affaires universitaires a communiqué avec lui, Glen Loppnow, professeur de chimie à l’Université de l’Alberta et lauréat d’un prix national 3M en enseignement, le qualifie d’heureuse nouvelle. « Toute initiative qui améliore l’enseignement est formidable en soi, déclare M. Loppnow, titulaire de la chaire d’enseignement Vargo de l’Université de l’Alberta et membre du conseil de la Société pour l’avancement de la pédagogie dans l’enseignement supérieur. Ce programme semble extraordinaire. »
Selon M. Loppnow, peu d’universités au Canada ont fondé des chaires qui appuient et incitent les professeurs à innover et à mettre au point de nouveaux outils et de nouvelles méthodes d’enseignement. « Il est important d’explorer de nouvelles démarches et d’intégrer progressivement celles qui fonctionnent. Hélas, les ressources que la plupart des établissements consacrent à cette fin sont insuffisantes. »