Imaginez que vous deviez résumer en trois minutes les travaux de recherche que vous menez depuis des années en prévision de votre thèse. Telle est justement l’idée du concours Three-Minute Thesis, ou 3MT, qui fait actuellement fureur aux cycles supérieurs au Canada.
Le concept est simple : les étudiants participants doivent expliquer en quoi consistent leurs travaux de recherche en trois minutes à peine, dans un langage accessible et à l’aide d’une seule diapositive. Le premier concours du genre a eu lieu en 2008 à l’Université du Queensland, en Australie. Au Canada, le premier concours 3MT s’est déroulé en 2011 à l’Université de la Colombie-Britannique, à laquelle d’autres universités ont emboîté le pas dès 2012. Parmi celles-ci figurent nombre d’universités du Québec, où l’exercice est appelé « Votre soutenance en 180 secondes ».
La grande finale 2012 des concours québécois s’est déroulée à Montréal en mai dernier, dans le cadre du congrès de l’Association francophone pour le savoir (Acfas). Trente et un étudiants provenant de 16 universités de la province y ont pris part. L’Acfas accueillera encore une fois cette année cette grande finale, dans le cadre de son assemblée annuelle prévue à Québec du 6 au 10 mai.
En 2013, au moins 30 universités réparties d’un océan à l’autre ont organisé des concours 3MT. La toute première grande finale ontarienne, visant à départager des étudiants de 17 universités de la province, a eu lieu le 18 avril dernier à l’Université Queen’s.
L’Université Simon Fraser a tenu son tout premier concours 3MT au début de mars 2013. Selon sa vice-doyenne aux études supérieures, Mary Ellen Kelm, « l’occasion est toute indiquée pour que les étudiants fassent leur autopromotion ainsi que la promotion de leurs travaux de recherche et des études supérieures dans leur ensemble ». Mme Kelm ajoute que ce type d’exercice permet d’une part au grand public de constater l’importance des travaux des étudiants aux cycles supérieurs, et d’autre part à ces derniers d’améliorer leurs compétences en communication.
Laurie Lamoureux Scholes, directrice de l’équipe des compétences universitaires et professionnelles à l’Université Concordia, souligne pour sa part que nombre de participants au concours de l’an dernier ont dit vouloir y prendre part de nouveau cette année et ont invité leurs amis à faire de même. « La plupart des étudiants aux cycles supérieurs consacrent beaucoup d’énergie, de passion et de temps à leurs travaux de recherche, précise-t-elle, mais souvent dans l’isolement. C’est formidable pour eux de pouvoir enfin faire part de leur passion. »
Les concours 3MT sont ouverts à tous gratuitement. Les participants sont évalués selon trois critères principaux : leur style de communication, leur sens de la vulgarisation ainsi que leur engagement. Les concours se déroulent généralement en deux phases et des prix en argent sont décernés aux grands gagnants.
Carole El Ayoubi, doctorante en génie à l’Université Concordia, a remporté l’an dernier le prix du public lors du concours 3MT de cet établissement. « Ce concours était un peu stressant, confie-t-elle, mais quand j’y repense aujourd’hui, le fait d’y participer m’a permis d’assister à de nombreux exposés sensationnels. »
De nombreuses universités, dont l’Université Concordia, proposent des ateliers préparatoires au concours 3MT. Mme El Ayoubi s’est fait un devoir d’y participer. « J’y ai appris que certaines choses, comme la manière de se tenir et de bouger, le langage corporel ou encore l’intonation vocale, peuvent être très importantes pour éhiculer un message. J’y ai aussi appris qu’il n’en tenait qu’à moi d’avoir le courage de monter sur scène devant un vaste auditoire. »