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Redonner un second souffle aux vieux bâtiments universitaires

par JOHN LORINC | 03 NOV 15
UNIAffairs Alphonse Raymond Building ext
Le pavillon Alphonse Raymond.

Depuis des années, le pavillon Alphonse Raymond, ainsi nommé en l’honneur d’un éminent jésuite, se dressait droit et fier au sommet d’une colline sur le vaste campus de l’Université Laurentienne, à Sudbury. Construit dans les années 1960, dans le soi-disant style brutaliste, l’édifice en forme de boîte de béton préfabriqué manquait cruellement de lumière et d’intimité.

Ses lacunes transcendaient néanmoins les considérations esthétiques : l’édifice contenait tellement d’amiante que les responsables de l’Université Laurentienne ont longtemps songé à le démolir. « Un édifice inquiétant », explique Brad Parkes, directeur général des services aux installations de l’Université Laurentienne, qui mentionne aussi une troisième lacune : l’ac–cessibilité. L’édifice est doté d’un grand amphithéâtre. Or, pour y accéder, les étudiants en fauteuil roulant devaient utiliser un monte-charge situé à l’arrière du bâtiment. « Nous dépouillions les gens de leur dignité », confie-t-il.

Pour certaines universités, la désuétude de tels monuments architecturaux évoque la possibilité de tout recommencer à neuf. Elles dressent alors des plans en vue de construire des installations de pointe au design contemporain et de tirer parti d’une immense campagne de financement. L’Université Laurentienne a plutôt opté pour revitaliser ce mal aimé. Ainsi, à la réouverture du pavillon Alphonse Raymond cet automne, après un an de travaux, les résultats de l’ambitieux projet ont ravi étudiants et membres du personnel : nouvelles aires communes spacieuses, lumière naturelle à profusion ainsi que revêtements de bois et couleurs vives ponctuant un intérieur autrefois morne. L’entrée principale s’ouvre désormais au niveau de la rue et les problèmes d’accessibilité ont été résolus. Enfin, l’édifice n’est plus une menace pour la santé des gens.

« Beaucoup d’éléments entrent en jeu », précise Sydney Browne, directrice à la firme Diamond Schmitt Architects de Toronto, qui a supervisé le projet de restauration. Cette firme réalise depuis longtemps des travaux de conception pour les établissements d’enseignement; qu’il s’agisse de tout nouveaux bâtiments, de rénovations complexes ou de restauration du patrimoine.

La revitalisation du pavillon Alphonse Raymond s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme de réfection du campus qui vise sept structures de l’Université Laurentienne. D’une valeur de 51 millions de dollars, le programme comprend la remise en état de bâtiments complets et des interventions plus ciblées, comme le réaménagement de certaines salles de cours. Amorcés l’an dernier, les travaux se poursuivront jusqu’en 2017. « Nous souhaitions améliorer nos installations et non en ajouter, poursuit M. Parkes. Construire à neuf aurait coûté des centaines de millions de dollars.»

Il ne fait aucun doute pour les gestionnaires d’installations universitaires et collégiales que les établissements d’enseignement postsecondaire se détériorent rapidement, voire de façon alarmante. Selon une étude menée en 2014 par l’Association canadienne du personnel administratif universitaire, l’entretien différé accumulé des campus canadiens s’élève à près de 8,4 milliards de dollars.

Le rapport révèle aussi que de nombreux édifices ont été construits dans les années 1960 et 1970, lors d’une explosion de projets de cons-truction, et qu’ils n’ont pas bien toléré l’usure du temps. Les systèmes mécaniques font souvent défaut. Les toits coulent. Et, à l’instar du pavillon Alphonse Raymond, ils contreviennent souvent aux lois actuelles en matière de qualité de l’air et d’accessibilité. Le rapport indique aussi que les campus canadiens consacrent de 500 à 750 millions de dollars par année à l’entretien régulier, mais qu’il faudrait probablement doubler cette somme pour maintenir les édifices en bon état.

« Les universités doivent résoudre ce problème, explique Duncan Watt, vice-recteur aux finances et à l’administration de l’Université Carleton. Elles devront condamner leurs vieux bâtiments si elles continuent de les négliger. On ne peut plus repousser le problème. »

Bien que moins coûteuse, la revitalisation de vieux bâtiments peut soulever de nombreux défis, comme en fait foi l’ambitieux projet de l’Université Laurentienne. Les gestionnaires d’installations doivent ainsi collaborer étroitement avec les registraires, les administrateurs de programme et les architectes pour échelonner les rénovations, planifier les fer-me-tures et aménager des salles de cours, des bureaux et des laboratoires provisoires. Les responsables du développement ont beau se démener, l’achat de nouveaux systèmes de chauffage ou de ventilation ne soulève aucun zèle philanthropique. « Ce ne sont pas des travaux qui séduisent les donateurs », précise M. Parkes.

D’autres universités ont également adopté des stratégies de réparation continue et de restauration à grande échelle pour contrer les risques de l’entretien différé. Jeff Lamb, vice-recteur adjoint à la gestion des installations de l’Université Dalhousie, mentionne que son administration affecte maintenant des sommes supplémentaires à l’entretien et à la rénovation, tout en hiérarchisant minutieusement les projets en fonction des besoins. Les réparations différées représentent environ 350 millions de dollars.

L’Université Dalhousie utilise un système de suivi commercial qui génère un « indice de l’état des installations ». Cet indice exprime le rapport entre l’entretien différé et le coût de remplacement des édifices, et il peut cibler les installations qui exigent une intervention immédiate et celles qu’il n’est pas rentable de conserver.

 

 

Rédigé par
John Lorinc
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