Première partie. Cours en ligne et sièges vides : portrait des salles de classe à l’automne
par Emily Baron Cadloff
Depuis le printemps, Patrick McBrine a passé de nombreuses heures à apprendre à créer des vidéos d’allure professionnelle à la maison. À l’aide de différents types de logiciels de montage, ce professeur adjoint d’anglais à l’Université Bishop’s a appris à assembler des vidéos, à séparer des pistes audio, à ajouter des graphiques et à faire des transitions pour offrir un produit de qualité aux étudiants. La préparation de la version en ligne de ses cours de communication et de littérature l’a beaucoup fait réfléchir à la façon dont ses étudiants abordent sa matière. « Certains des concepts que j’ai eu le plus de mal à expliquer au cours des dix dernières années sont désormais coulés dans le béton. »
Comme des milliers d’enseignants de partout au Canada, M. McBrine a été contraint de troquer les cours en personne pour des formations en ligne en raison de la pandémie. L’ampleur du changement varie d’un établissement à l’autre, en fonction des particularités de chaque campus, de la situation locale actuelle et des consignes de santé publique, et les plans évoluent de jour en jour. Néanmoins, la transition est d’une envergure sans précédent dans l’histoire de l’enseignement supérieur au Canada.
Certaines universités offriront presque exclusivement des cours en ligne à l’automne et, de manière générale, les étudiants n’auront pas à mettre les pieds sur le campus. C’est le cas de l’Université Carleton qui a annoncé assez tôt que tous les cours au premier cycle et aux cycles supérieurs de l’automne seraient offerts en ligne, et que tous les travaux en laboratoire au premier cycle seraient menés à distance. « Nous espérons toujours qu’il sera possible pour certains étudiants de revenir sur le campus en janvier », a expliqué le recteur de l’établissement, Benoit-Antoine Bacon, dans un message transmis à la communauté au début de juillet.
La plupart des universités, cependant, ont opté pour un modèle d’enseignement hybride, ou mixte, pour l’automne. De manière générale, cela signifie que la majorité des cours seront offerts en ligne, et que seules les interactions essentielles auront lieu en personne, comme les laboratoires pratiques, les travaux en atelier et les cours difficiles à enseigner à distance.
Le concept varie cependant d’une université à l’autre. Par exemple, le modèle hybride de l’Université Mount Saint Vincent consiste à reporter les laboratoires en personne de l’automne au mois de janvier, dans le cadre d’un camp intensif d’une semaine. Parallèlement, l’Université de Brandon offrira la majeure partie de ses programmes en ligne, à l’exception de certains cours de musique et d’arts. Elle s’assurera en outre que les étudiants ont accès à des laboratoires informatiques.
David Docherty, recteur de l’Université de Brandon, sait bien que les étudiants n’ont pas tous accès à un ordinateur et à Internet à la maison. « Nous avons prévu un laboratoire informatique sur le campus et repéré, dans la mesure du possible, les étudiants qui risquent d’en avoir besoin. Nous leur avons remis un porte-clés leur permettant d’y accéder et, par mesure de sécurité, nous avons fait des provisions de lingettes désinfectantes pour nettoyer les ordinateurs. »
Ken Steele, stratège en enseignement supérieur, a recueilli de l’information sur les plans d’enseignement et d’apprentissage des universités pour l’automne. Il ne croit pas à un retour prochain sur les campus. « Nous devons être prêts à enseigner en ligne pour toute la prochaine année universitaire. Quiconque prétend le contraire vend du rêve ou nie la réalité », affirmait-il en mai dernier dans un article d’opinion pour Affaires universitaires. À long terme, toutefois, il se révèle plus optimiste. Comme il l’expliquait récemment en entrevue, « le Canada a toujours été perçu comme un endroit sûr. Si nous faisons bien les choses et gardons la courbe plate, notre pays sera encore plus attrayant dans deux ou trois ans, lorsque les inscriptions d’étudiants étrangers reprendront. »
Bien sûr, quelques universités canadiennes sont à contre-courant. Le Collège universitaire Redeemer attend quelque 85 pour cent de ses 850 étudiants sur le campus en septembre. Il prévoit fournir aux étudiants de l’équipement de protection à porter en classe qui sera désinfecté fréquemment.
Lors d’un sondage à grande échelle, la majorité des étudiants de l’établissement confessionnel ont indiqué leur préférence pour des cours sur le campus à l’automne. Un modèle d’enseignement hybride, incluant la diffusion en direct de tous les cours, est malgré tout prévu pour ceux qui étudieront à distance. Dans le même ordre d’idées, l’Université mennonite canadienne, également confessionnelle, prévoit offrir tous ses cours en personne à l’automne, mais en y ajoutant quelques éléments en ligne.
David Zietsma, provost et vice-recteur à l’enseignement au Collège universitaire Redeemer, affirme que son établissement a investi près de 800 000 dollars dans des technologies qui aideront les enseignants à diffuser leurs cours. « Si une ordonnance d’urgence venait empêcher l’apprentissage en personne, nous pourrons nous adapter assez facilement. »
Selon M. Zietsma, la petite taille de son établissement pourrait être un avantage. « Nous avons un auditorium de mille places que nous n’utiliserons manifestement pas cet automne. Si nous avons un groupe de 60 étudiants, nous pourrons les y accueillir en personne en respectant l’éloignement physique, et diffuser le cours en direct. »
Si les étudiants du Collège universitaire Redeemer semblent pressés de retourner sur le campus, la plupart des étudiants canadiens sont un peu plus nuancés. Lors d’un sondage mené par l’Alliance canadienne des associations étudiantes (ACAE), les étudiants ont énuméré leurs préoccupations pour le trimestre à venir. Le virus en fait partie, bien sûr, mais aussi l’accès à une connexion Internet haute vitesse et à un ordinateur. Selon Bryn de Chastelain, président du conseil d’administration de l’ACAE, les étudiants craignent aussi de ne pas pouvoir vivre pleinement leur expérience universitaire, car ils ne pourront pas faire certaines « choses simples, comme aller voir un professeur à son bureau ou discuter avec leurs pairs pendant une pause ».
En outre, de nombreux étudiants se demandent s’ils en auront pour leur argent avec une formation majoritairement en ligne. D’ailleurs, le sondage de l’ACAE révèle que 41 pour cent des étudiants ont reporté leurs études ou songent à le faire cette année, alors que 30 pour cent ont opté pour un horaire à temps partiel. La fin chaotique du trimestre d’hiver 2020, marqué par une transition rapide à l’enseignement à distance, « a laissé un goût amer aux étudiants », affirme M. de Chastelain.
C’est ce sentiment d’insatisfaction que M. McBrine tente d’éviter avec ses cours virtuels à l’Université Bishop’s. Il reconnaît qu’il doit, comme les autres professeurs, surmonter d’importants défis, à commencer par l’intérêt fléchissant des étudiants après des heures devant un écran d’ordinateur. « Tout indique que ce n’est pas sain », souligne-t-il.
M. McBrine a choisi d’offrir des cours asynchrones, ce qui signifie que les étudiants pourront les suivre quand bon leur semble. Cette souplesse présente certains avantages, mais rend impossibles les « échanges non verbaux » entre le professeur et les étudiants. Elle ne permet pas non plus de discuter librement ni de suivre une tangente intéressante imprévue. Et bien sûr, ces changements rebutent certains professeurs, ajoute-t-il.
« Les cours nécessitent davantage de préparation, ce qui n’est pas évident en été, alors qu’on fait habituellement le plein d’énergie. Ce n’est pas un scénario idéal », indique M. McBrine. L’Université Bishop’s a donc organisé des séances Zoom bihebdomadaires pour aider les professeurs à préparer leur transition. En juin, M. McBrine a profité d’une de ces réunions du personnel virtuelles pour partager ses nouvelles connaissances vidéo. « Cette situation nous oblige à unir nos forces, et je m’en réjouis. Il ne faut pas la voir comme une punition, mais comme une occasion de nous améliorer. »
Deuxième partie. Accueil virtuel : soutien et orientation en ligne pour les étudiants de première année
par Shauna McGinn
Comme le trimestre d’automne se tiendra surtout virtuellement, les universités auront du mal à créer un sentiment d’appartenance chez leurs nouveaux étudiants. D’après certains professionnels des services aux étudiants, c’est d’ailleurs ce qui les a forcés à repenser les principaux aspects de l’expérience de première année.
Tanya Bradley, gestionnaire de l’expérience étudiante et communautaire à l’Université Brock, affirme que l’amélioration de l’orientation en ligne faisait déjà partie des objectifs à long terme du comité de planification de l’orientation de son établissement. Ce comité, qui compte des représentants de groupes étudiants, a conçu le site BU4U, qui propose un programme en ligne remplaçant les activités habituelles d’orientation en personne.
« Notre offre en ligne nous permettra d’accroître la portée de nos activités, indique Mme Bradley. C’est quelque chose que nous souhaitions améliorer […] en raison de la diversité de notre effectif étudiant. Nous avons simplement été obligés de le faire tout de suite. » Le site BU4U comprend un cours en ligne intitulé BrockU 101, qui donne un aperçu du soutien pédagogique offert à l’établissement. Les étudiants seront aussi répartis, avec des pairs de leur faculté, dans divers « groupes d’appartenance » supervisés par un mentor.
À l’Université de Lethbridge, le projet pilote Early Start Experience, ou ESE, a été lancé l’année dernière, sous la forme d’un cours en personne qui avait lieu deux semaines avant le début du trimestre d’automne. Shelly Wismath, doyenne de la Faculté d’éducation libérale et cocréatrice de ce cours, indique que l’objectif est de préparer les étudiants à la vie universitaire en proposant à la fois de l’information théorique et une séance d’orientation traditionnelle.
Lorsqu’elle a appris que le programme se déroulerait en ligne cette année, elle a craint de le voir perdre son essence, car un de ses aspects les plus appréciés est la possibilité pour les étudiants de faire connaissance et de rencontrer leurs professeurs. « Mais plus j’y pensais et plus nous en discutions, plus je réalisais que nous avions tout de même beaucoup à offrir », conclut Mme Wismath.
Depuis le début de l’été, Mme Wismath anime des séances de présentation sur Zoom avec les participants du programme ESE. « Ils sont très enthousiastes à l’idée de tisser des liens, se réjouit-elle. Je suis rassurée : ce type d’activité a toujours lieu d’être et nous pouvons malgré tout en faire quelque chose d’assez spécial […]. En fait, cette cohorte en a probablement encore plus besoin que les autres. » Mme Wismath explique que six étudiants plus avancés ont été embauchés comme assistants à l’enseignement pour ce cours, et que leur objectif sera d’aider les étudiants de première année à s’adapter à un environnement d’apprentissage en ligne.
Il en va de même pour le nouveau programme Archway de l’Université McMaster, conçu pour recréer la structure des résidences de l’établissement (les cours seront exclusivement offerts en ligne à l’automne et les chambres en résidence sont réservées à un petit nombre d’étudiants ayant des circonstances exceptionnelles). Sean Van Koughnett, vice-recteur adjoint aux étudiants et à l’apprentissage, et doyen des affaires étudiantes à l’Université McMaster, affirme que lorsqu’il a appris que les étudiants de première année ne vivraient pas sur le campus, une de ses premières pensées a été à l’équipe d’étudiants avancés qui travaillent dans les résidences et sont formés pour favoriser une première expérience positive à l’université. « Je me suis dit qu’il serait bien de reproduire certains aspects positifs de la vie en résidence : les rencontres entre pairs, le soutien d’étudiants plus avancés et les services de professionnels pour trouver ses repères dans le milieu universitaire. »
Chaque nouvel étudiant est automatiquement inscrit au programme Archway et, comme pour le programme BU4U, se joint à un groupe de 30 à 40 de ses pairs, sous la supervision d’un conseiller Archway, c’est-à-dire d’un mentor avancé. Puisque l’apprentissage en ligne peut être difficile, M. Van Koughnett croit qu’un plus grand nombre d’étudiants sont à risque de décrocher au cours du trimestre, et qu’il faudra une structure pour déceler les problèmes dès le départ. « Le programme Archway mise en partie sur l’idée que les étudiants arriveront à surmonter les moments difficiles s’ils ont davantage de soutien et si une personne prend les devants et leur tend la main. »
M. Van Koughnett souligne que l’orientation en ligne a eu pour bienfait inattendu d’attirer un plus grand nombre de nouveaux étudiants. Chaque année, environ le tiers des étudiants de première année ne vivent pas en résidence et ne profitent donc pas nécessairement de la même expérience d’orientation que les autres. Cette année, ajoute-t-il, l’Université a pris, pour la toute première fois, les mesures nécessaires pour joindre directement tous les nouveaux étudiants.
« Évidemment, nous préférerions tous être sur le campus, en personne, concède M. Van Koughnett. Mais nous tirerons des leçons de cette situation, et nous garderons le meilleur de ce que nous aurons réussi à faire pendant la pandémie. »
Troisième partie. Masques, postes de lavage des mains et chambres de résidence individuelles : assurer la sécurité sur les campus
par Mark Cardwell
Selon Vivek Goel, professeur à l’École de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto, un campus universitaire est un peu comme une ville ou un village. « Ce n’est pas qu’une école, beaucoup de choses s’y passent », affirme le Dr Goel, qui a récemment abandonné son poste de vice-recteur à la recherche et à l’innovation pour se consacrer à la gestion de la pandémie. « Nous sommes confrontés aux mêmes problèmes de santé publique que tout autre milieu. »
C’est pourquoi, ajoute-t-il, la vie universitaire sera bien différente cet automne, alors que des dizaines de milliers d’étudiants, de professeurs et de membres du personnel réintégreront les campus en pleine pandémie mondiale. Lorsqu’il a fait le point sur la situation à la mi-juillet, Meric Gertler, recteur de l’Université de Toronto, a affirmé que plus de 90 pour cent des cours au premier cycle de son établissement comprendraient un volet en ligne tantôt synchrone, tantôt asynchrone. Au moins le tiers des cours comporteront toutefois aussi un volet en personne.
De nombreuses mesures de sécurité ont été mises en place, comme l’installation de centaines de postes de lavage de mains sur les trois campus de l’Université de Toronto et d’innombrables affiches rappelant les mesures d’hygiène et d’éloignement physique. Et d’autres affiches encore indiquent la capacité maximale des salles et des ascenseurs, ainsi que les directions à suivre pour circuler dans les bâtiments du campus.
Les salles de classe, les bureaux, les bibliothèques, les salles de réunion et les laboratoires d’enseignement, entre autres, ont été réorganisés pour espacer les sièges, et des cloisons en plexiglas et d’autres barrières physiques ont été installées dans les cafétérias et aux comptoirs de service. En outre, il sera temporairement obligatoire de porter un masque dans les espaces intérieurs du campus, indique le Dr Goel. De plus en plus d’établissements aux pays en exigent d’ailleurs autant et, au Québec, ce sont toutes les universités qui ont reçu cette directive de la part du gouvernement provincial.
En outre, l’Université de Toronto a réduit la capacité de ses résidences en offrant exclusivement des chambres à un lit, et nettoiera et désinfectera régulièrement l’équipement et les espaces communs. À quelques détails près, c’est ce scénario qui prévaudra dans presque toutes les autres universités cet automne. « En tant qu’école, nos principes directeurs sont l’atteinte de l’excellence en éducation et la création d’un sentiment d’appartenance, explique le Dr Goel. La sécurité des gens est toutefois notre principale priorité. »
Pour les universités, il a été ardu de trouver et d’instaurer la bonne combinaison de mesures pour assurer la sécurité de tous et de veiller à établir des processus appropriés pour ceux qui tombent malades. « Cette pandémie n’est pas venue avec un manuel. Nous ne pouvons pas consulter la marche à suivre à la page 19 », plaisante Darcy Marciniuk, professeur de médecine et vice-recteur adjoint à la recherche à l’Université de la Saskatchewan.
Le Dr Marciniuk, pneumologue, a été choisi pour présider l’équipe d’intervention d’urgence de l’Université lorsque la pandémie a frappé de plein fouet à la mi-mars. Selon lui, beaucoup de mesures ont été prises pour faire du campus un lieu sûr. En plus des affiches omniprésentes et du suivi préventif de la santé (entre autres mesures par la prise de la température), il affirme que certains bâtiments ont été fermés pour réduire le nombre de zones à nettoyer et à surveiller. L’Université a demandé à la plupart de ses étudiants de se préparer à suivre leurs cours à distance, car la formation en personne sera très limitée.
« Les gens n’auront pas librement accès aux installations, comme c’est le cas habituellement », explique le Dr Marciniuk. Comme l’affirmait le Dr Goel pour l’Université de Toronto, il ajoute que « le principe directeur est d’éviter que la pandémie s’aggrave. À l’heure actuelle, la sécurité est la principale préoccupation. »
Le même principe s’applique dans les universités de plus petite taille des régions rurales ou éloignées, où le nombre d’infections à la COVID-19 est resté faible. « Nous n’avons eu aucun cas sur le campus, souligne le recteur de l’Université Acadia, Peter Ricketts. Nous avons été très chanceux, mais nous restons très inquiets. »
M. Ricketts explique que son établissement s’est doté lui aussi de lignes directrices et de protocoles de sécurité conformes aux recommandations de santé publique. Mais contrairement à la plupart des universités, Acadia souhaite le retour de ses étudiants sur le campus. « La vaste majorité des étudiants, anciens et nouveaux, veulent revenir sur le campus. Ils préfèrent l’environnement de notre petite université à un environnement virtuel. »
Pour répondre à leur demande tout en minimisant le risque d’infection, l’Université Acadia a décidé de repousser le début des cours au 21 septembre, ce qui permettra aux étudiants de s’isoler à leur arrivée sur le campus. « L’emménagement et l’orientation ne pouvaient simplement pas se passer comme d’habitude, raconte M. Ricketts. Nous avons donc décidé d’étaler les arrivées sur plusieurs jours et plusieurs heures. »
Le report du trimestre d’automne, ajoute-t-il, donnera en prime le temps aux étudiants de s’acclimater à la vie sur le campus et de suivre les nouveaux cours d’orientation de l’établissement. « La fin de leurs études secondaires a été très chaotique, explique M. Ricketts. Ces cours les aideront à trouver leurs repères. »
Juste à côté, au Nouveau-Brunswick, l’Université Mount Allison demande aux étudiants de l’extérieur de la bulle atlantique d’arriver deux semaines plus tôt que d’habitude pour s’isoler avant le début des classes. À l’Île-du-Prince-Édouard, le premier ministre Dennis King a demandé à l’agence de santé publique de réserver des chambres d’hôtel à l’extérieur du campus afin de loger les étudiants de l’extérieur de la province et les étudiants étrangers pendant leurs 14 jours d’isolement.
Au Québec, la province la plus durement touchée par la pandémie, les universités ont aussi travaillé fort pour rassurer et protéger les étudiants, les professeurs et le personnel. « Une chose est sûre, rien ne sera comme d’habitude, affirme Marie-Karlynn Laflamme, directrice du Bureau des affaires publiques de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Nous avons dû annuler toutes les activités d’orientation et d’accueil habituelles, comme le déjeuner annuel du recteur. Mais nous travaillons avec les associations étudiantes et le corps professoral pour trouver d’autres façons pour les étudiants de tisser des liens sur le campus, car il s’agit d’un aspect clé de l’expérience universitaire et du maintien aux études. »
Selon Mme Laflamme, le plus grand défi de l’UQAC sera d’héberger ses étudiants étrangers, qui représentent presque le quart de son effectif total de 6 500 étudiants. On ne sait pas encore combien de ces personnes, principalement originaires de France, pourront se présenter à l’Université. Quant aux étudiants provenant du Québec, Mme Laflamme indique que l’objectif est d’offrir à chacun au moins un cours sur le campus, devant un professeur.
À la fin mai, le gouvernement du Québec a demandé à tous les établissements postsecondaires de la province de préparer des scénarios pour un éventuel retour d’au moins 30 pour cent de leur effectif étudiant sur les campus. La plupart des universités de grande taille de la province, comme les universités McGill, Laval et de Montréal, ont annoncé que la majorité de leurs cours auraient lieu en ligne.
Pour sa part, l’Université Concordia prévoit, pour cet automne, des cours « présentés quasi entièrement en ligne et accessibles en tout temps, partout dans le monde. » Elle a aussi suspendu ses services de résidences pour toute l’année universitaire 2020-2021. Dans un message aux étudiants, le recteur de l’établissement, Graham Carr, souligne d’ailleurs qu’il s’agira « d’un trimestre d’automne sans précédent ».