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Au service de la collectivité

par HARRIET EISENKRAFT | 12 FEV 07

Il aura suffi qu’Usha George annonce son intention de quitter la faculté de travail social de l’Université de Toronto pour qu’elle soit aussitôt inondée de courriels provenant en grande partie d’étudiants issus des minorités visibles, désireux de lui faire savoir combien elle les avait inspirés.

Après son départ de l’Université de Toronto l’été dernier, Mme George est devenue doyenne de la faculté de services communautaires de l’Université Ryerson. Sommité canadienne sur la question des immigrants et des réfugiés, elle a eu une influence sur les politiques et les programmes du gouvernement en ce domaine. Ses admirateurs vantent sa capacité de jeter des ponts entre la salle de classe, les conseils d’administration ou les organismes d’aide aux immigrants dans le cadre de ses recherches et grâce à son expérience de travailleuse sociale et d’immigrante.

À son arrivée à Toronto en 1991, Mme George était mieux lotie que la plupart des immigrants. Elle possédait en effet des ressources financières, des diplômes universitaires glanés sur trois continents, et elle maîtrisait parfaitement l’anglais. C’est avant tout pour leurs enfants qu’elle et son mari, l’homme d’affaires Chandy George toujours à la tête de la plantation familiale d’hévéas dans le sud de l’Inde, sont venus au Canada. « Comme pratiquement tous les immigrants », dit-elle.

La jeune Usha a grandi dans la riche plantation familiale à Kerala, dans le sud de l’Inde. Après avoir obtenu un diplôme de premier cycle en chimie, elle décroche un diplôme d’études supérieures en sociologie, discipline alors toute nouvelle en Inde. Au cours des 15 années suivantes, elle et son mari travaillent en Éthiopie; aux États-Unis, d’où elle repart avec un nouveau diplôme d’études supérieures de l’Université Loyola de Chicago; et enfin, au Nigeria, où elle obtient un doctorat de l’Université Ahmadu Bello.

Malgré tout, à son arrivée à Toronto, Mme George sait que son bagage postsecondaire ne suffit pas à lui assurer un poste universitaire. Elle commence donc par œuvrer bénévolement au sein d’organismes locaux à but non lucratif et devient en peu de temps la directrice générale de l’un d’eux, au service de la communauté sud-asiatique.

En 1993, elle est nommée première directrice des programmes du Conseil de planification sociale du Grand Toronto, organisme de défense des populations à faible revenu. L’année suivante elle est embauchée comme professeure à l’Université de Toronto. Wes Shera, doyen de la faculté de travail social de l’établissement de 1995 à 2002, assure que ce poste était fait pour elle, soulignant que l’établissement de liens avec la collectivité s’inscrit justement dans « la nature même du travail social ».

En 1999, Mme George devient vice-doyenne de la faculté de travail social de l’Université de Toronto. En 2003, elle se voit d’abord attribuer la chaire de recherche appliquée en travail social de la Banque Royale, puis est nommée directrice du CERIS, le Centre d’excellence conjoint pour la recherche en immigration et en intégration de Toronto, mis sur pied par trois universités locales. Carl Amrhein, alors doyen de la faculté des arts et sciences de l’Université de Toronto et membre du conseil d’administration du CERIS, se rappelle que Mme George est immédiatement apparue comme la candidate toute désignée à ce poste. Aujourd’hui vice-recteur à l’enseignement de l’Université de l’Alberta, il raconte qu’elle « évitait les décisions précipitées. Elle prenait le temps d’écouter […] Elle avait un réseau dont elle pouvait réunir les membres et parvenir à obtenir d’excellents résultats. »

L’action de Mme George est loin d’être passée inaperçue au sein de la communauté indienne, pour laquelle elle demeure un mentor et un modèle. « Nous sommes fiers d’elle », affirme Kazi Hoque, directeur général des SAFSS, un organisme de soutien aux familles sud-asiatiques.

L’une des priorités de Mme George, aujourd’hui à l’Université Ryerson, consiste à rehausser l’image de sa faculté en matière de recherche et de partenariats internationaux. Mais son objectif premier est de favoriser une plus grande interdisciplinarité dans les services communautaires. Devant les quartiers à faible revenu situés juste à l’est de l’établissement, elle rêve de voir les étudiants en nutrition conseiller les familles, ceux en éducation des jeunes enfants œuvrer dans les écoles locales, ou encore des équipes de travailleurs sociaux venir en aide aux adolescents en difficulté. Elle a d’ailleurs déjà commencé à rencontrer les fournisseurs locaux de services sociaux pour les intégrer au processus. « Il est vraiment essentiel, assure Mme George, que nous descendions de notre tour d’ivoire. »

Rédigé par
Harriet Eisenkraft
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