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Ce que la pandémie nous a enseigné

Après plus de deux années de bouleversements, quelques membres de la communauté universitaire reviennent sur les leçons tirées de la pandémie.

par HANNAH LIDDLE | 19 OCT 22

La COVID-19 et son cortège de perturbations mondiales ont poussé l’ensemble des institutions, y compris les universités canadiennes, à trouver des façons de contribuer au bien-être de la société en situation de crise. Depuis le début de 2020, les professeur.e.s, administrateurs et administratrices et membres du personnel réfléchissent activement aux meilleures façons de soutenir les apprenant.e.s et les autres membres du milieu universitaire. Pendant la même période, les étudiant.e.s, qui ont connu leur lot de difficultés, ont par exemple dû s’adapter à de nouvelles méthodes d’apprentissage et d’étude ainsi qu’à un tout nouveau mode de vie hors campus.

Affichant un optimisme prudent, Affaires universitaires a demandé à ses abonné.e.s de répondre à la question suivante : « Quel changement apporté en raison de la pandémie vous accompagnera dans la prochaine année universitaire et pourquoi? » Les réponses recueillies mettent en lumière les failles que la pandémie a révélées, des outils technologiques qui favorisent l’apprentissage et les grandes choses que la population peut réaliser quand la société entière se mobilise pour le bien commun.


Améliorer le bien-être en favorisant les interactions

Deborah Saucier, rectrice et vice-chancelière, Université de l’île de Vancouver

À l’Université de l’île de Vancouver, nos valeurs d’ouverture, d’établissement de liens et d’engagement sont notre fierté. La pandémie nous a mis au défi à plusieurs niveaux, mais ces valeurs ont rapidement montré leur importance durant la pandémie. Au fil des semaines qui devenaient des mois, et les mois des années, nous avons pu constater qu’elles étaient la clé d’une vie saine. Les êtres humains ont besoin de relations enrichissantes. La pandémie nous a forcé.e.s à faire des pieds et des mains pour combler ce besoin et favoriser la santé mentale de nos étudiant.e.s, de notre personnel et de nos professeur.e.s. Puisque les interactions en personne étaient proscrites, nous avons fait preuve d’ingéniosité. Ce qui nous a permis de soutenir un plus grand nombre d’étudiant.e.s. Maintenant que nous avons retrouvé les cours et activités en personne, nous apprécions bien davantage de pouvoir interagir en personne. Nous savons cependant aussi que nous avons encore beaucoup à apprendre pour soutenir les gens et les mettre en contact les un.e.s avec les autres. C’est une tâche essentielle pour notre bien-être et celui de nos collectivités.

Tirer le meilleur du temps passé en classe

Julio Mercader Florín, professeur, Faculté des sciences, Université de Calgary

Dans l’ère post-COVID, nous avons la possibilité de donner des cours préenregistrés en ligne. Pourquoi ne pas profiter du présentiel pour enseigner des compétences transférables, repousser les limites du programme général et organiser des séances de révision ou des travaux pratiques en laboratoire?

Soutenir les étudiant.e.s qui font face à l’insécurité alimentaire

Erin Phillips, aumônière, Université de Lethbridge

Après avoir lutté contre l’insécurité alimentaire pendant la pandémie, nous avons constaté que certains besoins persistaient après la levée des restrictions. Il y a des étudiant.e.s qui passent les vacances seul.e.s pour différentes raisons – pas seulement à cause de la pandémie –, alors nous avons continué de livrer des repas pour les occasions spéciales, et maintenant, nous y glissons même des notes manuscrites personnalisées. Avant la crise, nous avions installé des petits garde-manger remplis d’aliments non périssables sur le campus. Ils étaient très populaires chez les étudiant.e.s qui ne voulaient pas recourir à la banque alimentaire ou qui avaient juste besoin d’un repas ponctuel. En plus d’élaborer un programme de commandite, nous avons étendu l’initiative à d’autres emplacements cette année.

Faire preuve de gentillesse envers les autres

Judy Bornais, directrice générale, Bureau de l’apprentissage expérientiel, Université de Windsor

Un changement s’est imposé : se concentrer sur les relations et favoriser l’empathie, la compassion et la gentillesse dans toutes nos politiques, procédures, notations et interactions avec les autres. Pourquoi? Parce que je pense que les relations sont importantes et que les étudiant.e.s se souviendront des professeur.e.s et des administrateurs et administratrices qui se soucient de leur réussite et qui les soutiennent pendant leurs études. En tant qu’infirmière, professeure et administratrice, je crois que nous pouvons créer un monde meilleur où nous faisons preuve d’empathie, de compassion et de gentillesse envers les autres. Tant que nous ne sommes pas à leur place, nous n’avons aucune idée du fardeau que les gens portent, mais nous pouvons leur faciliter un peu la tâche en incarnant ces qualités.

Établir des liens avec les étudiant.e.s en dehors du campus

Samantha Goldberg, gestionnaire – Bien-être, Pôle bien-être étudiant, Université McGill

Pour notre équipe, la pandémie a marqué l’avènement des rendez-vous et des programmes virtuels pour les étudiant.e.s. L’idée mijotait depuis un moment, mais quand la crise a éclaté, nous avons dû la concrétiser beaucoup plus vite que prévu. Le virage virtuel a permis à des étudiant.e.s qui ne seraient peut-être jamais venus nous voir en personne de bénéficier de nos services. Cela comprend les gens qui ne fréquentent pas régulièrement le campus (comme les stagiaires ou les doctorant.e.s qui rédigent leur thèse) ainsi que les étudiant.e.s qui sont stressé.e.s par les interactions en personne ou qui préfèrent simplement rester sur leur canapé. Lors de la prochaine année universitaire, nous continuerons d’offrir un modèle hybride – un mélange de programmes virtuels et en personne – pour rejoindre un maximum d’étudiant.e.s.

Offrir des formations virtuelles à tous les niveaux

David Anderson, doyen et professeur, Faculté de médecine, Université Dalhousie

L’élaboration de certains systèmes et processus, qui aurait pris des années dans des circonstances normales, s’est faite du jour au lendemain – souvent avec de très bons résultats. Nous avons connu des innovations incroyables et fructueuses sur les plans éducatif et social. Les gens ont vraiment adopté la technologie et ses bienfaits. Nos façons de faire ont été bouleversées à jamais. Le nouveau paradigme de télétravail est une retombée positive dont nous pouvons tirer des leçons. Tous les programmes ont connu un virage virtuel presque immédiat, du premier cycle de médecine à la formation continue, en passant par les cycles supérieurs. Bien sûr, cette approche comporte des avantages et des inconvénients, mais nous reconnaissons à présent la valeur à long terme du perfectionnement professionnel en ligne, qui permet notamment aux médecins des Maritimes de se former depuis leur domicile ou leur bureau au lieu de gaspiller leur temps et leur argent à voyager. Les apprenant.e.s de tous les niveaux peuvent bénéficier de ce système, mais il ne faut pas non plus négliger l’importance des interactions et de l’enseignement en personne qui nous ont tant manqué pendant la pandémie.

Soutenir les étudiant.e.s venant de l’étranger

Ezgi Ozyonum, doctorante et enseignante, Université Concordia

Au Canada comme aux États-Unis, la pandémie a amplifié les difficultés auxquelles se heurtent les étudiant.e.s qui arrivent de l’étranger. Les problèmes existants – et émergents – ont été mis en exergue. Je continuerai de promouvoir la justice sociale au cours de la prochaine année universitaire en recueillant les perceptions de ces étudiant.e.s au sujet de l’internationalisation. La pandémie nous rappelle à quel point nous dépendons les un.e.s des autres. Nous devons non seulement coopérer, mais aussi rebâtir nos relations à l’échelle individuelle et mondiale. Si une partie de l’humanité souffre, le reste s’en ressent. Par conséquent, l’idée que nous faisons partie d’un tout est un aspect fondamental de l’éducation.

Tirer parti de la technologie

Stuart Chambers, professeur à temps partiel, facultés des arts et des sciences sociales, Université d’Ottawa

Cette leçon m’apparaît évidente : elle concerne la technologie. Je ne savais pas très bien si je devais donner mes cours en utilisant la fonction de narration de PowerPoint ou encore avec Zoom. Les étudiant.e.s préféraient largement Zoom en raison du contact direct avec l’enseignant.e. Cependant, la narration de PowerPoint comportait deux avantages. Premièrement, si pour quelque raison que ce soit l’enseignant.e ne pouvait pas donner le cours (p. ex., maladie), les cours préenregistrés évitaient de prendre du retard sur le plan de cours. En plus d’entendre l’enseignant.e comme lors d’un cours magistral en classe, les étudiant.e.s pouvaient interrompre et reprendre la lecture à n’importe quel moment pour ne rien manquer. C’est une bonne méthode pour les étudiant.e.s qui ont des difficultés d’apprentissage. Ensuite, ces mêmes diapositives utilisées en classe constituent un excellent support visuel qui améliore la qualité du cours, facilite la prise de notes et enrichit la présentation avec des hyperliens.

Réduire les émissions de CO2

Vivek Goel, recteur et vice-chancelier, Université de Waterloo

La COVID-19 a ouvert la porte à d’autres menaces sociétales telles que les inégalités d’accès aux logements et aux richesses ou la discrimination dans le système de santé, bref, autant de problèmes auxquels il faut s’atteler. Nous avons cependant aussi démontré notre capacité à nous mobiliser collectivement, à grande échelle, pour le bien commun. L’urgence climatique représente la plus grande menace existentielle pour l’humanité et les phénomènes météorologiques extrêmes continuent de se multiplier. La nécessité d’agir ensemble est la leçon que nous pouvons et devons tirer de la pandémie. En tant qu’universitaire, je prenais l’avion plusieurs fois par année pour renforcer mes relations internationales. En tant que recteur, je dois interagir avec des membres du milieu et des partenaires d’ici et d’ailleurs. Puisque le transport aérien contribue de façon importante aux émissions de gaz à effet de serre, chaque vol me rappelle que l’avenir de notre planète est en jeu. Comme beaucoup d’entre nous, j’ai participé au virage virtuel pendant la pandémie. Dans l’année à venir, je limiterai mes déplacements en avion et tenterai de trouver le bon équilibre entre mes interactions en personne et virtuelles pour remplir mes responsabilités à l’égard de mon université et de ma planète.

Rédigé par
Hannah Liddle
Hannah Liddle est journaliste Web pour Affaires universitaires.
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