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Guide de survie pour les nouveaux professeurs

Des membres chevronnés du corps professoral s’adressent aux professeurs débutants.

par ASHLEIGH VANHOUTEN | 09 SEP 15

Pendant votre premier trimestre comme professeur à temps plein, vous risquez d’être étonné de l’ampleur de la tâche. Vous serez sollicité de toutes parts et vous douterez probablement de vos capacités à vous acquitter de certaines responsabilités.

Nous avons donc demandé conseil à des membres du corps professoral et du personnel reconnus pour leur expertise en enseignement, en recherche et en service. Ils nous ont offert des réponses judicieuses et diversifiées qui témoignent de leur longue expérience. Nous les avons regroupées par catégorie : l’enseignement, les travaux de recherche, les services, les relations et l’équilibre travail-vie privée. Nous espérons que leurs conseils vous aideront à partir du bon pied.

L’enseignement

Recueillez des commentaires. La technique « arrêter, commencer, continuer » peut s’avérer très utile pour améliorer votre méthode pédagogique. Demandez aux étudiants de noter une ou deux idées pour chacune des rubriques suivantes : ce que vous devriez arrêter de faire, commencer à faire et continuer à faire pour favoriser leur apprentissage. Recueillez leurs commentaires et discutez des thèmes qui ressortent de l’exercice au cours suivant. Vous aurez ainsi un bon indicateur de votre efficacité en tant qu’enseignant et ajuster le tir avant l’évaluation du cours à la fin du trimestre (à laquelle vous obtiendrez inévitablement de meilleurs résultats). Les étudiants aiment les professeurs qui démontrent concrètement leur volonté de s’améliorer. –Julia Christensen Hughes, doyenne du College of Business and Economics (CBE) de l’Université de Guelph

Prenez soin de vos groupes d’étudiants. Vous devez savoir que tout ce que font vos étudiants aux cycles supérieurs rejaillit sur vous. Expliquez-leur que vous avez à cœur leur succès, pas seulement à l’université, mais dans toutes les sphères de leur vie. À titre de professeur en début de carrière, vous devez être un générateur d’idées et inspirer vos étudiants. Mettez d’abord l’accent sur leur réussite. Cette formule est toujours gagnante.
– Jeffrey McDonnell, professeur à l’École d’environnement et de développement durable de l’Université de la Saskatchewan

Osez prendre des risques. Les membres du corps professoral à temps plein ont une sécurité d’emploi hors du commun. Nous avons les coudées franches pour enseigner, nous sommes relativement peu supervisés par l’administration et nos étudiants sont pleins de bonne volonté. Dans ce contexte, nous pouvons faire preuve d’audace, essayer de nouvelles techniques d’enseignement, présenter du contenu pointu et laisser libre cours à nos vraies passions. Nous pouvons prendre certains risques pour réformer le milieu dans lequel nous travaillons, tant en salle de classe que dans l’ensemble de l’université. À long terme, les innovations fondées sur la prise de risques rendent les universités plus saines et plus créatives. – David Creelman, professeur d’anglais au Département des langues et sciences humaines de l’Université du Nouveau-Brunswick

Soyez un mentor auprès de la prochaine génération. L’influence directe ou indirecte que nous pouvons avoir sur nos étudiants est difficile à quantifier, mais facile à sous-estimer. Au risque de paraître nostalgique en cette ère de grande connectivité, j’estime que c’est le contact humain que nous avons avec nos étudiants à titre d’enseignant et de mentor qui pourrait changer leur vie. Un mot d’encouragement ou un judicieux conseil donné au bon moment peut avoir une grande incidence sur les décisions et la trajectoire personnelle de nombreux étudiants, puisque nous les côtoyons à un moment de leur vie où ils essaient de prendre leur place dans un monde de plus en plus complexe et concurrentiel. – Zopito A. Marini, titulaire du Prix national 3M d’excellence en enseignement et professeur en études de l’enfance à la Faculté des sciences sociales de l’Université Brock 

La recherche

Retirez-vous pour faire avancer vos travaux de recherche sans interruption. Prévoyez au moins une journée par semaine où vous pourrez vous consacrer exclusivement à vos travaux de recherche. Évitez alors de prendre vos courriels et plongez-vous dans l’écriture. Voyez du bon œil les processus d’évaluation par les pairs, puisqu’ils enrichiront inévitablement vos travaux. Présentez vos idées lors des séminaires de recherche du département et demandez les commentaires de vos pairs. Lorsque vous apprenez qu’un de vos articles sera publié, travaillez avec les experts en communications à votre université pour rédiger un communiqué ou écrivez un texte destiné aux pages d’opinion d’un journal. (Nous pouvons tous faire mieux pour démontrer la pertinence de nos activités de recherche à la population.) Parlez également de vos projets de recherche aux étudiants. En arrivant à combiner toutes vos activités savantes (travaux de recherche, enseignement et diffusion des connaissances), vous tirerez le maximum de vos efforts. – Mme Christensen Hughes, Université de Guelph

Établissez clairement votre champ de recherche, votre mission et votre identité. Votre image de marque comme chercheur servira de cadre à vos travaux. Trouvez quelques questions clés qui vous définissent et qui alimenteront vos projets de recherche pendant des années, voire des décennies (j’ai les mêmes depuis 25 ans). Tentez par la suite de devenir l’expert de ces questions en publiant des commentaires et des articles dans les revues et journaux, en dirigeant des ouvrages et en donnant des conférences. Au moment de la titularisation, vous serez « connu » dans un domaine bien précis, ce qui vous aidera tout au long de votre carrière. – M. McDonnell, Université de la Saskatchewan

Apprenez à connaître la culture et les politiques du département et de l’université. Tous les départements sont différents, et vous aurez à interagir avec beaucoup de membres du personnel au fil du temps. Apprenez à connaître le processus de prise de décisions. Sachez repérer les bonnes personnes-ressources. Déterminez les intérêts et les forces du personnel de votre département. Explorez et exploitez également les autres services de l’université, surtout en ce qui a trait à l’aide à l’enseignement et à la rédaction de demandes de subvention.
– Marty Wall, conseiller en enseignement, Université de Victoria

Les services

Faites du bénévolat. N’hésitez pas à accepter des fonctions bénévoles, mais soyez stratégique : optez pour des tâches compatibles avec votre enseignement et vos travaux de recherche et susceptibles d’accroître votre visibilité. Grâce au bénévolat, vous tisserez des liens et connaîtrez mieux le fonctionnement de votre domaine, de votre département, de votre université ou de votre collectivité. Vous serez également perçu comme quelqu’un qui souhaite apporter sa contribution. Ne choisissez pas un mandat trop exigeant, car vous devez consacrer l’essentiel de votre temps à vos tâches d’enseignement et de recherche. Privilégiez les rôles reconnus et valorisants, et refusez les autres. – Mme Christensen Hughes, Université de Guelph

Devenez un membre actif de votre milieu. J’ai beaucoup appris en participant activement à toutes sortes d’activités. Par exemple, j’en ai appris bien plus sur le processus d’évaluation en siégeant à un comité d’évaluation en début de carrière que j’aurais pu le faire en lisant la convention collective. Faire partie de divers comités m’a aussi aidée à m’intégrer rapidement au département, au corps professoral et à l’université. Il faut bien sûr ne pas s’éparpiller, mais l’intégration sociale à la vie universitaire aide à se faire des alliés et à comprendre la culture institutionnelle. C’est d’autant plus important pour les membres des groupes minoritaires, qui risquent de passer inaperçus s’ils restent discrets. – Mme Mighty, vice-rectrice adjointe (enseignement et apprentissage), Université Carleton

Soyez à la hauteur. Vous devez viser l’excellence. C’est l’effort qui compte, bien plus que les résultats. Si vous dites que vous ferez quelque chose, faites-le. Vous vous bâtirez une réputation de fiabilité. Ce principe s’applique à tous les aspects de votre rôle de professeur. Vous devez donc vous investir à 100 pour cent dans votre enseignement, vos travaux de recherche et vos tâches de service. Ce qui totalise 300 pour cent! Bienvenue dans le milieu universitaire. – Mme Mighty, Université Carleton

Trouvez un mentor. Allez rencontrer les nouveaux professeurs et les équipes des autres départements. Vous apprendrez ainsi les uns des autres et briserez l’isolement. Pendant votre première année, trouvez un mentor avec qui vous vous entendez bien dans votre département et qui pourra vous expliquer comment les choses fonctionnent. Plus tard, vous pourrez trouver un mentor à l’extérieur du département et de la faculté.
– Françoise Moreau-Johnson, gestionnaire du Centre de leadership académique de l’Université d’Ottawa

Les relations

Entourez-vous de bonnes personnes. À mes débuts, trois ou quatre collègues d’expérience m’ont été d’une aide inestimable. Seulement un d’entre eux avait un lien avec mon domaine de recherche, mais ils étaient tous là pour m’écouter, me guider et me donner des conseils directs et bien utiles. Deux d’entre eux ont trouvé le moyen de collaborer avec moi à l’écriture d’un article et un autre m’a aidée à concevoir mon premier cours aux cycles supérieurs. Il y en a même un qui a assisté au premier cours que j’ai donné au premier cycle, et il ne s’est pas gêné pour me critiquer (et dessiner des caricatures pendant ma présentation). Parmi les autres « bonnes personnes » que je connais hors de l’université, certaines contribuent à mes travaux de recherche : elles ouvrent des portes pour mes étudiants et moi. Les collaborateurs du milieu universitaire qui complètent votre style, sont fiables, vous stimulent et vous encouragent à donner le meilleur de vous-même sont certainement de bonnes personnes à côtoyer. – Maureen G. Reed, professeure et directrice adjointe à l’École d’environnement et de développement durable de l’Université de la Saskatchewan

Soyez bons avec les autres. Le milieu universitaire est un petit monde. Avec le temps, vous rencontrerez partout dans le monde des gens de votre domaine qui vous connaissent, ont entendu parler de vous ou connaissent quelqu’un qui vous connaît. On récolte ce que l’on sème. Ceux qui font preuve de civisme et qui rendent service s’en trouvent toujours récompensés. Si vous vous entourez de bonnes personnes, assurez-vous de mériter votre place dans ce cercle vertueux. – Mme Reed, Université de la Saskatchewan

Évitez de vous isoler. Même si vos activités universitaires sont largement individuelles, il est utile, voire nécessaire, de faire des efforts pour devenir un membre actif de plusieurs groupes. Les universitaires peuvent appartenir simultanément à divers groupes possédant leurs propres cultures, normes et valeurs, que ce soit au sein de leur département, de leur université et de leurs organisations professionnelles nationales ou internationales. Il y a des avantages personnels et professionnels à maintenir des relations avec ces groupes. – M. Marini, Université Brock

 Acceptez le fait que vous ne ferez pas toujours l’unanimité. À mes débuts comme professeur adjoint, un mentor de longue date m’a donné un excellent conseil : apprendre à dire non. Mais en disant non, que ce soit aux étudiants qui réclament une note plus élevée, aux administrateurs qui vous suggèrent de demander des subventions plus nombreuses et généreuses ou aux collègues qui ont besoin d’aide pour leurs tâches administratives, vous risquez de décevoir ou de fâcher les gens. Apprendre à dire non, c’est aussi apprendre à accepter que les gens ne vous aimeront pas toujours. – David R. Smith, professeur adjoint au Département de biologie de l’Université Western

 Ne tombez pas dans le piège des comparaisons. Comme les indicateurs de performance universitaire et les sites Web des professeurs sont accessibles en quelques clics, il est facile de se comparer à ses collègues, à ses pairs et à ses anciens superviseurs. Ce faisant, vous risquez de douter de vos capacités ou, au contraire, de nourrir votre ego de façon démesurée. Dans les deux cas, ce n’est ni sain ni productif. Soyez conscients des attentes de votre département, de votre université et de votre domaine d’études, mais concentrez-vous sur vos propres objectifs et ne vous laissez pas distraire par les palmarès. M. Smith, Université Western

L’équilibre travail-vie privée

Prenez tous les jours un moment pour apprécier votre campus universitaire. Les campus abritent des édifices historiques majestueux. Les bâtiments grandioses sont des sources d’inspiration tout aussi grandioses. Par leur beauté, les campus expriment toute l’importance accordée à l’enseignement supérieur. – Theodore Christou, professeur adjoint en études sociales à la Faculté d’études supérieures de l’Université Queen’s

Dites non. Répétez-le devant un miroir s’il le faut, mais dites non. Vous n’avez pas à superviser tous les étudiants qui vous en font la demande. Vous n’êtes pas tenu de siéger à tous les comités, ni d’accepter tous les projets de rédaction en collaboration. Dites non au moins une fois par jour, mais n’oubliez pas d’ajouter « merci ».
 M. Christou, Université Queen’s

Renforcez dès le début vos capacités d’adaptation. Vous traverserez plus facilement vos premières années d’enseignement, alors que l’équilibre entre le travail et la vie privée est difficile à atteindre. Tout ira mieux avec le temps, puisque vous gagnerez en rapidité et en efficacité pour effectuer les tâches qui exigent beaucoup de temps au début (comme l’évaluation d’articles et les travaux de comité). En fait, tout s’améliore d’année en année. Réservez d’abord du temps à ce qui vous tient à cœur. Ensuite, trouvez du temps pour le reste. Gérez votre liste de choses à faire en fonction de vos besoins prioritaires (par exemple, rédiger et soumettre des communications savantes). Apprenez à dire non avec beaucoup de tact. Déléguez des tâches, fixez des échéances réalistes et donnez-vous le droit de prendre quelques soirées ou week-ends de congé. – M. McDonnell, Université de la Saskatchewan

Organisez et gérez votre temps. Les premiers mois sont critiques, et il est facile de passer trop de temps sur certaines choses et pas assez sur d’autres. Suivez une routine bien établie qui tient compte des échéances et des responsabilités, et soyez assez discipliné pour respecter vos engagements à court et à long terme. – M. Wall, Université de Victoria

Cultivez des relations et des intérêts hors du milieu universitaire. Les emplois universitaires peuvent être accaparants : mon travail, qui est aussi ma passion, empiète sur tous les aspects de ma vie. J’ai parfois senti que je ne menais pas une vie équilibrée. Je me suis donc efforcé d’entretenir des amitiés et d’avoir des passe-temps à l’extérieur du milieu universitaire. C’est particulièrement agréable de passer une soirée ou un week-end avec quelqu’un qui se désintéresse totalement de l’évolution du génome et des politiques universitaires.
 M. Smith, Université Western

 Prenez du temps pour vous. Cela semble évident, mais nous pouvons facilement devenir tellement occupé à « exécuter » – faire de la recherche, enseigner, siéger à des comités et effectuer des tâches ménagères – que nous ne prenons pas le temps de réfléchir à ce que nous faisons, comment nous le faisons et pourquoi nous le faisons. Un recteur m’a déjà conseillé de réserver du temps pour moi chaque semaine. J’ai pris son conseil au sérieux. Depuis, je travaille à la maison une fois par semaine (généralement le vendredi). J’ai ainsi le temps de réfléchir à ce que je fais et d’en comprendre les raisons. Je peux aussi rattraper le retard dans les choses que j’avais prévu de faire, ou encore prendre le temps de planifier, de ralentir et de respirer. J’ai même écrit « Journée de repos » sur une petite affiche destinée à la porte de mon bureau à l’université. Si je devais y aller pour une raison ou une autre, les gens comprenaient que je n’étais pas vraiment là. Mon affiche les faisait sourire, mais ils respectaient mon désir de tranquillité. – Mme Mighty, Université Carleton

Rédigé par
Ashleigh VanHouten
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