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Des travaux de recherche sur la supraconductivité au cœur d’un vidéoclip

« La danse peut exprimer à peu près tout », affirme le lauréat canadien du premier prix général au concours Dance Your PhD du magazine Science.
par MEAGHAN HALDENBY
19 MAR 19

Des travaux de recherche sur la supraconductivité au cœur d’un vidéoclip

« La danse peut exprimer à peu près tout », affirme le lauréat canadien du premier prix général au concours Dance Your PhD du magazine Science.

par MEAGHAN HALDENBY | 19 MAR 19

Danseur de swing, musicien et étudiant en physique à l’Université de l’Alberta, Pramodh Senarath Yapa a tous les talents. Et il les exploite à merveille dans son vidéoclip Superconductivity : The Musical! qui explique, en onze minutes, comment les électrons isolés peuvent former des liens à basse température et ce qui se passe lorsque des impuretés s’ajoutent à l’équation. Son œuvre lui a d’ailleurs valu le premier prix général au concours annuel Dance Your PhD du magazine Science.

Le concours invite les doctorants à illustrer leur recherche au moyen d’une chorégraphie et de la mettre en ligne sur YouTube. M. Yapa, qui a créé sa vidéo à partir de ses travaux de maîtrise à l’Université de Victoria, s’est entretenu avec Affaires universitaires en février, peu après l’annonce de sa victoire.

Affaires universitaires : Comment se sent-on après avoir gagné 1 000 $ et avoir été intronisé au Panthéon des « geeks »?

M. Yapa : C’est un peu surréaliste. Ce concours m’intéressait depuis longtemps, alors c’est plutôt drôle que je l’aie remporté. J’ai eu beaucoup de mal à comprendre ce qui m’arrivait.

AU : Votre victoire a été soulignée par le magazine Science et les chaînes CNN et CBC. Qu’est-ce que ça signifie pour vous?

M. Yapa : J’ai donné deux ou trois entrevues par jour et j’ai lu tous les commentaires publiés en ligne. Je suis sidéré que tant de gens aient vu ma vidéo.

AU : Comment l’idée de cette danse vous est-elle venue?

M. Yapa : Je pense qu’elle a germé deux ans avant que je tourne la vidéo. J’étais dans l’autobus, en route pour l’université, et des paroles sur mes travaux de recherche me sont venues en tête. Je les ai prises en note.

Je n’arrêtais pas de penser à ces électrons incarnés par des gens. Et, comme je danse le swing depuis cinq ans environ, il me semblait très naturel de représenter des électrons [isolés] par des danseurs formant des paires en se déplaçant dans du métal.

Ma vidéo réunit donc tous mes passe-temps, et mon style « métal » du secondaire y fait même une apparition. Il s’agit d’un amalgame de tout ce que j’ai fait dans ma vie jusqu’à maintenant.

AU : Avez-vous fait tout le travail seul ou avez-vous eu de l’aide?

M. Yapa : J’ai moi-même écrit et enregistré la chanson. Pour la chorégraphie, j’ai eu l’aide de deux amies qui dansent aussi le swing à Victoria. L’une d’entre elles est d’ailleurs, comme moi, diplômée [de l’Université de Victoria] et étudiante au doctorat. Je leur ai fait écouter ma chanson et je leur ai expliqué le message que je souhaitais transmettre, et nous avons créé la chorégraphie tous les trois. J’ai aussi enrôlé les chercheurs postdoctoraux de mon groupe de recherche de l’Université de Victoria, qui se sont occupés de toute la vidéographie.

Enfin, j’ai pu compter sur la collaboration d’une vingtaine de danseurs de swing de mon entourage. Ce fut un immense travail d’équipe.

AU : Votre vidéo a-t-elle nécessité un investissement financier?

M. Yapa : J’ai payé très peu de choses, car nous avons presque tout fait nous-mêmes, à partir de ce que nous avions déjà. Je dirais que j’ai dépensé tout au plus 200 dollars. La location de lampes pour la journée a probablement été ma plus grosse dépense.

AU : Pourquoi avez-vous décidé de participer au concours, malgré tout le travail que cela représentait?

M. Yapa : J’ai vu des vidéos du concours Dance Your PhD il y a longtemps, bien avant d’être aux cycles supérieurs, et j’ai été ébloui par leur originalité. L’idée d’en faire une moi-même s’est précisée lorsque j’ai amorcé ma maîtrise.

Chaque année, l’Université de Victoria organise un festival de recherche appelé Ideafest, qui met en vedette les travaux des étudiants aux cycles supérieurs et du corps professoral. L’année dernière, il a donné lieu à l’activité Express Your Thesis, directement inspiré du concours Dance Your PhD. J’ai immédiatement su que c’était ma chance de créer une vidéo que je pourrais ensuite réutiliser pour le concours du magazine Science.

AU : Vous dites avoir entendu parler du concours Dance Your PhD il y a plusieurs années. À part la vôtre, est-ce qu’il y a une vidéo soumise cette année ou lors des éditions précédentes que vous appréciez en particulier?

M. Yapa : Je crois que la vidéo qui m’a le plus marqué est celle qui a remporté le premier prix en 2017. Sa créatrice, une mathématicienne californienne, a présenté ses travaux de recherche sur les tresses à l’aide de tissus aériens et d’autres formes de danse, comme l’acroyoga.

Cette vidéo était parmi les mieux réalisées que j’avais vues dans le cadre de ce concours et elle m’a convaincue que la danse peut exprimer à peu près tout. J’ai su que si une mathématicienne, qui étudie une science bien plus pure que la mienne, pouvait obtenir un tel résultat, je pouvais en faire autant avec mes travaux de recherche en physique.

AU : Quel conseil donneriez-vous aux personnes qui s’inscrivent au concours Dance Your PhD ou à une autre compétition du genre?

M. Yapa : Je n’ai pas fait appel aux services d’une grosse société de production ou de spécialistes de l’audiovisuel. J’ai simplement demandé l’aide de gens de mon entourage dont les passe-temps pouvaient m’être utiles. Les gens, et surtout les étudiants, s’adonnent à tant d’activités intéressantes pendant leurs temps libres, et ils ne demandent qu’à donner un coup de main dans ce genre de situation.

AU : Les juges vous ont-ils dit pourquoi ils avaient choisi votre vidéo plutôt qu’une autre?

M. Yapa : Ils ont mentionné que je devais ma victoire au fait que les paroles et la musique étaient de moi et que je les avais utilisées en harmonie avec la chorégraphie pour créer un ensemble homogène. Beaucoup d’autres participants ont simplement utilisé de la musique non protégée par le droit d’auteur. Ils ont dû trouver un morceau adapté à leur message, mais la cohésion n’était pas toujours parfaite.

En composant ma propre musique, j’ai pu choisir les sentiments et le type d’énergie qui s’en dégageraient afin d’obtenir un résultat plutôt harmonieux.

AU : Quels sont vos projets pour la suite?

M. Yapa : J’ai commencé mon doctorat en physique (sur les superfluides) à l’automne, et il s’agit bien sûr de ma priorité absolue pour le moment. Mais je songe déjà à la façon dont je pourrais utiliser mes travaux de recherche actuels de façon créative. Je demanderai peut-être l’aide de la communauté artistique d’Edmonton pour le faire.

J’utiliserai évidemment la musique pour vulgariser la science, mais je m’éloignerai probablement du style de ma vidéo du concours Dance Your PhD.

Cet entretien a été revu et condensé pour plus de clarté.

Rédigé par
Meaghan Haldenby
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