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D’homme à homme

Il se trouve bien un cours ou deux en études des hommes dans les universités canadiennes, mais peut-on parler d’un intérêt réel pour le sujet?

par MOIRA FARR | 11 JAN 10

Lorsque les médias ont annoncé que l’Université de Winnipeg allait offrir un cours intitulé « Boys, Men and Popular Culture » (Les garçons, les hommes et la culture populaire) au semestre d’hiver, la réaction de la population a été partagée : « Il est à peu près temps! », s’est exclamée une lectrice du Winnipeg Free Press.

De nombreux autres lecteurs, hommes et femmes, ont convenu qu’il était opportun pour les universités d’offrir des cours qui portent sur l’identité et l’expérience des hommes, comme on le fait déjà au sujet des femmes. Quelques-uns se sont toutefois objectées. Sur un site Web, on a même qualifié le cours d’imposture vouée à l’échec et lancé qu’il n’aurait aucune valeur à moins d’être enseigné par un « vrai homme ».

Mises à part les passions soulevées par le sujet, Pauline Greenhill, qui a déjà enseigné un cours sur les filles, les femmes et la culture populaire, s’est affairée à préparer le programme dans lequel des films sur la masculinité seront présentés en abondance. Étant donné le profil démographique des étudiants, il y de fortes chances pour que davantage de femmes que d’homme s’y inscrivent, mais Mme Greenhill affirme ne pas se soucier de la constitution de sa classe; ce qui importe pour elle c’est que « de plus en plus de personnes, hommes et femmes, reconnaissent la valeur d’étudier une variété d’expériences humaines ».

Les études des hommes sont enseignées depuis longtemps aux États-Unis, au Royaume-Uni, et en Australie, et elles gagnent en popularité au Canada. Les universités Laval, de l’Alberta, York, Guelph, Queen’s et plusieurs autres, offrent ces cours dans les départements d’études des femmes (parfois rebaptisés études sur le genre) et dans toute une gamme d’autres disciplines connexes comme la psychologie, la sociologie, le travail social, l’histoire, la géographie et la littérature.

Une équipe de 17 chercheurs qui enseignent les études des hommes et de la masculinité dans plusieurs universités du Québec viennent de recevoir un financement de 600 000 $ du gouvernement provincial pour étudier des questions aussi variées que la santé des hommes, la violence et la paternité. « Certaines féministes ne sont peut-être pas ravies de la concurrence que nous leur livrons pour obtenir du financement, mais je pense que bon nombre d’entre elles souhaitent une meilleure société et se réjouissent de travailler avec nous », explique Gilles Tremblay, professeur en travail social à l’Université Laval.

M. Tremblay, qui donne des cours aux cycles supérieurs sur la socialisation des garçons et des hommes, contribue à l’ouvrage Canadian Perspectives on Men and Masculinity Studies, à paraître en 2011 aux Oxford University Press. Son éditeur, Jason Laker, confie que l’objectif est de « faire réfléchir les gens ».

Selon M. Laker, l’intégration des études des hommes dans les programmes universitaires canadiens serait favorisée. « La plupart des cher-cheurs dans ce domaine respectent la raison d’être des études des femmes et des théories féministes », explique M. Laker, professeur en études des hommes ainsi que vice-principal associé et doyen des affaires étudiantes à l’Université Queen’s. Il reconnaît que les chercheurs du domaine se sont servis des concepts et des théories féministes pour effectuer leurs travaux.

Regroupant les travaux d’érudition en études des hommes issus de diverses disciplines et de différentes régions du pays, le livre de M. Laker comblera un vide au Canada. Les chapitres portent entre autres sur l’homme dans la culture populaire, l’homme immigrant, l’homme autochtone, l’identité masculine dans le sport au Canada, le « métrosexuel », la masculinité et la religion, et la manière dont l’attitude américaine par rapport à la guerre se compare à l’histoire et à la mythologie militaire canadienne et contraste avec celle-ci.

On ne sait pas si les cours en études des hommes attireront les étudiants masculins. Quoi qu’il en soit, les chercheurs se réjouissent le l’intérêt accru porté au domaine et M. Laker souhaite le voir prendre son essor.

Rédigé par
Moira Farr
Moira Farr is a contract instructor at Carleton University as well as a freelance writer and editor.
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