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Étudiants sous tension

par LÉO CHARBONNEAU | 10 MAR 08

Le passage vers le monde adulte représente tout un défi pour de nombreux jeunes. Stressés par les études universitaires et souvent éloignés de leur famille pour la première fois, certains ont peine à composer avec leur nouvelle réalité.

Des études réalisées au Canada et aux États-Unis, comme celle qu’a dirigée Richard Kadison, de l’Université Harvard, ont révélé qu’environ 30 pour cent des étudiants de niveau postsecondaire sont aux prises avec des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie, comparativement à 18 pour cent dans l’ensemble de la population. Qui plus est, plusieurs universités font état d’une hausse des demandes d’aide psychologique.

Cindy Crossman, coordonnatrice des services de santé et de la formation en santé à l’Université Mount Allison, observe une augmentation des demandes de services d’aide psychologique dans cet établissement. La situation peut être en partie attribuable à une sensibilité accrue aux problèmes de santé mentale, estime-t-elle, ajoutant que le recours à ce type d’aide est maintenant davantage acceptable socialement.

Par ailleurs, l’âge des étudiants au premier cycle, de 18 à 24 ans environ, correspond au premier stade de l’apparition des maladies mentales, souligne Pam Whiting, directrice des services de santé et de counseling de l’Université Simon Fraser. Dans l’ensemble de la population, « nous assistons à une multiplication des problèmes de santé mentale. Il n’est donc pas étonnant d’observer un phénomène similaire parmi les étudiants », affirme-t-elle.

Les trois motifs qui poussent les étudiants à recourir aux services d’un médecin sur le campus sont la santé sexuelle, les douleurs physiques et les blessures, puis la santé mentale, de dire Mme Whiting. L’angoisse et la dépression sont les problèmes de santé les plus fréquents parmi la population, et les étudiants n’y font pas exception. Les troubles alimentaires, les psychoses et la maniacodépression sont également au nombre des problèmes de santé mentale qui peuvent frapper les étudiants. En outre, sur les campus, un nombre croissant d’étudiants consultent pour des problèmes de consommation d’alcool et de drogue.

Les universités doivent également faire face à un nouvel enjeu : la santé mentale chez les étudiants étrangers. De plus en plus nombreux dans les universités, ceux-ci ont souvent des croyances culturelles différentes à cet égard et ils sont, dans bien des cas, éloignés de leur famille. « La famille joue un rôle important dans le processus de guérison lorsque des soins hospitaliers sont requis pour cause de maladie mentale. Or, les étudiants étrangers s’en trouvent trop souvent privés. La langue peut également accroître la difficulté », rappelle Mme Crossman, de l’Université Mount Allison.

« Les étudiants fréquentent nos établissements pour maximiser leur expérience universitaire, s’épanouir ainsi que trouver un sens à leur quête et en tirer de la satisfaction – des aspirations qui ne sont pas dénuées de complexité, compte tenu des nombreux facteurs en jeu. Cependant, parvenons-nous à répondre à leurs besoins, en matière de santé? Pour s’en assurer, il est essentiel d’évaluer continuellement leurs besoins afin d’être en mesure de leur offrir les services de santé nécessaires pour qu’ils atteignent leurs objectifs. »


Bilan de la santé des étudiants

De nombreuses universités canadiennes utilisent le National College Health Assessment, un système d’évaluation américain qui recueille des données sur les habitudes et les comportements des étudiants en matière de santé. Voici quelques conclusions de l’enquête réalisée à l’automne 2006 auprès de 24 000 étudiants américains et canadiens :

  • Parmi les étudiants interrogés, 35 pour cent déclarent s’être sentis dépressifs au moins une fois au cours des 12 derniers mois, au point d’avoir eu du mal à fonctionner.
  • Dix pour cent des étudiants confient avoir sérieusement pensé au suicide au cours des 12 derniers mois.
  • Au nombre des obstacles à la réussite universitaire, le stress est le plus fréquemment mentionné (34 pour cent des étudiants), suivi entre autres par les troubles du sommeil (25 pour cent), les difficultés relationnelles (16 pour cent) et la dépression et l’angoisse (15 pour cent).
Rédigé par
Léo Charbonneau
Léo Charbonneau is the editor of University Affairs.
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