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Incursion au cœur du laboratoire judiciaire de l’ADN de la faune de l’Université Trent

Des biologistes au service de la justice.

par DAVID HAYES | 09 AVRIL 14

L’Université Trent à Peterborough (Ontario) abrite un des laboratoires d’analyse de l’ADN le plus avant-gardiste au monde : le Wildlife Forensic DNA Laboratory. Avec pour partenaire principal le ministère des Ressources naturelles de l’Ontario (MRNO), le laboratoire collabore avec des universités, des instituts de recherche, des organisations gouvernementales et des ONG du monde entier à compiler les données génétiques complètes qu’exigent la gestion efficace et la préservation des espèces végétales et animales.

Le laboratoire comme son directeur, Bradley White, sont de véritables pionniers. Les membres du personnel ont témoigné en tant qu’experts ou agi comme conseillers dans plus de 1 000 cas mettant en cause toute une variété d’animaux : dindons sauvages, ours noirs, cerfs de Virginie, truites arc-en-ciel, etc. Le laboratoire est intervenu au Canada et ailleurs dans des dossiers de trafic d’espèces menacées dont les ours noirs sont les principales victimes (en Asie, leurs pattes sont prisées dans l’alimentation, et leurs vésicules biliaires entrent dans la fabrication de médicaments). Le laboratoire a également aidé à déterminer si des os ou des poils intégrés à des bijoux provenaient d’espèces menacées, et il a récemment pris part en Ontario à un procès pour chasse à l’orignal illégale. Toutes ces condamnations se sont soldées par des amendes allant de quelques milliers à 50 000 $, et par des peines d’emprisonnement.

Photos du laboratoire                                Image 1 de 9


Voir les images du laboratoire.

« Nous veillons à ce que justice soit rendue aux animaux sauvages », explique M. White, sympathique barbu raffiné de 67 ans à l’accent britannique.

En 1967, titulaire d’un baccalauréat en botanique de l’Université de Nottingham, M. White n’a pas hésité à émigrer au Canada lorsqu’il a appris que l’Université McMaster, à Hamilton, était en quête d’étudiants en biologie moléculaire aux cycles supérieurs. En 1970, il est devenu chercheur postdoctoral à l’Université de la Colombie-Britannique, où son mentor, David Suzuki, a fait naître son intérêt pour la génétique. Après s’être joint en 1973 au département de biologie de l’Université Queen’s, M. White a créé le premier laboratoire d’analyse de l’ADN en Ontario, à l’Hôpital général de Kingston.

En 1990, M. White est retourné à l’Université McMaster comme directeur du département de biologie. La direction générale de la faune aquatique et terrestre du MRNO n’a pas tardé à faire appel à lui pour des affaires de braconnage ou des enquêtes sur la vente illégale de gibier en supermarché. L’une des premières dont il s’est occupé concernait l’abattage illégal d’un cerf de Virginie dans l’île Manitoulin, sur le lac Huron. Elle a fait jurisprudence : jamais encore l’ADN n’avait été admis devant un tribunal nord-américain comme preuve d’infraction criminelle à l’encontre de la faune sauvage.

Lorsque le siège du MRNO a été relocalisé à Peterborough, l’Université Trent a proposé à M. White d’y déplacer son laboratoire, pour se rapprocher de son principal client. C’est ainsi que M. White a intégré en 1998 le département de biologie de l’Université Trent, souvent associée aux arts libéraux, mais d’abord axée sur les sciences de l’environnement et de la vie, surtout aux cycles supérieurs. En 2011, devenu titulaire d’une Chaire de recherche du Canada en génétique de la conservation et en biodiversité, M. White a fondé le Natural Resources DNA Profiling and Forensic Centre. Fruit d’un partenariat entre l’Université Trent et le MRNO, le Centre est financé par les secteurs public et privé. M. White a créé un programme de premier cycle en criminalistique, contribué à la création d’un programme de formation de biotechnologies judiciaires au Collège Fleming à proximité, et inauguré une formation estivale (« CSI Peterborough ») qui permet aux élèves du secondaire de s’initier à l’analyse de l’ADN et à la criminalistique.

« Toutes ces initiatives ont permis d’attirer à l’Université Trent les meilleurs étudiants en science, et donc de maintenir l’effectif étudiant au premier cycle en dépit du contexte économique difficile », explique M. White, sous la direction duquel le département de biologie est devenu le quatrième plus important de l’établissement.

Aujourd’hui, le Wildlife Forensic DNA Laboratory est situé dans un grand centre de recherche qui surplombe le campus. Des chercheurs de diverses disciplines y étudient le cancer, la bioarchéologie et la biologie des plantes, même si l’analyse de l’ADN de la faune demeure sa priorité. Soixante personnes y travaillent; au troisième étage, derrière des portes bien verrouillées, certaines manipulent des produits biologiques dangereux. Dans la salle d’autopsie, un dispositif en acier permet de soulever un cadavre d’orignal pour le poser sur la table à dissection. Dans le hall, au fil des étapes d’analyse de l’ADN, des éprouvettes se balancent au bout de bras robotisés.

« Nos travaux portent sur tout, des infractions criminelles aux maladies comme la rage, dans le but de préserver les espèces menacées pour les générations à venir, explique M. White. L’ADN est au cœur de l’information. »

Rédigé par
David Hayes
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