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Récit de fiction: La relève

Le moment était venu pour les professeurs de rencontrer le nouveau recteur.

par VITTORIO FRIGERIO | 31 MAI 13

Dire que l’université était en ébullition aurait été excessif. Ce que cela aurait comporté de choquant dans un établissement so-lidement basé sur d’anciennes traditions d’outre-Atlantique, qui ne dédaignait pas de se laisser définir comme « la Harvard du nord », faisait que l’ébullition ne se manifestait que de manière fort discrète. Si discrète, en fait, que bien peu se laissaient prendre la main, élevaient la voix, gesticulaient dans les réunions de la Faculté, et se comportaient avec un manque de discrétion qui se faisait malencontreusement remarquer. Ceux-là étaient pour l’essentiel des membres de départements consacrés à l’étude des langues ou des littératures étrangères – c’est-à-dire non anglophones – que le hasard des recherches d’emploi avait menés jusqu’à ces contrées éloignées, et qui y avaient eux-mêmes amené certains usages peu communs chez les Autochtones, sur lesquels on préférait laisser tomber le voile pudique de l’indifférence. Ces déplorables excès trahissaient cependant un état d’esprit diffus, que d’autres ne manifestaient pas de façon aussi bruyante mais que tout le monde partageait plus ou moins. En un mot : les barbares étaient aux portes!

Pour être précis, il s’agissait d’un barbare au singulier. Mais l’on s’accordait à estimer que la venue de celui-là entraînerait l’arrivée d’autres encore, et que sans même qu’il y ait besoin d’importer de nouveaux Vandales et Visigoths à sa suite, il se trouverait sans peine des Quisling locaux prêts à jeter le masque et à se ranger du côté du nouveau pouvoir, une fois celui-ci solidement en place, pour mendier quelques méprisables faveurs. Car le barbare dont on attendait la venue n’était pas précisément n’importe qui. Il s’agissait du nouveau recteur.

L’ébullition, il faut bien le dire, n’était pas non plus également partagée parmi toutes les facultés. Certaines (les nouveaux riches de l’université, les parvenus de la dernière minute – les minutes, dans ce milieu, se comptant en décennies), ne voyaient pas d’un mauvais œil l’arrivée d’un administrateur qu’elles prévoyaient philosophiquement proche de leur vision du monde. Au premier rang de celles-ci figuraient la Faculté de gestion et la « business school » qu’elle hébergeait, mais peu loin derrière on voyait pointer de nombreux représentants de tout ce qui pouvait se réunir sous l’étiquette de sciences et techniques, informaticiens et autres rats de laboratoire proches de l’industrie, sans oublier les praticiens de ces arts qui se voulaient appliqués et en tiraient une fierté légitime : médecins, dentistes et ainsi de suite. L’inquiétude se concentrait principalement entre les murs de la Faculté des arts et des sciences, dont les membres se considéraient, peut-être à raison d’ailleurs, les gardiens de la tradition et les véritables représentants de la pureté universitaire, préservée en droite ligne depuis le Moyen-âge.

Ce sentiment se comprenait quand on voyait s’élever devant soi les murs austères des bâtiments principaux du campus, en imposantes pierres de taille, marqués d’un cachet classique qui n’était déjà, à l’époque lointaine de leur construction, que la copie d’une copie d’une architecture des temps jadis, mais qui en imposaient néanmoins beaucoup aux étudiants et aux donateurs. Si on n’y laissait pas s’épanouir le lierre, c’était de peur de sombrer dans le pléonasme. La ligue à laquelle appartenait un établissement pouvant se vanter de pareils édifices n’avait pas besoin d’être soulignée aussi trivialement. Et si dans l’ambiance actuelle il n’y avait pas de douves devant ces sombres murs, c’était exclusivement du fait que les opposants à l’envahisseur avaient déjà été exilés depuis longtemps dans des bâtiments modernes en béton et en verre, exposés à l’empoisonnement lent de la climatisation, machine à recycler les virus, et que les salles augustes de l’ancien cœur de l’université attendaient le nouveau maître et sa suite, à qui elles étaient réservées.

C’est dans ce milieu troublé qu’Aimé Vaillancourt arrivait au bout de la première année de sa carrière, se demandant s’il n’aurait pas mieux fait de ne pas choisir d’enseigner aussi un cours pendant l’été. La décision était financièrement très positive et l’aiderait à rembourser une petite portion du prêt d’études qu’il se voyait traîner au pied, tel un boulet, pendant trois lustres au bas mot. Elle ne nuirait pas non plus à son image, montrant le dévouement qu’il avait pour la mission de son département, son énergie et sa disponibilité à s’investir. Toutes des qualités très utiles à mettre en évidence dans les cinq longues années qui précèdent la demande de titularisation. Le doute lui venait d’une opinion moins exaltante qu’il avait en son for intérieur quant à son énergie réelle, et de la crainte d’arriver au mois de septembre sur les genoux. Mais les dés étaient jetés et il lui faudrait s’accommoder de la décision qu’il avait prise. Cela lui permettrait au moins de rester sur le campus pendant la transition, de vivre à la première personne ce moment difficile mais émouvant qui, s’il fallait en croire l’opinion de ses collègues, allait transformer leur vie à tous.

– Ce sera l’apocalypse, affirmait volontiers le directeur de son département. Le Götterdämmerung. Sauf que cela fait longtemps que nous avons cessé d’être des dieux et que nous ne sommes même plus des démiurges. Tout au plus, les jours où ça va bien, des Séraphins, au plus bas degré de la hiérarchie céleste. La plupart du temps de simples poltergeist, occupés à faire du bruit pour empêcher que les étudiants s’endorment en classe, mais parfaitement invisibles à leurs yeux.

– Et toi, n’oubliait-il jamais d’ajouter, tu as eu du pot d’être embauché! Plus personne n’en aura pour un bon bout de temps, de poste. Ceux qui sont là, sont là, et les portes sont cadenassées!

Aimé, qui était parfaitement conscient du bol qu’il avait eu d’arriver à se glisser dans une université aussi renommée en pleine période de crise économique, et qui par conséquent ne demandait qu’à se faire apprécier par ses aînés, avait passé la plus grande partie de l’année à essayer de plaire à tout le monde. Étant doué d’une belle faculté d’adaptation qui le faisait tomber d’accord avec tout un chacun avant que son esprit critique n’ait le temps de s’enclencher, il y était assez bien parvenu. Du moins, il était également toléré par des collègues qui, entre eux, ne pouvaient pas se voir en peinture. Ce que cette situation pouvait avoir de précaire, et à la rigueur de moralement discutable, ne lui échappait pas. Il pensait toutefois qu’il lui fallait se donner le temps de peser le pour et le contre, et ne pas juger qui que ce soit prématurément, surtout quand c’était lui qui serait jugé par la suite.

Entre temps, ce n’étaient pas les expressions d’opinions vigoureuses qui faisaient défaut. À quelques nuances près, elles se valaient.

– Le doyen nous en veut! Il ne comprend pas ce que nous faisons et ne cessera pas de nous mettre des bâtons dans les roues. Avec le nouveau recteur, ce sera encore pire! Nous sommes restés trop peu nombreux pour faire du bon travail. Si au moins nous n’avions pas commis l’erreur d’embaucher Untel, qui est un authentique poids mort, nous aurions encore une chance d’arriver à accomplir quelque chose, disait Machin.

– L’administration est contre nous! Le doyen a ses chouchous et nous n’avons jamais été du nombre. L’arrivée du nouveau recteur va nous affaiblir encore plus. La qualité du programme, qui a déjà beaucoup baissé, va encore en prendre un coup. Et elle en a déjà pris un quand on a voulu engager Machin, qui est un véritable feignant, mais maintenant il est trop tard et nous ne sommes plus qu’une poignée à nous investir véritablement, disait Untel.

Ayant étendu ses explorations au-delà de son département, Aimé eut maintes occasions de vérifier que ces arguments, quand on en excisait leurs parties ad hominem, représentaient un sentiment largement partagé. L’unisson avec lequel les membres de toute la faculté affirmaient que l’administration les défavorisait, tout en montrant des égards excessifs pour d’autres programmes moins méritants, ne témoignait pas en faveur de sa vérité absolue. Mais si on tenait compte de la propension humaine bien connue à se voir en victime, il était indubitable que la faculté unanime voyait l’avenir en teintes sombres. Rien que cela, ça devait bien vouloir dire quelque chose.

Parmi ceux qui se plaisaient le plus à assombrir ultérieurement un ta-bleau déjà peu réjouissant, figurait l’un des plus anciens professeurs de la faculté, Orville Farrage, un vieux de la vieille qui, selon les gens à qui on posait la question, en hantait les couloirs depuis quarante ou cinquante ans au bas mot. La retraite obligatoire n’existant plus, il ne montrait aucune propension à laisser la place à d’autres, et son excellente santé laissait supposer qu’il l’occuperait encore pendant une longue période. Spécialiste de langues mortes et profondément enterrées, il avait étudié sous le plus grand ponte de son domaine à l’université de Kazan, en Russie, et s’était ensuite cons-truit une réputation mondiale depuis la célèbre Miskatonic University, au Massachusetts. Il était encore jeune quand une offre irrésistible l’attira vers le nord. Maintenant, de se l’imaginer jeune exigeait un effort au-dessus des capacités du commun des mortels, mais l’âge n’avait en rien affecté la puissance de ses cordes vocales. Physiquement imposant, faisant près de deux mètres de hauteur et arborant un tour de taille qui témoignait de son amour de la bonne cuisine, il était impossible à contourner lorsqu’on le croisait dans les couloirs. Aimé avait vite appris à s’en accommoder. De plus, il avait fini par croire que ses opinions avaient plus de valeur que sa façon toni-truante de les exposer, et alors que d’autres l’évitaient comme la peste, il consentait volontiers à lui servir d’auditoire quand leurs chemins se croisaient.

– Nous sommes fichus, mon ami! Fichus! FICHUS! Quoi qu’on fasse. Et encore faudrait-il que nous arrivions à nous mettre d’accord pour faire quelque chose. Ce qui m’étonnerait! Entre temps, eux, ils creusent. Ils creusent leurs tunnels… Et un beau jour tout va s’effondrer, et nous ne pourrons pas dire que nous ne le savions pas!

Il étala deux rangées de dents longues et jaunissantes dans une grimace de satisfaction douloureuse.

– Ce qu’il y a de pire est que cela va se faire un petit pas à la fois. Ça leur permet de nier après chaque pas qu’il y en aura un suivant. Et chaque pas en lui-même est tellement peu de chose qu’on paraît déraisonnable quand on le critique! Pourquoi s’en faire pour si peu? Faut-il que nous soyons de mauvaise foi, incapables de la moindre concession, prêts à voir le mal partout! Alors qu’ils ne veulent que notre plus grand bien!

Le jour vint enfin où le nouveau recteur devait s’adresser pour la première fois à la Faculté. Tout le monde avait été invité, mais on ne s’attendait guère à ce que plus que la moitié des membres participe. Certains étaient trop pris par leurs obligations diverses : copies à corriger, étudiants à rencontrer, formulaires à remplir, nouveaux cours à préparer. D’autres encore estimaient qu’un changement au sommet les touchait en fin de compte assez peu, et le recteur précédent étant mort (symboliquement du moins), le fait d’avoir à crier « Vive le recteur » ne les déran-geait guère, tant que cela n’incommodait pas leur routine, si loin des augustes assemblées où se retrouvaient les preneurs de décisions. Parmi ceux qui croyaient que leur quotidien risquait cette fois-ci d’être plus touché que d’habitude, et qui avaient l’intention de faire tout ce qui était en leur pouvoir pour que cela ne se produise pas, figurait Orville Farrage, suivi d’un contingent important de membres des départements les moins à la mode ou les plus coûteux. Parmi ceux-ci on trouvait évidemment Aimé, qui, encore jeune, enthousiaste et naïf, n’aurait pas raté pareille occasion pour tout l’argent du monde.

La réunion devait avoir lieu dans une des salles les plus majestueuses du campus. Avec un plafond parcouru de fond en comble par un enchevêtrement de boiseries noircies par les années et des fenêtres à ogive qui lui prêtaient une ambiance de cathédrale, elle avait de quoi en imposer à quiconque. Mais l’élément le plus impressionnant était la série de tableaux qui ornaient les quatre murs de la salle, suspendus à mi-hauteur, représen-tant tous les recteurs qui avaient eu l’honneur de diriger l’Université depuis sa fondation. La série était impressionnante, et n’était pas sans rappeler les bustes des papes qui observent les fidèles depuis les murs de la cathédrale de Sienne. Les plus anciens étaient reconnaissables non seulement au style du portrait, redevable de son époque, mais également à la couche plus ou moins épaisse d’impuretés que le temps avait lentement accumulées sur la toile, obscurcissant les pigments et donnant à une grande partie des ta-bleaux un aspect vénérable, et par moment inquiétant.

Orville n’avait cessé de gronder de toute la journée, et son front vaste mais offusqué par les pensées qui s’y agitaient évoquait un nuage d’orage, duquel n’allaient pas tarder de s’échapper des foudres d’une violence qui serait à craindre.

Die jungen verdrängen die alten, l’entendait-on menacer dans les coins, car il lui arrivait parfois de citer des auteurs classiques en des langues qui n’étaient pas mortes. Mais il ne faudrait pas croire que les vieux vont se laisser faire aussi facilement! Regardez-moi ce freluquet, avec son complet veston-cravate! Il se croit dans un conseil d’administration. Eh bien, on va lui montrer qu’il s’est trompé d’adresse…

Il était vrai que la pièce n’évoquait pas particulièrement le bureau d’une grande compagnie. On avait bien tenté de moderniser l’ameublement en installant des tables vaguement suédoises et des chaises en acier, inconfortables, pour remplacer les vieilles en bois. Surtout, on avait changé l’organisation de la salle pour que les gens ne s’y asseyent plus tournés vers l’extrémité, comme à l’église, mais soient assis en de longues rangées faisant face à un des côtés du bâtiment. Cela prêtait à l’assemblée une tonalité nettement plus démocratique, contredite toutefois par les expressions peu accommodantes des anciens recteurs qui observaient l’assistance depuis les quatre murs de la salle. Aimé, nourri d’allusions classiques, aurait voulu penser à eux comme aux Pénates du lieu, les esprits protecteurs, les Lares du foyer. Mais les Lares ne sont pas trop éloignés des larves, et les regards torves qui surplombaient l’assemblée avaient quelque chose de chtonien si seulement on oubliait un instant à qui ils étaient censés appartenir. Telles des divinités archaïques, ils surveillaient les spectateurs. « Als ungeheure Gespenster », songea Aimé en reve-nant instinctivement à l’auteur cité par Orville, avant que son attention ne fût détournée par ce qui se passait dans la salle.

Le nouveau recteur, présenté à tour de rôle par les nombreux vice-recteurs qui allaient l’entourer dans ses fonctions, le visage épanoui en un sourire commercial, s’était immédiatement lancé dans un laïus senti faisant l’éloge de la modernité et du changement. Des coups d’œil en coin circu-laient d’un bout à l’autre de l’assemblée, protégés par des paupières lourdes. Ce type de discours ne faisait pas illusion pour des spécialistes avérés de la communication, habitués depuis toujours à décrypter la novlangue admi-nistrative. Un frémissement circulait dans la salle entière. Des pieds se ba-lançaient rythmiquement au bout de corps rigides, des doigts tapotaient silencieusement sur les tables à l’abri des omniprésentes tasses de café. Une sorte de soupir de soulagement s’éleva de la pièce quand Orville Farrage, répondant en premier à l’invitation rituelle à offrir des commentaires, leva sa masse imposante de son siège au tout premier rang.

Tout le monde savait déjà ce qu’il allait dire. Ils l’auraient dit eux-mêmes s’ils avaient osé ou s’ils ne s’étaient pas sentis irrésistiblement ridicules à l’idée même de s’y essayer. Il ne les déçut pas. Venant s’installer au lutrin d’où le nouveau recteur avait pris la parole, Orville se lança avec passion dans un discours dont le but était de soutenir la mission authentique de l’université, telle qu’on la conçoit depuis les temps les plus re-culés, contre les transformations nuisibles imposées par les corporatistes vendus aux grands intérêts commerciaux, qui avaient détourné l’établissement au profit de leurs maîtres. Il fit appel à l’appui de la tradition, soulignant ce qui serait irrémédiablement perdu si on se détournait du bon chemin. Ses paroles sincères étaient près de faire vibrer les âmes blasées de ses auditeurs et faisaient abondamment onduler le microphone. En clôture d’une phrase particulièrement catégorique, un coup de poing bruyant vint s’abattre sur le pupitre.

Et alors le drame eut lieu.

Le tableau d’un des anciens recteurs, suspendu juste au-dessus de la tête de l’orateur, tressauta brusquement et se détacha du simple clou qui le fixait au mur depuis un temps immémorial. De sa position originale, il n’eut à accomplir qu’un quart de tour pour venir tomber en plein sur la tête d’Orville, qui ne s’y attendait guère. La toile en fut défoncée, le cadre et la tête bosselés, et le discours coupé court. Le nouveau recteur se précipita, aida avec empressement Orville à se débarrasser de son agresseur inanimé, pendant que trois ou quatre vice-recteurs le soutenaient de plusieurs côtés à la fois et le ramenaient vers le fond de la salle, en direction des toilettes et d’un peu d’eau fraîche pour soulager ses ecchymoses. Le recteur reprit la parole pour rassurer l’assemblée et réitérer une fois de plus sa disponibilité à la consultation en vue du bien commun. Dans l’agitation, la lampe qui avait illuminé les feuilles de son discours avait été dérangée. D’où Aimé était assis, il voyait l’ombre du buste du recteur, investi par la lumière, se projeter nettement sur le rectangle décoloré laissé au mur par le tableau tombé.

Depuis, tout s’est passé en gros comme on le prévoyait. Aimé pourra faire sa demande de titularisation l’année prochaine. Cela le soulage, car ni ici ni ailleurs, le gel des embauches ne finira au printemps.

Vittorio Frigerio est professeur de français et directeur du département d’études françaises à l’Université Dalhousie.

Rédigé par
Vittorio Frigerio
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  1. Christine Klein-Lataud / 5 juin 2013 à 20:07

    J’ai bien ri et la situation évoquée me rappelle étrangement celle de ma propre université.

    Mais j’aurais voulu que ce soit le recteur qui reçoive le portrait sur la tête.

    Christine KL

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