Cet article est un sommaire de l’article « The hard task of writing a university history ».
Dans un livre sur l’histoire de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) publié en 2009, on apprenait que, chaque année, une promotion plante un arbre dans un coin du campus. Eric Damer, coauteur du livre, écrit que ce geste constitue un témoignage de l’histoire riche et complexe de ce grand établissement, de ses gens, de ses traditions et de son héritage.
Le livre, UBC: The First 100 Years, adopte une démarche à mi-chemin entre deux types d’histoires universitaires : ambitieuse et savante, d’une part, et basée essentiellement sur l’autopromotion, d’autre part. Bien sûr, il s’agit d’un beau livre grand format illustré de nombreuses photos d’archive et d’encadrés sur les personnages importants de l’UBC. Cependant, cet ouvrage ne manque pas de traiter des préjugés véhiculés sur les étudiants chinois, japonais, est-indiens et autochtones pendant la première moitié du XXe siècle, de la réputation peu flatteuse de club social réservé aux fils de riches familles que l’établissement avait pendant la Crise, et des protestations des étudiants de premier cycle, trois décennies plus tard, au sujet de la corporatisation de l’Université.
M. Damer, qui s’est vu confier l’écriture de l’ouvrage par Herbert Rosengarten, ancien universitaire qui collaborait à l’époque avec le bureau du recteur, trouve heureux que l’histoire de l’Université n’avait pas été officiellement sanctionnée lorsqu’il a entrepris le projet. « Je n’ai jamais été surveillé par un comité, je me rapportais seulement à M. Rosengarten. Je savais toutefois ce qu’on attendait d’un livre comme celui-là. Si je m’étais limité à n’y relater que les scandales, il aurait pu être oublié à tout jamais quelque part sur un serveur. »
Contrairement à l’expérience de M. Damer, la plupart des histoires sont commandées par les administrations universitaires, habituellement pour célébrer un anniversaire ou un événement marquant. Traditionnellement, elles sont rédigées par des historiens à la carrière et à la réputation établies, ravis de raconter l’histoire de l’université où ils ont étudié. « Pour un universitaire, c’est une question de choix en fonction du temps à investir, explique Paul Axelrod, professeur à la faculté d’enseignement de l’Université York et autorité en matière d’histoire de l’enseignement supérieur. Travailler sur l’histoire d’une université n’est pas aussi rentable que de travailler sur ses propres projets universitaires. »
De plus, relater des faits historiques peut vite devenir un travail ingrat. Il faut toujours tenir compte des intérêts divergents, ceux de collègues qui contestent la démarche de l’auteur, et ceux de hauts dirigeants qui voient l’ouvrage comme un outil de collecte de fonds et refusent de voir les controverses. Selon M. Axelrod, la plupart des ouvrages ne sont pas commandés à des fins universitaires, mais les meilleurs sont ceux qui présentent une valeur historique rigoureuse.
Michiel Horn, professeur émérite à l’Université York, a écrit le livre sur l’histoire de son établissement intitulé York University: The Way Must Be Tried. Paru en 2008, cet ouvrage relate les triomphes comme les défis relevés par l’Université York, de la mise sur pied de programmes professionnels de classe mondiale aux premières années erratiques de l’implantation de son campus de banlieue, en passant par la révolution du corps professoral en 1972-1973, qui a entraîné la démission du recteur. « Le côté historique est intéressant, dit M. Horn, mais il fallait aussi divertir le lecteur. »
Une dynamique similaire s’est déclarée avec Histoire de l’Université de Moncton, publié en 2013 pour célébrer le 50e anniversaire de l’établissement. Maurice Basque et Marc Robichaud, respectivement conseiller scientifique et historien de l’Institut d’études acadiennes de l’Université, ont proposé à l’administration une histoire de grande envergure qui englobait le récit des collèges des XIXe et XXe siècles ayant été le fondement de l’enseignement supérieur dans la province avant la fondation de l’Université de Moncton.
« L’administration savait qu’elle pouvait utiliser un tel livre dans le cadre de ses stratégies promotionnelles pour les collectes de fonds et les dons », explique M. Basque. M. Robichaud ajoute : « Ce livre est beaucoup plus qu’un bel ouvrage rempli de messages positifs. Nous avons posé un œil critique sur les événements et avons inclus suffisamment d’histoires véridiques pour éveiller l’intérêt des universitaires des prochaines générations. »
David Turpin, prochain recteur de l’Université de l’Alberta et ancien recteur de l’Université de Victoria, a commandé l’histoire de l’Université de Victoria pour souligner le 50e anniversaire de l’établissement (Reaching Outward and Upward: The University of Victoria, 1963-2013). Rédigé par le regretté Ian MacPherson, universitaire éminent, il s’agit, comme tant d’autres, d’un ouvrage hybride. M. Turpin le décrit comme « un bon survol historique, mais plutôt sommaire. »
M. Turpin croit qu’un autre genre de récit historique serait bien plus valable. « Il y a tellement de facteurs en jeu aujourd’hui, tellement de défis auxquels font face les universités, dit-il, et je crois qu’il est important de comprendre d’où on vient pour savoir où l’on s’en va. C’est pourquoi je crois qu’il devrait exister un résumé historique exhaustif de toutes les universités canadiennes et du milieu en entier. Chaque histoire qui a déjà été écrite jouera un rôle capital dans ce projet, si quelqu’un l’entreprend un jour. »
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