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Maximiser l’utilisation des salles de classe

Augmenter le taux d’occupation des salles de classe constitue un moyen par lequel certaines universités composent avec la hausse des effectifs.

par DANIEL DROLET | 02 AVRIL 12

Faire bon usage des salles de classe pose souvent tout un défi pour l’administration universitaire. Le problème semble parfois si insoluble qu’il devient inutile d’essayer… mais comme vous le constaterez en lisant ces lignes, des progrès peuvent être accomplis.

Il y a 10 ans, l’Université Carleton avait un taux d’occupation de ses salles de classe de 46 pour cent, c’est-à-dire qu’elles étaient occupées moins de la moitié du temps pendant les heures d’ouverture de l’Université; un taux d’occupation de 70 pour cent est considéré comme une pratique exemplaire dans ce domaine. L’automne dernier, grâce à des efforts concertés comprenant l’utilisation d’un logiciel de gestion d’horaire, l’adoption d’une nouvelle politique et des interventions visant à assurer la collaboration des professeurs, le taux d’occupation à l’Université Carleton est grimpé à 91 pour cent.

Les salles de classe des universités sont rarement utilisées à leur plein potentiel; certains créneaux horaires sont plus populaires que d’autres, et la plupart des systèmes établissent les horaires en fonction des préférences des professeurs, ce qui n’est pas la meilleure manière de faire la gestion de l’espace. En plus, les classes vides coûtent cher. Pourtant c’est l’arrivée de la double cohorte d’étudiants en Ontario en 2003 qui a mis en lumière le problème d’horaire de l’Université Carleton.

Duncan Watt, vice-recteur aux finances et à l’administration, raconte que l’établissement a d’abord acheté un logiciel de gestion d’horaire au coût de 400 000 $, en plus des frais d’installation. Ensuite, la durée de toutes les leçons a été uniformisée à une heure. Finalement, afin de remplir les créneaux horaires les moins populaires, l’Université a établi une politique accordant priorité aux besoins des étudiants et non aux préférences des professeurs, et elle a mis sur pied un comité afin que les professeurs puissent exprimer leurs préoccupations et collaborer au processus.

Katherine Graham, professeure de politique publique à l’Université Carleton, coprésidait le comité directeur sur la coordination des horaires. Deux fois par mois, le comité se réunissait pour élaborer des politiques portant sur la durée de la journée d’enseignement, les charges de travail admissibles et la manière dont l’horaire pourrait accommoder les préférences en matière d’enseignement.

Un système tripartite a donc été établi pour prendre en compte les préférences des professeurs : la première partie accordait priorité aux éléments devant être accommodés comme les handicaps et les obligations familiales; la deuxième partie tenait compte des obligations en matière de recherche; la troisième et dernière partie reconnaissait les préférences personnelles des professeurs, qui seraient prises en considération seulement si c’était possible. L’existence même de ce comité et sa volonté de procéder à une vaste consultation au sein du corps professoral ont été gage de sa réussite, affirme Mme Graham.

De nombreux facteurs poussent aujourd’hui les universités canadiennes à vouloir modifier les horaires de cours : la croissance des effectifs; les budgets réduits devant être gérés avec efficacité; les méthodes pédagogiques actuelles nécessitant de nouveaux genres de classes; les nouvelles technologies.

Les normes changeantes en pédagogie poussent aussi les universités à revoir l’utilisation des salles de classe. Beaucoup d’universités ont maintenant besoin d’un plus grand nombre de petits espaces et de salles de classe équipées de technologie.

Comme le montre l’expérience de l’Université Carleton, ce sont les comportements établis qui sont les plus difficiles à changer. Dans presque tous les établissements, à moins que ne survienne un élément perturbateur, les horaires sont simplement repris d’une année à l’autre, explique David Graham, provost et vice-recteur à l’enseignement à l’Université Concordia, qui entreprend un processus semblable à celui de l’Université Carleton. Dans de nombreuses universités, chaque unité, département, école ou faculté fait son propre horaire, ce qui ne facilite pas les changements majeurs.

Bien qu’aucun logiciel ne puisse résoudre toutes les situations, la plupart des établissements reconnaissent le besoin de se doter d’un système de gestion d’horaire informatisé étant donné le grand nombre d’étudiants qui fréquentent aujourd’hui les universités.

Il faut aussi prendre en considération que certaines classes sont plus appropriées que d’autres, et que certaines ne répondent plus aux exigences d’aujourd’hui. En 1999, par exemple, l’Université Carleton ne disposait que de cinq salles de classe équipées d’appareils électroniques de pointe. Grâce à un programme concerté d’investissements, elle en a maintenant 106 à sa disposition. Bon nombre ont aussi été rénovées afin de les rendre plus accueillantes et accessibles.

La configuration et la maintenance sont particulièrement problématiques sur les vieux campus. En outre, accroître l’utilisation des classes comporte aussi des inconvénients; elles se détériorent rapidement. Dans plusieurs provinces, le financement accordé à l’entretien différé a diminué au cours des dernières années, rendant très difficile la réfection des classes.

Tout compte fait, il n’existe pas de solution universelle en ce qui concerne les horaires, car chaque université a une situation particulière qui se répercute sur ses besoins. Améliorer les horaires de cours prend du temps, de la persévérance et de la collaboration. Il ne faut pas s’attendre à ce que ce soit facile, nous disent ceux qui l’ont vécu, mais c’est possible d’y parvenir.

Rédigé par
Daniel Drolet
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