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Nouvelles perspectives sur le retard du Canada en matière d’innovation

Pourquoi un pays qui a la chance de posséder autant de ressources naturelles a-t-il autant de mal à innover et à accroître la productivité de sa main-d’œuvre?

par JOHN LORINC | 12 JAN 11

Cet automne, lorsque le gouvernement fédéral a constitué un groupe d’experts chargé d’examiner les sept milliards de dollars que consacre annuellement Ottawa à la recherche et développement (R-D) en entreprise, bon nombre d’observateurs s’attendaient à ce que soit relancé le vieux débat : Pourquoi un pays qui a la chance de posséder autant de ressources naturelles a-t-il autant de mal à innover et à accroître la productivité de sa main-d’œuvre? Affaires universitaires a voulu savoir, avant la parution du rapport d’experts, ce qu’en pensent certains des grands chercheurs en gestion.

Certains chercheurs affirment que les Canadiens n’aiment pas prendre de risques. William Polushin, de la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill, remarque que le Canada n’a pas vraiment réussi à instaurer un esprit d’innovation chez les diplômés en administration des affaires et les entrepreneurs. La plupart des étudiants aspirent à travailler au sein de grandes sociétés et la plupart d’entre elles ont quitté le Canada, dit-il.

Auparavant, le problème relevait peut-être d’une contradiction dans la politique fiscale du Canada : le gouvernement fédéral offrait de généreux crédits d’impôt pour la R-D effectuée par le secteur privé, mais exigeait simultanément un taux élevé d’impôt aux grandes sociétés. Nous avons réglé ce problème avec les récentes coupures d’impôt des sociétés, fait observer James Milway, directeur général de l’Institute for Competitiveness and Prosperity, et professeur de gestion à l’Université de Toronto.

Selon M. Polushin, la question fondamentale est la suivante : Est-ce que les Canadiens se voient comme des créateurs de richesse? Dans l’affirmative, la compétition peut être un puissant incitatif. Au lieu de tenter d’imiter les États-Unis, le Canada devrait s’inspirer de petits pays comme la Finlande, poursuit-il. Après la chute du communisme en Union soviétique, la Finlande a dû composer avec la perte d’un important partenaire économique. Le pays a alors examiné les liens qui existaient entre le gouvernement, l’industrie et le milieu universitaire, et a réussi à élaborer une stratégie d’innovation qui réunissait les trois piliers. Le système fédératif du Canada, où se recoupent les responsabilités en matière de développement économique et d’enseignement supérieur, ne contribue toutefois pas à la création d’une vision commune, explique-t-il.

Lorsque Patrick Draper envisage une culture d’innovation, il songe aux petites et moyennes entreprises (PME) et à la manière dont elles mènent leurs activités fondamentales. Toute entreprise viable dispose aujourd’hui d’un département de technologies de l’information (TI), explique M. Draper, qui est président de la Toronto Region Research Alliance, un regroupement d’entreprises publiques et privées. Pourtant, malgré l’omni-présence des systèmes de TI au sein des PME, la R-D demeure un élément optionnel pour beaucoup d’entre elles; ce qui contraste avec des entreprises axées sur la recherche comme Google et le géant néerlandais Royal Philips Electronics, où la culture d’innovation est « ancrée dans les mœurs ».

Stewart Thornhill, directeur général du Pierre L. Morrissette Institute for Entrepreneurship de la Richard Ivey School of Business de l’Université Western Ontario, se demande si les mesures incitatives du gouvernement ont été attribuées adéquatement. Le Canada n’est pas à court d’activités de recherche, dit-il, mais le gouvernement fédéral n’a peut-être pas prêté suffisamment attention à l’application, soit à l’étape moins risquée de la commercialisation des inventions.

Bien qu’il y ait suffisamment de capital privé au Canada pour les grands projets, il n’y en a pas assez pour financer les petits. M. Milway, de l’Université de Toronto, est intrigué par une nouvelle méthode utilisée en développement, le lean start-up (démarrage à peu de frais), qui a émergé il y a deux ans de l’Université Stanford en Californie. Les entrepreneurs qui utilisent cette méthode se servent d’un logiciel en libre accès, de techniques de développement agiles conçues pour minimiser les coûts et d’une itération extrêmement rapide des prototypes de produits ou de services selon les réactions des consommateurs. Lorsqu’il s’agit de parvenir à des produits commercialement viables dans le cadre des activités de recherche, cette méthode compte davantage sur la rapidité du tâtonnement pour les essais bêta que sur le capital de risque.

Au cours de la dernière décennie, Ottawa a accru à la fois le financement et le nombre de programmes conçus pour appuyer la collaboration entre les chercheurs universitaires et les entreprises, et afin de commercialiser les inventions. L’examen fédéral des dépenses en R-D a pour objectif d’évaluer et d’améliorer bon nombre des programmes – estimés par certains à plus de 200 – conçus à cet effet.

Rédigé par
John Lorinc
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